2x05 - Atterrissage d'urgence (4/20) - Terribles amants

Avec un sourire mutin, bras croisés et appuyée sur le chambranle, Ann observe son époux faire rouler sa chaise d'un bout à l'autre de leur espace de travail d'un habile coup de talon sur le sol. Puisqu'il lui tourne encore le dos, le grand homme filiforme aux cheveux châtains ne s'est pas encore aperçu de sa présence, et elle apprécie toujours de l'observer à son insu. Elle n'aurait peut-être jamais voulu de lui s'il n'avait pas cette adorable mimique lorsqu'il est concentré, ce petit pli entre ses sourcils et cette façon de se mordiller distraitement les lèvres. Il n'en faut parfois pas plus pour la distraire.

Pas ce matin, cependant. Elle s'est levée beaucoup plus tard que d'ordinaire, et comme il lui sert habituellement de réveil, elle se doute que c'est sciemment qu'il a pris garde de ne pas la déranger en quittant lui-même leur lit. Elle aurait bien voulu lui tomber dessus directement après avoir fini de se préparer, mais le voir s'affairer dans leur petit repaire qu'ils sont encore en train de finir d'aménager l'a poussée à se radoucir. Un peu, au moins. Elle se dit souvent que, pour quelqu'un qui ne le connaît pas, il serait difficile de s'imaginer les ravages dont il est capable. Il n'a certainement pas l'air particulièrement menaçant. Et ça joue en sa faveur, la plupart du temps.

— Hey, toi. T'aurais pas oublié de me réveiller, par hasard ? elle le hèle gentiment au bout d'un moment.

L'interpellation lui fait tourner la tête vers elle par-dessus son épaule. Il braque ses grands yeux marron sur elle, se donnant l'air innocent.

— Je n'ai pas oublié. Tu avais besoin de sommeil, il répond, tout en faisant pivoter son siège pour lui faire face.

Une moue atterrée traverse le visage de sa compagne. Elle le connaît trop bien pour croire une seconde à ce mensonge, même déclamé de manière aussi crédible.

— Oh, vraiment ? Donc ça n'a rien à voir avec le fait que je passe mes journées avec un autre homme, ces derniers temps ? elle s'étonne, taquine.

S'il est vexé qu'elle le traite indirectement de jaloux, il ne laisse rien paraître, ni dans son regard ni dans son expression. Il garde aux lèvres le sourire tranquille avec lequel il l'a accueillie en premier lieu, extrêmement bon joueur de poker.

— Et ce joli minois-là, il te dit quelque chose ? il l'interroge au lieu de répondre, ne relevant son accusation infantile qu'indirectement.

D'une pression sur une touche de l'un des multiples claviers délicieusement rétro à sa portée, il affiche un portrait de Jack, vu de profil, sur l'écran le plus proche de sa femme. Ann se penche de la marche sur laquelle elle est perchée, à l'entrée de la pièce, afin d'examiner ce qui lui est présenté. Elle ne tarde cependant pas à secouer la tête à la négative :

— Non. Il devrait ?

Elle n'a aucune raison de connaître le visage de Jack. Il n'est pas passé chez les Quanto depuis qu'elle les a rejoints dans leurs recherches, et Alek aborde assez rarement le sujet douloureux de Caesar de toute manière, alors lorsqu'il le fait, son meilleur ami n'est pas évoqué. Et s'il devait l'être, pourquoi le serait-il illustrations à l'appui ? De plus, grâce à la protection diplomatique de ses parents, Jack n'est pas ressorti des recherches préliminaires effectuées par le couple de pirates avant d'entrer en contact avec l'ingénieur.

— C'est le petit con qui a filé son acte de naissance à Fred, expose Jasper.

S'il ne mâche pas ses mots, il ne laisse que brièvement une moue mécontente troubler son expression contrôlée. Ann a moins de retenue et hausse les sourcils :

— Huh. Un ado. Intéressant. Mais tu attends qu'elle aille chercher ce truc depuis mille ans, alors arrête de faire comme s'il avait vraiment perturbé tes plans pour elle, elle le tempère dans sa mauvaise foi.

Dans le fond, l'âge du responsable du méfait ne l'émeut pas outre mesure. Ils étaient tous les deux bien plus jeunes que ça lorsqu'ils ont commencé à faire des leurs. Surtout lui. Ce n'est pas forcément un gage de qualité, mais à l'inverse, il est assez rare de rencontrer des experts qui ne sont pas tombés dedans dès petits.

— Je voulais qu'elle aille le chercher, oui, pas qu'on le lui apporte sur un plateau d'argent, il corrige entre ses dents, buté.

— Vu qu'elle ne l'a pas encore ouvert, il n'a pas gâché toutes tes chances qu'elle se décide enfin à vouloir en savoir plus sur ses origines de sang, Ann lui propose alors.

