2x05 - Atterrissage d'urgence (5/20) - Support

Au commissariat du dix-huitième district, Iz dispose miraculeusement d'un peu de répit. Et ce n'est pas seulement la première fois de la journée, elle a l'impression que c'est la première fois depuis des semaines. Elle a effectué sa première distribution de caféine du jour, remis tous ses derniers comptes rendus d'analyses et d'entretiens à qui de droit, ainsi que vu toutes les personnes avec qui elle avait rendez-vous ce matin. Elle a presque du mal à y croire ; de tels trous dans son emploi du temps se font suffisamment rares, dernièrement, pour qu'elle en remarque l'occurrence. Elle sait cependant que cette recrudescence d'activité est pour le mieux.

Depuis son intervention sur l'affaire Eugène, beaucoup plus d'inspecteurs et même des officiers en uniforme viennent lui demander son avis, que ce soit sur leur enquête ou bien pour des raisons plus personnelles. Elle pensait déjà faire une différence même en travaillant un peu plus en coulisses, en ne conseillant que ceux qui lui étaient envoyés, mais elle apprécie vraiment la reconnaissance de son utilité au sein de la brigade, la confiance que lui accordent ses collègues en venant spontanément vers elle, sans y être contraints.

Bien sûr, elle ne fait pas l'unanimité non plus. Il y a toujours des récalcitrants à sa présence, ou tout bonnement encore mal à l'aise avec elle, pour des raisons diverses et variées, notamment pour certains une petite rancœur qu'elle ait justement agi en quelque sort à leur insu. Mais elle ne désespère pas de gagner du terrain même avec ceux-ci. Comme le prouve son activité constante, sa profession est un travail de tout instant. Et justement, la pause est terminée :

— Fred ! Hey ! Tu as une minute ? la brunette interpelle la partenaire de Sam.

La jeune inspectrice à coupe garçonne décolorée quitte tout juste les escaliers, en direction de sa place, une tablette entre les mains. Aux cibles affichées sur le petit écran, elle revient d'une séance de tir au sous-sol. La courbe à côté des silhouettes indique une amélioration depuis son transfert à Chicago.

— Jones. Salut. Er… Ça dépend. Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? demande l'interpelée, méfiante à une approche aussi souriante.

Sam est indéniablement une forte tête à la langue d'argent, mais elle n'est pas en reste dans le duo. Elle ne s'est pas exactement fait des amis depuis son arrivée, pour ne pas dire que ceux avec qui elle a interagi en sont tous ressortis froissés dans un sens ou dans l'autre. Malgré ses compétences atypiques que personne ne peut contester, elle a un peu de mal à s'intégrer. Personne ne lui est foncièrement hostile, mais se tourner vers elle est encore très loin de couler de source pour qui que ce soit.

— Tu as déposé une demande de sensibilisation. Il y a 8 jours, lui rappelle Iz.

Elle n'a pas besoin d'ajouter une intonation interrogative à ses phrases. Elle estime que la façon dont elle a séparé la subordonnée de temps du reste de la phrase est une indication suffisante de ce qui lui pose question. Elle a proposé des créneaux horaires à la jeune femme, mais cette dernière n'en a validé aucun. Elle la sait pourtant travailler sur une affaire à avancée lente, ce qui signifie que sa disponibilité est bonne. Le temps qu'elle vient de prendre pour parfaire ses compétences de tir en atteste, d'ailleurs.

— Oh. Oui, c'est vrai. J'ai juste… été débordée, tente pourtant de se justifier Insley, avec un geste vague et une grimace peu convaincante.

Sur ce point, Sam a l'avantage : il est bien meilleur menteur. Il faut le connaître pour commencer à repérer ses subterfuges. Malgré elle, Fred est plus transparente.

— C'est un mensonge. Tu sais comment je le sais ? réplique la psycho-psychiatre, plissant les yeux avec malice, sans perdre le sourire.

— Parce que tu sors avec mon coéquipier ? propose l'accusée, à la fois avec sarcasme et dépit.

Iz voudrait pouvoir s'offusquer de ce raccourci, mais elle ne peut pas nier qu'être au courant du déroulement des journées de son homme lui permette d'avoir une assez bonne idée de celui de celles de sa collègue. Ce n'est pas comme si Sam lui parlait de Fred, à part pour s'en plaindre, mais indirectement, de ce qu'il lui raconte sur lui, elle peut tirer des conclusions sur leurs activités à tous les deux.

— En partie, oui. Mais peu importe. Tu veux me dire ce qui t'a fait changer d'avis ?

Elle est plus intéressée par les motivations de sa collègue que par ses actions somme toute sans gravité. Elle a tout à fait le droit de se raviser, ou même d'être peu motivée, mais elle aimerait tout de même avoir l'explication derrière la demande initiale.

