1x01 - Capitaine Nemo (7/17) - Drôle de duo

Adossé juste à côté de la porte d'une autre salle de cours, dans le même établissement, indifférent au flux indiscontinu d'élèves passant devant ses yeux pâles bien que d'une teinte tirant sur le marron-vert, un jeune homme blond semble attendre quelque chose. Mains dans les poches de ses jeans, un T-shirt imprimé du motif de la pochette du black album de Metallica visible sous sa veste à capuche grise, il passe le temps en venant faire taper son talon gauche sur la plinthe du mur, selon un rythme que lui seul entend. Ses Converses rouges couvertes de neige désormais fondue laissent des traces, mais malgré les regards plissés que lui accordent plusieurs adultes, personne ne semble avoir le courage de lui en faire la réflexion. Les regards sont irrépressiblement attirés par l'armoire à glace en costume qui se tient bien droit au coin du couloir, à quelques mètres de là, les poignets croisés et le visage fermé, comme s'il avait quelque chose à voir avec le jeune rebelle.

Caesar fait bientôt son apparition à l'autre bout du corridor, et se fraye tant bien que mal un chemin parmi les autres élèves, manquant visiblement de l'aisance de sa petite sœur pour se déplacer dans une foule mouvante, même aussi peu compacte.

Dès qu'il l'aperçoit, le garçon blond se redresse et affiche un sourire en coin, non sans attirer les regards d'un groupe de filles passant par-là par hasard. Si l'intéressé n'y prête pas la moindre attention, la réaction n'échappe pas à Caesar, qui secoue la tête alors qu'il arrive enfin à sa hauteur :

— Fidèle à toi-même, dis-moi, commente-il en déposant à son tour son sac à ses pieds.

— Loin de moi l'idée de te voler la vedette, Birthday Boy, lui rétorque l'autre, son sourire s'élargissant encore, fier de lui malgré ses propos.

Caesar retient un soupir.

— Est-ce que je t'ai seulement déjà dit que mon anniversaire était le 5 Janvier ?

Malgré la petite vingtaine de centimètres qui les séparent, à son avantage, le grand brun a quand même toujours l'impression d'avoir le dessous, avec lui.

— Il ne me semble pas, confirme l'interrogé en secouant la tête, sans complexe, mais sans non plus révéler ses sources.

— Pour info, je me demande toujours pourquoi tu traînes avec moi.

Il est évident, en regardant les deux adolescents, qu'on ne se dit pas que leur association est l'une des plus naturelles qui soient. L'un des deux apparaît comme timide, réservé, maladroit, alors que l'autre attire l'attention même lorsqu'il est immobile, et émane une immanquable aura de mauvais garçon.

— Il faut bien que quelqu'un le fasse, justifie faussement le blondinet, avec un sourire à la fois sarcastique et charmant.

— Je n'ai rien demandé ! rétorque Caesar, pas d'assez bon poil pour apprécier l'humour de son ami aujourd'hui.

— Ça ne t'a jamais traversé l'esprit que personne d'autre ne voulait traîner avec MOI ? propose alors l'autre, persévérant.

— Pas une seconde, Jack, répond le grand brun sans la moindre hésitation.

De son pouce par-dessus son épaule, il désigne un nouveau groupe de filles qui gloussent en passant à leur hauteur. Elles croient certainement les regards qu'elles leurs lancent discrets, mais leur attitude ne fait que supporter la déclaration de l'adolescent.

Le dénommé Jack grimace ; il est plein de ressources, mais il n'est pas capable de contredire une telle évidence. Néanmoins joueur, il ne peut pas s'empêcher d'accorder un clin d'œil à ses groupies par-dessus l'épaule de son ami, avant de se pencher pour attraper la lanière de son sac, à ses pieds.

Caesar lève les yeux au ciel puis secoue de nouveau la tête, atterré, entendant sans même se retourner la réaction hystérique des adolescentes. Un semblant de sourire pointe cependant au coin de sa bouche, et c'est une réaction suffisante pour que Jack affiche une expression satisfaite. Ils n'ont ensuite pas longtemps à attendre avant qu'une sonnerie ne retentisse, signalant le début des cours et par conséquent l'interruption des discussions.

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