2x06 - Coup de poing (9/19) - Impasse

Alors que Brennen s'engage dans la file du réfectoire, en même temps que les autres élèves de sa classe qui restent sur place à la pause déjeuner et n'ont pas amené leur repas avec eux, quelqu'un joue des coudes et un petit peu de la voix pour venir se faufiler à sa suite. Le petit groupe de filles juste derrière le journaliste en herbe ne se formalise cependant pas de se faire doubler de la sorte, en partie parce que la queue avance bien de toute manière, mais aussi et surtout parce que l'intrus leur accorde son sourire le plus charmeur en guise d'excuse. Aussi mauvaise sa réputation puisse-t-elle être, curieusement, ce tour ne semble jamais perdre de son efficacité.

— Pas si vite, Papillon, Jack glisse au reporter en guise de salutations.

— Jack. Bonjour.

Pour sa part, l'interpelé reste sobre. Il se prépare mentalement à l'une de ces conversations épuisantes dont le petit génie a le secret de lui imposer. Comment Caesar l'a toléré aussi longtemps est un mystère pour lui. Il espère vaguement que c'est justement l'absence de son ami qui le rend aussi usant.

— Tu as dit que tu avais des compétences, non ?

Le délinquant ne perd pas de temps, et entre de suite dans le vif du sujet, alors qu'ils se saisissent chacun d'un plateau. Il estime que ça fait suffisamment de fois qu'il vient vers Brennen pour des infos pour pouvoir se permettre de se passer de toute étape de cérémonie, à son sens superflue.

— Est-ce que tu t'es déjà mal remémoré quoi que ce soit ? raille Bren.

Il est bien incapable de se souvenir en détails de leur dernière conversation, mais il sait pertinemment que l'autre ne peut pas se tromper. Ce n'est pas comme si personne n'avait jamais essayé de le prendre en défaut sur ce point, pourtant. Lors de son arrivée à Walter Payton en Septembre dernier, plusieurs professeurs s'en sont donnés à cœur joie, certains par fascination et d'autres dans un vain effort d'asseoir leur autorité sur le jeune rebelle. Nul besoin de préciser qui est ressorti bredouille de cette expérience.

— Est-ce que tu t'y connais en filature ? enchaîne Jack, sans se formaliser du sarcasme.

— Er… Pourquoi ? ne peut s'empêcher de s'étonner Brennen de cette question incongrue.

Il est à peu près sûr de ne jamais avoir prétendu y connaître quoi que ce soit dans ce domaine. Mais il ne mettrait pas non plus sa main à couper qu'il n'a pas dit quelque chose qui aurait pu être mal interprété dans ce sens. Il se souvient de s'être senti un peu vexé d'être utilisé sans être réellement mis dans la boucle, mais c'est tout.

— Ton truc, c'est le journalisme ; ça pourrait être dans tes cordes, le petit blond justifie la légitimité de sa question.

Ce que Bren a dit, c'est qu'il était bon en recherches. Ça reste voisin, comme champ de compétences. Et puis, sur ses quatre frangins militaires, il doit bien y en avoir un qui lui a filé quelques tuyaux, non ?

— Oui et non. C'est pas comme si j'avais été formé. Mais ma question, c'était plutôt pourquoi est-ce que tu me demandes ça, le reporter répond finalement, tout en précisant son propos précédent.

— À ton avis ? lui retourne le blondinet.

Il voudrait lui faire savoir à quel point il est désagréable de se voir répondre à une question par une question, comme il l'a fait un peu plus tôt. Il est pourtant lui-même assez friand de ce type de répartie, mais ce ne serait pas là son premier paradoxe.

— Je me doute que ça a à voir avec ta petite enquête, mais qui est-ce que tu as l'intention de suivre ? s'agace légèrement Brennen, bien que sans lâcher le fil de la conversation.

Plus il fréquente le fils d'ambassadeurs, plus il s'habitue à l'absence totale de manières dont il peut parfois faire preuve. Et il ne sait pas si c'est une bonne chose. D'un côté, on ne devrait pas pouvoir s'habituer à tout, il devrait y avoir des choses pour lesquelles on reste toujours ferme. D'un autre côté, il y a aussi des batailles perdues d'avance, qui ne valent pas le coup d'être combattues. Est-ce qu'inculquer la bienséance à Jack Nimbleton en est une, cependant ?