— J'ai pas changé d'avis. J'en ai besoin, je le sais, se rattrape Fred avec empressement.

Elle a très clairement en tête toutes les situations qui l'ont poussée à déposer cette demande, récentes comme plus anciennes. Ne pas reconnaître Markus Quanto aura sans doute été la goutte d'eau, mais elle sait qu'elle a manqué de tact avec des familles de victimes aussi bien qu'avec des témoins ou encore des collègues. Et elle a besoin d'aide pour éviter que ça ne se reproduise.

Iz est soudain perdue à cet aveu. Elle fronce brièvement les sourcils.

— Alors pourquoi tu esquives ?

— Er… Je… la bleue reste sans voix, incapable de formuler ses raisons.

Elle se contente d'écarquiller les yeux et d'ouvrir et refermer plusieurs fois la bouche, un peu comme un poisson hors de l'eau. Plus elle y réfléchit, moins elle trouve de bonne manière de s'expliquer, ou en tous cas plus les tournures de phrases qu'elle envisage sont terribles, même pour elle qui n'est pourtant pas la plus diplomate du monde. Elle ne sait pas vraiment comment elle pourrait lui faire part de ce qui l'a refroidie lorsqu'elle a découvert que c'était elle qui s'occupait de ça. Pas sans devenir blessante.

— Si c'est moi le problème, tu peux me le dire. Je t'assignerai à quelqu'un d'autre, c'est tout. C'est ta prérogative, Iz tente de lui venir en aide.

Elle soupçonne que Fred fait peut-être partie de ceux qui ne sont pas à l'aise avec elle. Il faut dire qu'elles n'ont pas exactement commencé sur le bon pied. Leur première et pour ainsi dire seule véritable interaction n'a pas été très glorieuse. La profileuse aurait bien voulu se rattraper par la suite, mais l'autre demoiselle n'est pas des plus abordables, et ensuite il y avait eu l'enlèvement de Mae, et elle avait été dépassée par les évènements. Être appréciée n'est pas en haut de sa liste de priorités ; être efficace, en revanche, l'est.

— Oh. Bah on a qu'à faire ça, alors, Insley saute sur l'occasion, provoquant un mouvement de recul chez son interlocutrice.

— Waw. De but en blanc. Aouch, elle accuse le coup.

Comme un peu plus tôt avec la maladroite tentative d'esquive de la conversation, elle est plus amusée que vexée, mais elle ne s'était tout de même pas attendue à un tel engouement.

— Tu viens de me dire que je pouvais…

Fred grimace d'incompréhension, perdue.

— T'inquiète, je ne t'en veux pas. Mais ça prouve que tu as vraiment besoin de cet accompagnement ! la rassure Iz, hochant la tête avec bienveillance.

— C'est pas personnel, l'assure sa cadette.

Elle n'a rien contre Iz sur le principe, même après le déroulé de leur toute première rencontre. Elle a compris qu'elle avait mal géré son arrivée, et puisque la lourde tâche de tempérer Sam est retombée sur Iz à la fois professionnellement et certainement personnellement, elle peut comprendre qu'elle n'ait pas été ravie. Elle ne dit pas qu'elles iront boire un verre entre copines de sitôt, mais elle respecte sa place dans l'écosystème du commissariat. Son côté satellite, en marge des autres fonctions, lui rappelle d'ailleurs un peu son propre isolement.

Iz plisse les yeux. Elle a décidément du mal à cerner le comportement qu'elle est en train d'observer. Ces oscillations entre esquive et confirmation sont déroutantes.

— Si c'est juste à cause de la personne que je fréquente, tu es au courant que je suis tenue au secret professionnel, pas vrai ? elle propose comme analyse.

Encore une fois, elle ne voit aucun inconvénient à être rejetée, mais elle apprécie de savoir pourquoi. Et idéalement, elle apprécierait également que ce soit pour une raison valable, même si elle peut difficilement aller à l'encontre du souhait d'une charge, aussi idiote sa justification puisse-t-elle paraître. Par procédé d'élimination, elle se dit qu'il ne serait pas déraisonnable de ressentir une certaine appréhension à l'idée de discuter des origines de son manque de tact avec quelqu'un qui entretient aussi une relation personnelle avec son partenaire. C'est un point qui a déjà bien failli bloquer Patrick, après tout.

— C'est pas moi qui ai des trucs à cacher, laisse une fois de plus échapper Insley.

Son mécanisme d'auto-défense a pris le dessus face à ce qu'elle a perçu comme une sombre insinuation. À ces mots, son interlocutrice perd brusquement son sourire. Le ton de la conversation vient de prendre un virage inattendu pour le lugubre.

— Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire, ça ?