Elle cherche à positiver. La situation avec Fred n'est pas de son ressort. Ça date d'avant même qu'ils se rencontrent, et elle essaye en règle générale d'éviter de s'en mêler, parce que c'est l'un des rares sujets sur lesquels ils n'ont jamais vraiment réussi à trouver un compromis confortable. Elle ne comprend tout simplement pas son intérêt pour une jumelle perdue, qui a qui plus est emprunté une voie tellement opposée à la sienne. Elle vient elle-même d'une très grande famille, et est entièrement convaincue que celle qu'on choisit vaut 100 fois celle dans laquelle on est né. Elle n'a rien contre son arbre généalogique, c'est juste que tout ce qu'elle partage avec eux tient de la génétique, rien de plus.

— Sauf que maintenant je ne saurai jamais si elle aurait pu être suffisamment maligne pour me soupçonner d'elle-même, Jasper proteste malgré tout à cette vision optimiste de la situation.

Il est décidément têtu dans sa négativité. Il faut dire aussi que ce terrain est problématique pour lui.

— Tu lui as laissé presque 10 ans ; je pense qu'on a établi qu'elle n'était pas assez maligne, raille sa compagne en faisant le gros yeux.

Comme toujours, elle est très rapidement lassée par ce sujet en particulier. Et comme d'habitude, sans hausser le ton, il campe sur la même position qu'il prend à chaque fois quand ils en arrivent à ce stade de la discussion :

— Est-ce qu'on peut arrêter de parler de ma sœur comme ça, s'il te plaît ?

Ils sont capables d'épiques disputes de couple, du genre où la vaisselle vole aussi haut que les voix montent, mais curieusement, la seule question sur laquelle ils sont réellement en désaccord ne les a jamais amenés à ce type de confrontation. Elle l'a toujours laissé gérer comme bon lui semblait son étrange relation anonyme et à distance avec sa jumelle. Pour preuve, bien que son regard en ait dit long, elle n'a pas cherché à le dissuader lorsqu'il a choisi de la faire venir à Chicago avec eux. Quant à lui, il ne lui a jamais reproché de ne pas apprécier sa légère obsession pour celle dont il a été séparé à la naissance. Au contraire, il apprécie l'équilibre qu'elle lui apporte par son opposition. C'est un peu ce qu'il cherchait lorsqu'il l'a recrutée malgré elle. Leur mariage a été un bienfait collatéral qu'il n'avait pas du tout anticipé.

— Bref. Maintenant que tu l'as retrouvé, qu'est-ce que tu comptes lui faire, à ce pauvre môme ?

Ann coupe court au débat qu'ils savent l'un comme l'autre stérile pour avoir été vu et revu, et en revient à l'adolescent dont il vient de lui faire mention. S'il lui en parle, c'est forcément pour une autre raison que de se plaindre de l'affront qu'il a fait à ses plans. D'une part parce qu'il a déjà vidé son sac à ce sujet au moment des faits, et d'autre part parce qu'il ne lui soumettrait pas une idée inaboutie. Il est bien trop fier pour ça.

— À vrai dire, avant de décider de son sort, j'ai voulu voir quelles étaient ses intentions, exactement, puisqu'il est un peu sorti de nulle part. Et tu ne vas jamais deviner jusqu'où je l'ai traqué…

Ménageant son effet, le hacker laisse sa conclusion en suspens. Il a ce sourire au coin des lèvres et cette étincelle dans les yeux qu'il n'a que lorsqu'il tombe sur quelque chose de vraiment très croustillant. Sachant combien il adore gagner même à très petite échelle, sa femme le laisse volontiers remporter sa devinette sans enjeu :

— Pourquoi tu me fais languir, alors ?

— Ça ne te rappelle rien, ça ? il l'interroge une nouvelle fois.

D'un geste sur un pavé tactile cette fois, il dézoome l'image de Jack pour laisser son épouse en découvrir le décor. Il s'avère qu'au moment où la photo a été prise, l'adolescent était accroupi derrière une sorte de comptoir, placé à l'entrée d'un long couloir monochrome. La jeune femme plisse les yeux un instant sous le coup de la réflexion avant de resituer l'endroit.

— Ça ressemble à l'accueil de l'ancien labo d'Alek. Qu'est-ce qu'il faisait là-bas ? elle s'étonne.

Elle reconnaît les lieux pour s'y être brièvement aventurée sous un faux prétexte lorsqu'ils cherchaient encore à rassembler quelques derniers éléments au sujet du chercheur, en arrivant en ville. Elle n'est pas allée bien loin, mais elle n'avait pas besoin de plus. Se faire passer pour une touriste avec un fort n'aurait pas été sa couverture de choix sinon. Mais on peut déjà en dire assez long sur un endroit à partie des mesures de sécurité en place dans son hall d'entrée. Et la plupart sont facilement repérables. Pas besoin de dissimuler son système quand on le sait efficace. Et puis, ça a un côté dissuasif, aussi.