— L'intention ? Ha ! J'ai déjà essayé. Et échoué misérablement. Ces types sont bons, rage Jack.

Il est partagé entre la frustration de ne pas arriver à ses fins et l'appréciation d'être face à un défi, pour une fois. Bon acteur, il met ensuite instantanément de côté son expression tendue pour la remplacer par un grand sourire, à l'intention de la personne préposée à la nourriture chaude, de l'autre côté du comptoir le long duquel il circule. Bren l'imite, quoique la transition soit moins fluide sur son visage.

— Quels types ? il relève une fois qu'ils se sont éloignés, perdu.

— Les types qu'Ellen a vus traîner près de chez les Quanto. Suis, un peu ! l'admoneste le petite génie.

Il attrape une poire dans le panier de fruits devant eux et la dépose sur son plateau. Son collègue ne voit pas très bien comment il aurait pu deviner que c'était de ces gens dont il était question, mais il choisit de ne pas relever.

— Tu te rends compte de combien de personnes elle pense avoir vu rôder près de chez eux ? il proteste à la place.

Il n'a pas réussi à garder cette liste en tête tant elle est longue. Il n'est même pas certain qu'Ellen l'ait en tête. À chaque fois qu'elle rend visite aux Quanto, la jeune fille dit avoir vu une nouvelle personne supposément s'éterniser autour de la propriété. Un coup une jeune femme noire, un autre un couple de grands blonds. La semaine passée elle a même juré qu'elle avait entrevu le colocataire de son ancien remplaçant de Maths. À un certain point, même lui, avec sa capacité d'écoute pourtant élevée, a du mal à rester attentif à tout ce qu'elle lui dit. Il est indulgent, car il sait ce que ça représente pour elle, mais il ne peut pas possiblement accorder du crédit à chacun de ses témoignages. Est-ce que Jack le fait vraiment, lui ?

— Et elle n'avait pas tort pour toutes. En tous cas, je ne pense pas, le petit tatoué prend en effet incongrûment la défense de la marginale.

Il ne lui épargne pourtant usuellement pas plus la critique qu'au reste des mortels. Ce n'est donc pas par compassion qu'il offre le bénéfice du doute à ce qu'elle dit avoir remarqué.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Tu as établi une surveillance de la maison en bonne et due forme ?

Bren pouffe, avant de perdre son sourire en percutant qu'il n'est sans doute pas très loin de la vérité. Il dévisage son interlocuteur d'un air inquiet. Il n'a quand même pas fait une chose pareille ?

— Non. Ça aurait été trop voyant. J'ai suivi Jena, le reprend Jack.

À la façon dont il secoue la tête et les épaules, il est assez clair qu'il n'a aucun complexe. Une fois de plus, son interlocuteur s'abstient de souligner l'absurdité de sa rhétorique. Qu'il ne voie pas d'objection au simple fait d'envisager d'espionner qui que ce soit est une problème bien trop fondamental pour imaginer pouvoir le corriger maintenant.

— Jena… La copine du frère de Mae ?

Mettant de côté ses principes, Brennen essaye de ne pas perdre le fil de la discussion, mais il est moins familier du cercle des proches des Quanto. Il a les yeux plissés de concentration alors qu'ils quittent enfin la file de restauration et s'avancent dans le réfectoire. Leur recherche de places libres se fait distraite, pour le moment.

Jena était là, le jour de l'enlèvement. Il se souvient d'elle. Mae lui disait justement qu'elle allait la retrouver, lorsque tout est arrivé. La jeune femme brune les avait rejoints une seconde trop tard pour tenter de faire quoi que ce soit pour empêcher le drame, même si selon l'adolescent elle n'aurait pas été capable de plus que lui, voire pire, il lui serait arrivé malheur à elle aussi. Elle l'avait aidé à se relever, et ils avaient contacté les secours ensemble, mais ils avaient rapidement été séparés, en partie parce qu'il avait besoin des premiers soins et pas elle, mais aussi tout simplement pour chacun donner leur témoignage. Quoi qu'il en soit, certes, elle est liée à l'affaire, mais comment est-ce qu'elle s'emboîte dans la théorie du complot d'Ellen et Jack ?

