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Affichage des articles du février, 2014

Point de vue

Un homme d'une cinquantaine d'années, avec une petite moustache noire, portant un costume trois pièces anthracite, est occupé à lire le journal, assis dans un fauteuil doublé de velours vert, jambes croisées. A l'une des nombreuses fenêtres du salon, une jeune femme, dans une longue robe bleu nuit, a la tête baissée et les yeux fermés. - Je ne comprends vraiment pas quel est le problème, observe l'homme sans sourciller, poursuivant une conversation déjà commencée. - Nous étions supposés nous marier dans deux jours, Père, grince la demoiselle. - Tu n'as jamais vu son visage ! il s'exclame, levant brièvement les yeux au ciel. - Tu n'avais jamais vu Mère, avant vos épousailles, proteste sa fille. - Les temps étaient différents. Aujourd'hui, les gens veulent se voir avant de s'épouser, il rétorque en haussant les épaules. - Pourquoi, si Mère et toi n'avez pas eu à vous voir pour vous promettre l'un à l'autre, devrais-je pour ma part res

Troglodytes

J'ai entendu les histoires. à propos de mondes où la lumière est synonyme de sûreté, et la pénombre n'inspire au contraire qu'inquiétude. Des mondes où seulement ce qu'il y a de plus vicieux s'épanouit dans les ténèbres. Vampires, violeurs, démons, assassins, spectres, kidnappeurs, garous. Autant de monstres que le jour neutralise, ou bien auxquels le couvert de la nuit confère leur petit pouvoir. Je vis dans un monde différent de ceux-là. Ici, la lumière, solaire ou non d'ailleurs, implique généralement la mort. Voire pire. Autre part, notre espèce a su dominer toutes les autres, les soumettre, les pousser à l'extinction, les phagocyter, ou les tenir à distance ; ici, nous sommes faibles, le dernier maillon de la chaîne alimentaire, la lie des êtres vivants, moins que rien. Nous ne prospérons qu'en nous terrant dans des souterrains si abyssaux qu'aucune autre créature n'ose jamais y pénétrer. Je me souviens de la première fois que j'ai vu