— Oh, pas grand-chose. Il y a juste déclenché une alerte à la bombe, Jasper révèle d'un ton désinvolte qui lui permet justement de souligner l'incongruité de l'évènement.

Se renfonçant dans son siège et le faisant doucement osciller, il joint le bout des doigts de chacune de ses mains entre eux. Il a l'air de quelqu'un qui savoure par avance la chute de sa blague.

— Dans quel but ? demande simplement sa compagne.

Elle sait par expérience qu'elle n'a aucune chance de percevoir ce qu'il y a de drôle avant qu'il ne le décide. Quant à son manque de surprise à la démarche de Jack en elle-même, il vient du fait qu'ils savent déjà que le gamin est un délinquant, puisqu'il est allé desceller un acte de naissance. Il est vrai que tirer une fausse alarme à la bombe dans un complexe militaire est un peu moins fade que de pirater des archives civiles, mais il n'y a plus de petits délits, quand on a les compétences pour des grands. Reste donc la question de son objectif.

— Pour pouvoir se faufiler où tu le vois là, autant que je peux en juger, lui apprend son époux, entretenant toujours le mystère.

— Le poste d'accueil ? Il a utilisé une option aussi nucléaire qu'une alerte à la bombe juste pour accéder au poste d'accueil ?

Ann est laissée un peu plus perplexe cette fois. Elle échoue à voir l'intérêt stratégique d'accéder à ce point du bâtiment en particulier. Ça doit être le seul endroit sans aucune information strictement confidentielle.

— On fait comme on peut. Et du reste, il s'est bien débrouillé, parce que les militaires sont complètement passés à côté, et même moi j'ai presque failli le louper. Mais le plus fort, c'est que je te donne en mille ce à quoi il a voulu accéder… Jasper défend le jeune rebelle avant de laisser Ann comprendre la suite d'elle-même, son fin sourire énigmatique s'étirant à peine.

— Alek ? Mais je croyais qu'il en avait après Fred ? elle s'offusque.

Elle fronce les sourcils. Elle ne comprend pas comment le blondinet aurait pu passer de l'inspectrice au chercheur. C'est une plutôt grosse coïncidence. Et pourtant, ça ne peut être qu'une coïncidence, puisqu'il n'y a pas de lien entre les deux. À part eux. Ou Sam. Mais si c'était Sam la cible véritable, il n'aurait pas été difficile de jeter son dévolu sur lui directement ; il n'est pas particulièrement protégé. Quant à eux, ils le sont au contraire presque trop. Ils sauraient si quelqu'un étaient sur leurs traces. Mais comment est-ce que ce gamin s'est retrouvé à s'intéresser à leurs deux seuls points de contact en ville, alors ?

— Et pourtant. Il a commencé par consulter les visites du jour où le professeur s'est fait attaquer, et ensuite il est remonté dans le temps pour vérifier toutes ses entrées et sorties avant ça. Jusqu'à ce qu'il arrive à ceci.

Après avoir exposé ce qu'il a déjà déterré de l'intrusion du jeune homme dans les vidéos de surveillance du hall de la base militaire, Jazz pianote à nouveau sur un clavier. Une image horodatée du 3 Mars dernier dans la soirée s'affiche alors. On y distingue clairement la quadragénaire barbu, son fils aîné, sa petite amie, et un troisième jeune homme en âge d'être étudiant, aux cheveux blond foncé et aux yeux bleus. Tous ont l'air décomposé en quittant les lieux, ce qui n'est pas très surprenant quand on sait ce qu'ils viennent de découvrir ensemble.

— Alek, Markus, Jena. Et lui, c'est qui ? Ann énumère les visages qu'elle reconnaît, s'arrêtant sur une question.

Elle ne replace pas le quatrième membre du groupe, sur lequel elle arrête son index après l'avoir fait passé sur chacun des autres en les nommant.

— C'est Robert, répond son mari.

Il lui accorde un regard de jugement amusé. Qu'elle ne connaisse pas les traits de celui avec qui elle travaille en ce moment est presque triste. Elle soupire. Elle ne s'est pas vraiment attardée sur la photo du jeune homme après avoir découvert ce qui lui était arrivé, c'est vrai. Et quand bien même, un cliché d'identité n'est pas une référence très fiable pour reconnaître quelqu'un en toutes circonstances.

— Huh. Je ne me l'imaginais pas comme ça, elle commente simplement.

— Ça ne te perturbe pas plus que ça qu'un ado aille après Fred et ton pote Alek en l'espace d'une semaine ? son mari se permet de souligner ce dont elle s'est déjà fait la remarque intérieurement.