— Ex, d'après Nelson, confirme et corrige à la fois le petit blond, toujours à ses côtés.

— Pourquoi la suivre elle ?

Le journaliste en herbe n'est pas beaucoup plus avancé par cette dernière précision.

— Parce que la seule façon dont elle a pu devenir l'ex de Markus en cette période troublée, c'est en étant mêlée à ce qui se passe, explique le blondinet.

C'est la conclusion qu'il a tirée de l'information que lui a fournie Ellen le Mardi précédent, alors qu'il était allé rendre visite à la thérapeute de la famille. Initialement, il n'avait pas non plus pensé que la jolie Jena était autre chose qu'au mauvais endroit au mauvais moment, juste une victime collatérale, par le biais de son association au frère de la victime. Mais depuis, il a changé d'idée.

— T'es sérieux, là ?

Brennen n'est pas excessivement convaincu par cet argument. À son avis, c'est un peu léger pour suspecter la jeune femme de quoi que ce soit. Peut-être qu'elle a quitté Markus parce qu'elle se sent coupable de n'avoir rien pu faire ce jour-là ? Les tensions doivent être particulièrement fortes, dans cet entourage, en ce moment. En conséquence, il est légitime de penser que ça puisse créer des ruptures, aussi cruel ça puisse paraître pour des gens qui au contraire ont besoin de plus de soutien que jamais.

— Pense ce que tu veux, mais même pour une Alternative, son dossier est quand même plutôt maigre, lui rétorque Jack.

Il n'entre pas dans les détails de ce qu'il a trouvé, ou plutôt n'a pas trouvé, au sujet de la brunette. Elle était à Walter Payton avec Markus et Rob il y a une demi-douzaine d'années, puis elle a disparu de la carte. Elle avait laissé son SD à ses parents, avec un mot surtout adressé à sa petite sœur, et jusqu'à ce qu'elle refasse surface il y a quelques mois, suite à l'hospitalisation de cette dernière, aucune nouvelle à personne. Impossible de savoir où elle était et ce qu'elle a fait durant cette période. Et même depuis qu'elle a réapparu à Chicago, difficile de suivre son parcours. Confirmer sa vague expérience de barmaid a déjà été compliqué, et au-delà de ça, le néant.

— Et ça veut forcément dire qu'elle cache quelque chose ? En rapport avec l'enlèvement de Mae, par-dessus le marché ?

L'autre lycéen reste sceptique. Il dépose son plateau sur une table providentiellement libre juste sous son nez, laisse glisser son sac de son épaule jusqu'au sol, puis s'assoit. Il est bien placé pour connaître l'impact des conclusions hâtives, puisque c'est précisément ce dont il fait usage pour tenter de faire réagir ses lecteurs.

— Tu m'écoutes, ou bien je parle dans le vide ? S'il n'y avait pas de rapport, elle ne se serait pas fait larguer. Pas en les circonstances, l'admoneste le surdoué.

Il pose lui aussi ce qu'il a entre les mains, et en profite pour écarter les bras, pour souligner à quel point l'évidence lui paraît couler de source, avant de s'asseoir à son tour. Sans vraiment s'en rendre compte, les deux ados ont pris place l'un en face de l'autre. Usuellement, Brennen essaye pourtant par tous les moyens de se débarrasser au plus vite de Jack, qui le met mal à l'aise pour plus de raisons qu'il n'a envie d'en énumérer, et Jack n'insiste de toute manière pas pour s'éterniser en sa compagnie. Usuellement. Mais l'isolement de chacun, l'un parce que le seul camarade qu'il a jamais eu est interné et l'autre parce qu'il n'est plus trop en phase avec ses propres potes ces derniers temps, les a mis en mal de compagnie. Et étant donné leurs préoccupations actuelles, ils sont finalement un plutôt bon interlocuteur l'un pour l'autre.