Fred soupire. Se rétracter entièrement au point où elle en est ne ferait sûrement qu'empirer la confusion qu'elle vient de semer. Elle décide donc d'être honnête, si sans entrer dans les détails :

— Rien. Juste que je m'en fous de ce que tu pourrais bien dire à Quanto à propos de moi. C'est plus te parler de lui que je sais pas si je pourrais faire librement, elle s'explique succinctement.

Iz se radoucit un peu. D'un point de vue strictement professionnel, l'argument est pertinent, et elle ne peut donc que l'accepter. Mais sur le plan personnel, il est plus difficile à avaler, et elle ressent le besoin de ne pas le laisser sans réponse :

— Oh. Eh bien… C'est une objection tout à fait recevable. Mais j'ai quand même envie de souligner que je suis suffisamment à l'aise dans mon couple pour penser que tu ne pourrais rien me dire qui me surprendrait à propos de Sam.

Cette marque de confiance paraît bien présomptueuse à Fred, qui fait la moue.

— Si tu le connais si bien, tu peux peut-être me dire pourquoi il m'a fait glisser ce que j'ai trouvé sous le tapis ? elle interroge, agacée.

Elle voudrait croiser les bras, mais elle a toujours les mains prises par sa tablette. Elle se contente donc de resserrer sa prise sur l'objet, crispée.

Au début, Quanto était juste un gros lourd vis-à-vis d'elle. Et elle pouvait l'accepter, puisqu'elle a conscience d'à quel point elle est elle-même abrasive. Malheureusement, ça n'a fait qu'empirer avec l'enlèvement de sa nièce, mais encore une fois, malgré ses indélicatesses, elle pouvait le comprendre. Depuis qu'ils ont été officiellement affectés à l'affaire, cependant, la petite nouvelle pense avoir atteint sa limite de tolérance pour son comportement suspect. Ce n'est pas exactement à sa copine qu'elle aurait imaginé en faire part en premier, mais elle n'a pas un vaste éventail de choix en termes d'interlocuteurs, alors tant pis, puisqu'elle est là, c'est sur elle que ça tombe.

— Qu'est-ce que tu as trouvé ? s'enquiert Iz d'un ton plus calme qu'elle ne se sent réellement.

Elle n'avait pas notion de quoi que ce soit de nouveau dans l'enquête depuis que le jeune Watson était passé compléter son témoignage initial, et ça la dérange un peu.

— Je sais où on a une chance de trouver les types qui ont pris sa nièce. Et il a refusé que je mette ça sur le serveur. Quelle raison il aurait de faire ça ? Fred expose les raisons de sa suspicion, qui va bien au-delà de sa mésentente personnelle avec son coéquipier.

Lorsqu'elle a fini par croiser suffisamment de données pour déterminer l'emplacement du bâtiment représenté sur le croquis apporté par Markus, Sam l'a instantanément priée de garder tout ça aussi secret que possible, de ne surtout pas centraliser l'information. Après la façon dont il a sorti un indic confidentiel de son chapeau, comment ne pas être intriguée par cette attitude ?

— Quelle raison il t'a donnée ? la profileuse poursuit dans ses questions, toujours aussi contenue.

D'une part, elle souhaite donner le bénéfice du doute à son homme. D'autre part, elle aimerait aussi en apprendre plus sur ce développement dont est en train de lui faire part son équipière et dont elle était tout à fait ignorante jusqu'à maintenant.

— Des conneries comme quoi il pense que les mecs en question pourraient avoir des taupes dans la Police, l'autre paraphrase l'explication qui lui a été fournie, et visiblement ne la satisfait pas du tout, à la façon dont elle secoue la tête.

— Et qu'est-ce qui te fait dire que ce sont des conneries ? la tempère Jones.

À ce stade, elle ne peut pas estimer si une telle prudence est effectivement excessive ou non. Il y a de nombreuses raisons tout à fait légitimes de ne pas centraliser une info recueillie au cours d'une enquête. Généralement il s'agit d'en préserver l'origine, les sujets, ou bien le contenu direct. L'intérêt d'un serveur globalisé est le partage d'informations entre services et bien entendu l'archivage. Certaines investigations requièrent néanmoins un peu plus de finesse que d'autres, et de nombreux inspecteurs ne mettent ainsi leurs dossiers en ligne que lorsqu'ils sont complets et leur affaire classée. C'est un peu la même logique que de ne parler aux médias d'une enquête qu'une fois qu'elle est terminée.

— J'étais Cyber ; on est sécurisés, Fred reste sur la défensive.

