2x07 - Atlas (20/20) - Faux contact

Après avoir zigzagué pendant une demi-journée à travers les rues de Chicago – pour le plus grand plaisir de l'un de ses traqueurs, au plus grand dam d'un autre, et à l'indifférence la plus totale du troisième – Maena arrive enfin dans sa rue. Bien qu'ils y aient été préparés en commençant leur périple depuis Washington, et que ses détours les aient fait considérer l'option à plusieurs reprises, le trio n'a à aucun moment eu à guider l'adolescente. Il semblerait qu'elle ait su, tout le long du trajet et malgré son état second – ou peut-être grâce à celui-ci, d'ailleurs – que c'était là qu'elle se rendait. Et encore plus étrangement, alors qu'ils ont eu quelques fois à tenir les regards indiscrets de gardes forestiers et de randonneurs à l'écart pendant qu'ils traversaient la campagne sauvage, son escorte n'a pratiquement pas été sollicitée en milieu urbain. Elle a comme instinctivement esquivé toutes les caméras pourtant nombreuses, et pour tous leurs talents ils auraient bien du mal à déterminer si elle a fait pareil avec les passants, ou bien ce sont curieusement eux qui ont systématiquement changé de route au moment opportun.

Alors qu'elle s'approche enfin du but, Maena ralentit. Pieds nus sur le bitume de la route, toujours vêtue de la tenue monochrome qui lui a été passée à son arrivée à DeinoGene, elle semble enfin se rendre compte de sa fatigue, et du froid et de l'inconfort de sa situation, pour la première fois depuis qu'elle a quitté l'endroit de sa captivité. Refermant ses bras autour d'elle, et grimaçant un peu plus à chaque pas, elle n'interrompt cependant pas son avancée. Elle rejoint le perron sans aucune hésitation dans sa trajectoire. Comme à bout de force et dans un ultime effort, elle vient plaquer sa paume sur la sonnette, non sans un sourire satisfait et soulagé en l'entendant retentir à l'intérieur ; c'est le premier son qui lui paraît familier depuis ce qui semble une éternité.

— Papa… elle prononce simplement lorsqu'Alek apparaît derrière la porte en l'ouvrant.

Les yeux de l'ingénieur s'écarquillent et sa mâchoire se décroche alors qu'il reconnaît sa fille. Il n'a cependant pas le temps de dire quoi que ce soit ni d'esquisser le moindre geste qu'elle s'effondre sous son propre poids, ses yeux se révulsant dans leur orbite indiquant qu'elle perd connaissance. Il n'a pas le temps non plus de l'intercepter dans sa chute, toujours figé la main sur le battant, car Strauss le devance. Il est apparu en un éclair sous le porche. Genou à terre, le mathématicien réceptionne l'adolescente en passant un bras dans son dos avant qu'elle ne se heurte au plancher. Elle tombe dans ses bras aussi mollement qu'une poupée de chiffon, comme si toute son énergie avait été épuisée durant son long voyage, ce qui en plus de ne pas être surprenant est même plutôt impressionnant.

— Ne la touchez pas ! le grand brun venu d'ailleurs prévient ensuite le barbu.

Il relève ses yeux presque noirs dans le marron des siens, et tend sa paume libre vers lui en signe de défense d'approcher. Cette mise en garde fait brutalement recouvrer ses esprit à Alek, qui proteste :

— C'est ma fille !

— Et si vous posez la main sur elle, vous allez y laisser votre peau. Littéralement, intervient alors la voix de Kayle depuis l'allée.

Le blondinet de l'Espace rejoint son collègue d'un pas mesuré, mains dans les poches, désagréablement désinvolte malgré la tension de la scène. Chad est derrière lui, taciturne, occupé à scanner les alentours du regard afin de s'assurer que personne n'est en train de les observer.

Pour illustrer ses propos et ceux de son congénère, Strauss écarte les doigts de sa main droite du bras nu de Maena, et un suintement jaunâtre révèle qu'ils sont en train d'être attaqués par une substance corrosive. Alors que le patriarche retient soudain son souffle, choqué, l'alien récupère le bras qu'il avait tendu vers lui pour le passer sous les genoux de la blondinette, puis se redresse, la soulevant avec lui comme si elle ne pesait rien du tout.

En silence, Chad accorde une pichenette à l'arrière de la tête de son collègue blond, pour le punir de son manque de tact à sa façon d'annoncer la condition de la jeune fille à son père. Il incite ensuite tout le monde du geste à se rendre à l'intérieur, avant qu'un voisin ou un passant ne remarque qu'il est en train de se passer quelque chose d'anormal devant cette maison. Toujours interloqué, Aleksander referme sa bouche puis la porte derrière eux tous. Une chose à la fois. Mae est à la maison, et c'est tout ce qui compte pour le moment.

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