— Je ne sais pas si l'absence d'informations est suffisante pour affirmer quoi que ce soit, fait remarquer le journaliste du duo.

— Tu veux qu'on reparle du logo que t'as filé aux flics ? lui soumet alors le blondinet, haussant un sourcil empli de défi.

— Ça t'a mené quelque part ? s'enquiert Bren, volontiers cette fois.

Il n'a pas eu de nouvelles de qui que ce soit depuis qu'il a communiqué l'écusson. Mais après tout, il ne pense pas que ce serait conforme au protocole de lui dire si son indice a mené quelque part ou non. Par ailleurs et sans surprise, le dessin n'a rien dit du tout à Ellen, ni à Nelson, à qui elle a quand même réussi à y faire jeter un coup d'œil malgré sa réticence. La marginale à bonnet a bien tenté d'y trouver une explication du côté du symbolisme des rêves, mais sans succès. Les triangles sont trop riches en interprétations, et si les cercles le sont aussi, les arcs de cercles, beaucoup moins.

— Nope. Que dalle. Le vide intersidéral, lui apprend Jack.

Il n'a effectivement rien trouvé du tout, à cause de l'intervention d'Anubis et son époux. Sans ça, il aurait sans doute déniché autant d'informations que Fred, et qui sait ce qu'il aurait pu en conclure. Selon la directive d'Aleksander, la hackeuse a consciencieusement gardé le lycéen à distance de leurs affaires. Mettre en place un tel barrage n'a pas été bien sorcier pour le couple. Le seul inconvénient de ce succès écrasant, c'est qu'il a encore fait croître la suspicion de leur victime. Il continue d'ignorer ce qui se passe, mais aussi de se douter que quelque chose se passe bel et bien.

— Mais est-ce que c'est pas un peu normal, si c'est l'insigne de mercenaires, en même temps ? propose le reporter.

Il présume que toute équipe de ce type doit opérer sous couverture. Il trouve déjà surprenant qu'ils aient seulement eu un logo sur eux. Ça semble être la base, de n'arborer aucun emblème reconnaissable, dans ce corps de métier. Mais l'image était si vivace dans son esprit qu'il a bien été obligé d'en parler, sans quoi il serait devenu fou. Et puis, mieux vaut que les méchants fassent des erreurs, dans le fond.

— Non. Il devrait y avoir une tonne de fausses pistes, des tas de sociétés écrans, de la poudre aux yeux, tout ce qu'il faut. Pas rien !

Il est assez clair que le tatoué n'est pas d'accord avec cette analyse. Selon lui, en l'occurrence, l'absence est tout aussi indicatrice que la présence, et surtout amplement suffisante.

— Tu sais, peut-être que je me suis mal souvenu. Peut-être que ce symbole n'a rien à voir avec rien, s'excuse le témoin en baissant les yeux sur son assiette.

Il se dit que l'explication la plus simple est sûrement la meilleure. Qu'est-ce qui est le plus probable : qu'il ait totalement halluciné après s'être pris un coup au visage, ou que des professionnels comme les gars qui ont enlevé Mae aient été aussi négligents dans leur uniforme ?

— Ah, non ! Parce que la Police a trouvé quelque chose, à partir de ce que tu leur as dit. Mais là encore, mur de fer, j'arrive à accéder à rien. C'est pour ça que je pense que quelqu'un me met des bâtons dans les roues. Intentionnellement, le détrompe Jack.

Il le rassure et l'inquiète à la fois, le faisant ramener son regard vert à lui. Il est vrai qu'il y a une différence nette entre ne rien trouver – que ce soit parce qu'il n'y a rien à trouver ou parce que c'est très bien caché – et constater qu'on nous empêche de trouver quoi que ce soit. Mais là encore, est-ce anormal ?

— Peut-être que… les forces de l'ordre protègent leur enquête, suggère alors Brennen.