Les craintes de Sam sont à son sens grotesques, en plus d'infondées en le cas présent. Qu'est-ce qu'il sait de ces types qu'il ne dit pas ? Avant le logo rapporté par l'adolescent, ils n'avaient rien sur eux. Et à part ce building aux environs de la capitale, le symbole en question n'a mené à rien non plus. C'est comme s'il avait été spécialement conçu pour mener tout droit à ce point précis de la carte et nulle part ailleurs. Ce qui semble quand même dommage, pour un sigle arboré par des opérateurs spéciaux. Non pas qu'il ne soit pas déjà étrange qu'ils aient eu quelque insigne que ce soit sur eux pour commencer. Mais bon. Que cette recherche ait défié les statistiques n'explique pas les présomptions de Sam au sujet des kidnappeurs. Est-ce que son mystérieux indic lui aurait fourni plus de détails, qu'il n'aurait pas jugés bon de partager avec sa coéquipière, qui est pourtant celle qui lui a permis d'obtenir quelque chose en premier lieu ? Et si oui, pourquoi ? S'il pense que c'est trop beau pour être vrai, un piège, alors pourquoi est-ce qu'il ne le dit pas ?

La remarque d'Insley, péremptoire, fait tiquer Iz. Les raisons des précautions de Sam lui paraissent soudain très claires :

— Sam ne t'en a sans doute pas parlé, mais avant ton arrivée, il traquait un tueur en série. Celui-là même qui a mis ton prédécesseur hors-jeu. Et une partie de ses victimes, ce tueur les a clairement choisies d'après leur casier. Mais à ce jour, on n'a toujours pas trouvé trace de son intrusion chez nous. Tu peux donc comprendre que la confiance de Sam dans le système informatique en ait été un peu secouée.

La légère paranoïa qu'elle a notée chez Patrick après la fusillade, elle a conscience que tous les officiers du district la partagent à un degré ou un autre, même s'ils n'en parlent pas tous. Eugène ou plutôt Kayle – il faut qu'elle s'y fasse – a eu accès aux dossiers médicaux et aux casiers judiciaires de ses victimes, sans quoi il n'aurait jamais pu les cibler comme il l'a fait. Quelles que soient les méthodes qu'il a employées pour obtenir ces informations personnelles, il a franchi une frontière de l'intimité sur laquelle tout un chacun se reposait sereinement, laissant tout le monde à la fois choqué et inquiet après son passage.

— Et comment vous pouvez être sûrs qu'il est entré par les archives, huh ? Insley défend son ancien département, butée.

La question n'est pourtant pas là, mais c'est plus fort qu'elle. Si elle savait qu'elle partage ce trait de caractère avec son frère, elle en serait sûrement très en colère.

— On ne peut pas. On ne l'est pas, d'ailleurs. Mais que la potentielle brèche soit numérique ou humaine, la manœuvre de prévention est la même, non ? lui propose donc la conseillère, pédagogue, recentrant le débat.

Avant que Fred n'ait pu songer à un contre-argument percutant à ce raisonnement, un inspecteur au bout de la grande salle se penche en arrière sur son siège et tente d'attirer l'attention de la brunette du geste. Elle lui accorde un hochement de tête par-dessus l'épaule de son interlocutrice, afin de lui faire savoir qu'elle l'a vu et arrive vers lui de suite.

— Si tu veux bien m'excuser, je dois y aller. Je vais te programmer un rendez-vous avec un collègue, par rapport à ta demande, ceci dit ! Je ne t'oublie pas, elle prend congé en prenant soin de préciser.

Elle pose sa main sur le bras de l'inspectrice, aussi bien en guise d'au revoir que pour souligner le poids de sa promesse, puis s'éloigne.

Malgré ses hauts et ses bas, elle est contente d'avoir eu cet échange avec Insley. Aussi agaçant ce soit parfois, pour les introvertis comme les extravertis, la communication est la clé d'un bon travail d'équipe. Elle préfère encore que la jeune inspectrice lui ait parlé de sa frustration avec son partenaire, aussi disproportionnée puisse-t-elle être par rapport à la situation, plutôt qu'elle la garde pour elle et que ça s'envenime avec le temps. Elle reste cependant perplexe que Sam ne lui ait pas fait mention de la découverte de sa jeune équipière, et se fait une note mentale de lui en toucher deux mots à l'occasion. Elle pense avoir compris ce qui s'est passé, mais pourquoi ne pas lui en parler, alors ?

En ce qui la concerne, Fred ne sait pas trop ce qu'elle doit tirer de cette entrevue. Elle n'avait pas prévu de confronter qui que ce soit avec ses suspicions par rapport à son enquête en cours et à propos de son coéquipier. Et si ça avait été le cas, elle ne se serait sans doute pas arrêtée sur sa petite amie. Mais maintenant que c'est fait, elle n'a pas l'impression d'être plus avancée. À moins d'être une joueuse de poker hors pair, Iz n'est pas au courant de quoi que ce soit que Sam pourrait dissimuler, et elle ne partage en aucun cas ses doutes à ce sujet. De plus, ses objections à son inquiétude semblent valides. Alors pourquoi est-ce que l'inspectrice n'arrive-t-elle pas à se défaire de ce mauvais pressentiment au creux de son estomac ?

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