1x01 - Capitaine Nemo (2/17) - Oncle Sam

Appuyé sur le capot d'une Ford vert forêt, mains dans les poches de sa veste de cuir, un homme attend, patiemment.

D'environ 35 ans, bien bâti, pas rasé depuis quelques jours, portant ses cheveux sombres court, et des jeans assurément pas délavés d'origine, il regarde ce qui l'entoure avec un manque d'intérêt certain dans ses yeux bleus ; la neige recouvre tout, rendant le paysage uniforme et d'un ennui particulier, surtout dans la relative pénombre ambiante.

Un nuage de condensation se forme devant la bouche de l'homme à chacune de ses expirations, mais il semble moins gêné par le froid que par une douleur à l'épaule. Régulièrement, il fait jouer celle-ci, avec une grimace d'inconfort et parfois un soupir d'irritation.

La présence de Sing Sing à ses pieds, levant les yeux vers lui avec une admiration qu'on ne trouve que chez les compagnons à quatre pattes, ne laisse pas de doute quant à son identité. Sam accorde de temps en temps un regard à l'animal qui, alors comme embarrassé, détourne la tête, arrachant un sourire à son maître.

Au moment où l'oncle jette un coup d'œil à sa montre, la porte de la maison devant laquelle il est garé s'ouvre, laissant sortir les deux adolescents de la famille, Mae et Caesar. La sœur, intarissable sur on ne sait quel sujet, a attaché ses cheveux en une queue de cheval basse. Elle porte une longue et fine écharpe beige par-dessus une petite veste de cuir, et des jeans gris clair qui recouvrent ses grandes bottes marron. Son frère, arborant une veste sombre par-dessus un gilet à capuche rouge, et un pantalon kaki à nombreuses poches tombant presque trop bas sur ses converses de cuir, l'écoute, stoïque, se contentant de hocher la tête lorsque c'est ce qui est attendu de lui. Leurs sacs à l'épaule, ils dévalent les marches de leur perron et rejoignent le frère de leur père sur le trottoir.

- Oncle Sam ! s'écrie la benjamine en apercevant son oncle, enchantée.

L'ironie de l'appellation a initialement failli agacer l'intéressé au plus haut point, mais il a fini par s'y faire, aussi bien au nom de sa sacrosainte relation avec la progéniture de son aîné que parce qu'elle est malgré lui tout à fait légitime. Il plaque néanmoins ses paumes sur ses oreilles, faisant mine d'être assourdi par le volume sonore de sa nièce. La petite blonde fait rouler ses yeux mais se jette tout de même dans les bras de son oncle avec enthousiasme, ravie de le retrouver après plusieurs semaines d'absence.

Il se redresse enfin, sans briser l'étreinte, content de la revoir lui aussi. Caesar reste en retrait et lui accorde un simple signe de main, plus discret et surtout plus masculin, qui lui est rendu par-dessus l'épaule de la petite blonde.

- Alors, la Californie ? interroge le lycéen, un sourire en coin sur le visage.

- Pas ma juridiction, se contente de lui répondre Sam en tapotant son côté gauche, signifiant clairement que son arme de service, qui repose sagement dans son holster à cet endroit, lui a manqué.

- Er… Et le soleil, alors ? Et la plage ? s'offusque l'adolescente, qui s'est détachée de son oncle.

- Mae, j'étais là-bas avec la DEA[1].

- Pas une excuse, elle rétorque en faisant la moue.

Caesar ricane à la réplique de sa sœur et secoue la tête. L'inspecteur de police imite son neveu puis se retourne pour ouvrir la voiture à ses passagers du jour.

Sing Sing, toujours assis par terre, laisse la priorité aux enfants ; il a très bien conscience que c'est lui qui a le privilège de la place avant. Il récolte d'ailleurs un étrange regard de la part du jeune homme à propos de ça, mais se contente de pencher sa tête sur le côté, l'air innocent.

L'adulte du groupe referme la portière derrière les plus jeunes, puis ouvre sa propre porte. Par automatisme, il laisse passer sa bête en premier, dans un bon gracile pour un animal aussi massif, puis va seulement ensuite se placer au volant. Il ne peut pas retenir une grimace de douleur, sûrement liée à son épaule, mais personne ne la relève et ils sont partis.

[1] DEA : Drug Enforcement Administration

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Commentaires

  1. Hey !

    On continue donc ici les présentations de la famille Quanto avec l’oncle Sam dont on a déjà entendu parler dans la scène précédente.

    Je ne sais plus si c’était mentionné auparavant mais on apprend ici qu’il est flic et visiblement il a été blessé alors qu’il était sur une enquête en Californie. Il me semble qu’on en sait un peu plus dans la suite sur ce qui s’est passé et je crois me souvenir de certains éléments mais je ne vais rien dire pour ne pas spoiler si jamais quelqu’un venait à lire mon commentaire. :)

    Jusque-là, je préfère le côté plus réservé de Caesar par rapport à Maena qui a l’air d’être une sacrée pile électrique et plus exubérante.
    Caesar était d’ailleurs mon personnage préféré lors de mes précédentes lectures. A voir si cela se confirme toujours…

    Mdr Sing Sing qui prend la place du passager avant, tant pis pour ses cousins, j’adore.

    Dans la continuité de la scène précédente avec les mêmes qualités que j’avais pu relever. :)

    À sûrement dans quelques heures pour la suite !

    Mr Ious

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    1. Rebonjour Ious !


      Les informations supplémentaires sur Sam sont en effet nouvelles. Il y avait les prénoms et toute la structure familiale à retenir dans la scène précédente, donc j'ai saupoudré le reste par la suite. Les premières scènes sont principalement de l'exposition assez basique, mais qui m'a bien plu à écrire et que je trouve efficace. C'est vraiment cool si ça fonctionne aussi à le lecture !

      Les caractères de Mae et Caesar sont très différents, c'est vrai, un peu comme ceux de Sam et Alek peuvent l'être. Et je suppose que Markus se situe quelque part entre son frère et sa sœur. On pourrait croire que c'est cliché, cette famille où personne n'a vraiment le même tempérament, mais j'ai au contraire trouvé ça réaliste lorsque ça m'est venu. Et j'ai d'ailleurs, à partir de cette diversité, d'autant plus apprécié leur découvrir au fil de l'histoire des points communs enfouis, des connexions qui ne sont pas évidentes mais plus profondes, réellement familiales, du passif commun qui ne s'acquiert qu'à travers ce lien.

      Quant à Sing Sing, il est partie intégrante de cette famille, et n'est donc jamais déconsidéré par aucun d'entre eux. Sans rancune pour sa place d'honneur. xD S'il reste souvent une extension de son maître-chien tout de même, il a son petit caractère lui aussi. Et puis... C'est un chien. Il est intrinsèquement génial à mes yeux. Je ne sais pas pourquoi je n'avais pas plus d'animaux dans DILIC, pour être honnête. =D


      @+
      Zlaw

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