Ils viennent avec la pluie
Voilà un peu plus d'une semaine que l' Irida , fier porte-conteneurs d'à peine deux centaines de mètres, pas très grand selon les standards de la flotte mondiale, a quitté les côtes de la Grèce à destination de celles de la Chine. Quelque part entre la pointe du Yémen et celle de l'Inde, le navire vogue tant bien que mal dans la nuit, sa vitesse de croisière d'une petite vingtaine de nœuds difficile à maintenir sur les flots récalcitrants. La quinzaine d'hommes de l'équipage, familiers du trajet comme des facéties de mère nature, vaquent pourtant à leurs activités nocturnes avec l'insouciance conférée par l'habitude. Comme chaque soir depuis le début de la tempête, c'est Joris, le plus jeune matelot à bord, qui parcourt le pont principal, armé d'une lampe torche. Vêtu d'un ensemble ciré, un gros bonnet enfoncé sur son épaisse chevelure bouclée, il zigzague entre les conteneurs, s'assurant qu'aucun n'est endommagé, qu'aucu