2x07 - Atlas (11/20) - Conseil d'orientation
Tout est flou. Un grand flou artistique qui s'étend depuis une éternité. Il fait chaud et froid, humide et sec, jour et nuit, tout en même temps. Les couleurs se ressemblent toutes et sont trop nombreuses à la fois. Et le vacarme ! Tellement de bruits. Des piaillements, des bruissements, des battements, des frottements, des voix, des grincements, des crissements, des bourdonnements, partout, tout le temps, sans interruption. Ni haut, ni bas, ni gauche, ni droite, devant, derrière, tout est pareil. Un grand flou qui s'étend à l'infini.
Il y avait quelque chose de rassurant dans l'univers, au début. Une entité sécurisante à ses côtés, un semblant de point de repère. Des yeux d'un bleu céleste sous une mèche de jais, accompagnés d'une voix basse, familière sans être vraiment connue. Mais plus maintenant. Il est parti. Il avait peur, lui aussi, alors il lui a demandé de le laisser s'en aller. Et elle n'a pas su le retenir.
Depuis, elle continue sa route, seule, dans une direction qu'elle ne peut pas estimer mais sait pourtant être la bonne. Elle ne sait pas où elle va mais elle sait qu'elle doit y aller. Elle ne sait pas comment elle saura qu'elle est arrivée, non plus, mais il n'y a pas de raison que ça ne lui vienne pas naturellement, comme le reste.
Le paysage a changé, peut-être. Certaines teintes font place à d'autres. Peut-être. Elle n'est pas sûre. Les odeurs lui semblent différentes, aussi. Mais non moins nombreuses.
— Hey hey hey ! Pas par-là ! Ne va pas par-là !
Des mains sur ses épaules, comme un étau. Un élan de panique, elle se crispe, avant de croiser un nouveau regard clair. Et alors, comme par enchantement, elle est en sécurité à nouveau.
— Bonjour, toi. Merci de m'avoir écouté. Je ne voulais pas te brusquer, s'excuse l'inconnu.
Même au milieu du flou ambiant, elle discerne qu'il a une expression rassurante. Aussi rassurante que sa simple présence. Elle le fixe d'un regard trouble, penchant sa tête blonde d'un côté puis de l'autre, sans qu'on puisse savoir si elle cherche à l'hypnotiser ou bien l'est elle-même.
— Pas bavarde. D'accord. Je peux comprendre ça. Bonjour, jeune fille. Moi, c'est Maximilian, et je suis là pour t'aider, il se présente gentiment.
Voyant qu'elle l'écoute attentivement maintenant, il a lâché prise sur elle. Il est sincèrement content de s'être trouvé aux abords de la ville lorsqu'elle les a atteints. Il ne sait pas ce qu'il se serait passé si elle n'était pas tombée sur lui en arrivant à ce stade. Mais quand ne s'est-il pas trouvé au bon endroit au bon moment, après tout ? Depuis cette ruelle, il ne devrait pas avoir trop de mal à l'aiguiller vers le bon chemin à suivre pour ne pas se faire remarquer d'ici à sa destination. Surtout qu'elle a déjà fort bonne escorte à ses trousses.
— Je sais que tu es un peu perdue, pour le moment, mais tu connais tes amis, au fond. Ça va te revenir, ne t'inquiète pas. Juste… Ne va pas par-là, d'accord ? Tu entends ce petit vrombissement ? Je sais que tu l'entends. Évite-le. Entre ça et les gens, ça va te faire faire un petit détour, mais crois-moi, ce sera pour le mieux, il la conseille calmement.
Il lui parle comme s'il la connaissait, comme s'il connaissait sa situation, et surtout comme s'il savait quoi faire pour y remédier.
Ce qu'il dit n'a pas vraiment de sens. Et sa voix devrait lui être inconfortable, comme toutes ces voix inconnues qu'elle a entendues jusqu'ici. Et pourtant, elle a compris. Le sourire de l'homme s'élargit à cette idée. Puis, il lève les yeux au-dessus de l'épaule de la jeune fille, avant de s'enfuir, aussi furtivement qu'il est apparu, justement dans la direction qu'il vient de lui déconseiller de prendre. Suivant son regard, elle jette à son tour un œil derrière elle, pour voir ce qui a pu lui faire peur, mais le couloir de béton est désespérément vide. L'inconnu déjà oublié mais pas sa mise en garde, elle revient donc sur ses pas, sans douter une seconde qu'elle arrivera à trouver son chemin malgré ces nouvelles consignes.
Un pâté de maisons à côté, Kayle freine brusquement afin d'éviter de percuter Chad qui vient de faire de même en tête de file. Strauss, en revanche, heurte le serial killer devant lui de plein fouet. Si l'encapuchonné est le premier à s'en être rendu compte, les trois extraterrestres sont tous laissés très perplexes par le brusque demi-tour de Maena. Durant tout son périple, elle n'a jamais fait marche-arrière. Jusqu'à maintenant. Elle a pourtant rencontré des obstacles qu'elle aurait gagné à contourner. Qu'est-ce qui aurait pu l'effrayer à ce point ici ? Surtout dans son état de presque inconscience du danger. Alors que Strauss s'inquiète qu'elle ne soit plus sur la piste la plus directe vers chez elle, Chad échange un regard entendu avec son ancien collègue, pour la première fois depuis son réveil. Ni l'un ni l'autre n'a manqué ce qu'elle a évité en n'allant pas jusqu'au bout de la ruelle dans laquelle elle s'était engagée avant de rebrousser chemin. Reste maintenant à voir si c'était un coup de chance ou une réelle réaction à son environnement. Quoi qu'il en soit, si elle pouvait continuer sur cette lancée, ce serait préférable pour tout le monde.
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