Il retient tout de même un sourire soulagé que son information n'ait peut-être pas été un pur produit de son imagination après tout, mais pour le reste, il ne sait pas trop s'il est prêt à accompagner le petit blond dans sa potentielle paranoïa. Ça commence à faire pas mal de bonds de logique, depuis qu'il a commencé à creuser. Il aimerait bien revoir tous les éléments à plat afin de se faire une meilleure idée de la pertinence des théories du surdoué. Mais il se voit mal lui demander ça alors qu'il n'apporte en fin de compte essentiellement rien à son investigation. Et puis bon, il ne doit qu'à de la malchance d'être impliqué en premier lieu. Ce n'est pas comme s'il était proche de Mae ou même des Quanto de manière générale. Même Ellen, il n'a jamais autant passé de temps avec elle avant toute cette histoire. Alors quel droit a-t-il de fourrer son nez dans leurs affaires ?

— De un, c'est illégal de restreindre l'accès à l'information à un Citoyen sans l'en avertir. S'ils ne veulent pas que je fouille, ils doivent me verbaliser, pas seulement me bloquer le passage. De deux, ce que j'ai constaté ne sent pas les méthodes classiques de l'Académie, si tu vois ce que je veux dire.

Il n'y a pour une fois pas trop de dédain dans la voix de Jack alors qu'il élimine les objections soulevées sans la moindre difficulté. Obtenir des réponses pendant qu'il réfléchit tout haut lui avait peut-être un tout petit peu manqué, finalement. Caesar avait un façon bien plus intéressante de lui offrir la réplique, mais bon, il ne cherche pas à le remplacer. Et en son absence, Bren se débrouille honorablement.

Du coin de l'œil, le blondinet ne manque pas quelques regards curieux à l'idée qu'il soit non seulement dans l'établissement, chose rare ces jours-ci, mais en plus à déjeuner avec celui qui a trouvé son meilleur ami étendu dans un mare de son sang, avant d'être témoin quelque semaines plus tard de l'enlèvement de la petite sœur de ce dernier. Ça va probablement se retrouver dans la boîte à tuyau du journal du lycée, mais par chance, le rédacteur en chef trouvera sûrement de meilleurs sujets sur lesquels faire plancher ses ouailles. C'est peut-être en partie pour ça que Bren est si discret : s'il faisait parler de lui, il aurait du mal à expliquer pourquoi autant de bruits de couloir à son sujet sont mis de côté par la rédaction du Paw Print.

— Non, je vois pas, mais on va faire comme si. C'est quoi, ton prochain coup, alors ?

Puisqu'il ne peut pas contredire les arguments qui viennent de lui être présentés, le journaliste décide de revenir à l'origine de leur conversation, dont ils se sont malgré eux éloignés. Il n'y a rien qu'il puisse faire par rapport aux obstacles numériques que lui dit rencontrer le délinquant en face de lui, mais il avait l'air de penser qu'il pouvait lui venir en aide sur le plan physique, lorsqu'il l'a abordé. Et s'il pouvait se sentir un peu moins inutile, ce serait toujours ça de pris.

— Dans l'idéal, ce serait d'enfin arriver à savoir qui sont les deux types avec qui Jena va faire son jogging. Parce qu'on va pas me faire croire qu'à près d'1m95 on disparaît dans le décor par hasard, Jack partage sa frustration.

Il a à plusieurs reprises perdu le trio de vue, pourtant sans avoir à aucun moment eu l'impression qu'ils avaient remarqué sa présence. Bien sûr, les deux jötnar[1] avec qui la jeune femme fait son footing pourraient n'être rien de plus que ses partenaires de course. Mais il en doute. Et puis, si elle a rompu avec Markus, pourquoi est-ce qu'il l'a si souvent retrouvée aux alentours de chez les Quanto ? S'il en avait seulement la suspicion en apprenant la séparation, il est après l'avoir suivie quelques jours convaincu qu'elle n'est pas entièrement blanche dans cette histoire. Il ne pense pas qu'elle ait eu quoi que ce soit à voir avec l'enlèvement de Mae en lui-même, mais elle n'est pas seulement un témoin non plus. Et puisque toutes ses autres avenues de recherches semblent condamnées, le petit génie a tout intérêt à focaliser tous ses efforts sur celle-ci de toute manière, aussi peu prometteuse puisse-t-elle paraître. Quelle est l'alternative ? Écouter en cours ?

[1] Jötnar : pluriel de jötunn. Géants de la mythologie Nordique.

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