Il n'estime pas sa réaction suffisante. Lui, aussi impassible paraisse-t-il extérieurement, n'est pas tranquille.

— Si, mais… Quoi ? Tu penses DG ?

Elle essaye de suivre son raisonnement, mais elle ne semble pas du tout convaincue par cette hypothèse.

— Il a l'air un peu jeune, lui accorde Jazz, dont ce n'était visiblement pas l'idée.

— Ils recrutent plus jeunes que ça, on le sait, elle se retrouve à défendre l'accusation à laquelle elle ne croit pourtant pas elle-même.

Ils n'ont pas remarqué à quel point la chute de DeinoGene avait été exécutée de main de maître par hasard. À défaut de pouvoir les faire tomber eux-mêmes, ils ont toujours un œil sur certains géants du mal tapis dans l'ombre, dans l'espoir peut-être d'au moins leur porter préjudice de temps à autres. C'est pourquoi les méthodes sordides du laboratoire ne leur sont malheureusement pas étrangères. Si Mae est à leur connaissance la première à se faire enlever pour des raisons personnelles, elle n'est hélas pas la première à se faire kidnapper tout court. Ni la plus jeune. Et qu'est-ce que l'endoctrinement sinon une forme subtile de kidnapping ?

— Sauf que Fred l'a trouvé. D'après ses notes, il s'appelle Jack Nimbleton. Mais c'est à peu près tout ce que j'ai sur lui, parce que la totalité de son dossier est classée secret défense. Je sais même pas où il va au lycée, Jazz achève d'écarter la théorie d'un agent adverse, tout en épaississant le reste du brouillard qui plane autour du petit blond.

C'est bien la première fois qu'il n'arrive pas à accéder à quelque recoin des dossiers de sa sœur, et ce n'est pas pour lui plaire. Ann tombe quant à elle des nues, écarquillant les yeux ; elle n'a que très rarement vu son partenaire dans une impasse.

— Sérieusement ?

— La seule raison pour laquelle je l'ai repéré là, c'est parce que qui que son ange gardien soit, il ignore qu'il s'y est trouvé. La plupart de ses allées et venues par ailleurs sont lourdement cryptées. Et rien d'aussi subtil que notre méthode pour couvrir nos arrières. C'est un truc de fou, confirme pourtant le hacker.

Il est bien évidemment encore plus frustré que son acolyte, et pourtant il ne s'agit que d'un début d'échec. Mais c'est le sien. Il a appris assez tôt à être déçu par les autres, et a par conséquent beaucoup plus de mal à s'avouer vaincu lui-même, puisqu'il est le seul sur lequel il peut compter. Ou presque…

— Okay. Je vois. Tu as besoin de moi pour déterminer quel est son problème, et si ça nous impacte, Ann minaude alors, discernant enfin ce à quoi il voulait en venir depuis le début.

Elle ne pense pas qu'il existe ou ait jamais existé quelqu'un de moins doué que Jasper Kampbell pour demander de l'assistance. Mais cette opinion a peut-être à voir avec son souvenir d'avoir été poursuivie par des chiens policiers pendant la mise à l'épreuve qu'il lui a fait subir à son insu, afin de déterminer si elle était apte à travailler avec lui.

— Je n'irais pas jusqu'à dire besoin, mais pour le reste, tu as lu dans mes pensées, très chère.

Elle ne se formalise pas de son gracieux refus de céder une once de sa suprématie ; elle y est accoutumée. Si son tempérament fanfaron l'exaspérait plus qu'il ne l'amuse, elle l'aurait sans doute étranglé depuis longtemps. Elle ne manque pas d'exemples de gens qui n'ont eu que cette envie après seulement quelques heures en sa compagnie. Voire moins.

Tout en descendant enfin la marche sur laquelle elle se trouvait perchée depuis le début de la conversation, elle choisit tout de même de l'asticoter un peu :

— Je dois bien reconnaître, c'est une plutôt bonne excuse pour qu'on passe du temps ensemble.

— Et moi qui pensais qu'on n'avait pas besoin de ça, il rétorque, refusant toujours de laisser sa jalousie d'Alek se lire sur son visage.

Elle s'arrête dans son mouvement de rejoindre l'autre chaise qui occupe l'espace au milieu de leurs U de claviers et d'écrans, et le toise presque durement. Elle n'a pas souvent l'avantage de la hauteur sur lui, alors elle en profite. Il soutient son regard sans broncher. Même s'il en avait envie, il serait bien incapable de retirer ce qu'il vient de dire. Et il n'en a pas du tout envie.

— Jamais, elle prononce simplement, presque exagérément, comme pour conférer à ce mot un poids tout particulier.

Ils restent encore un instant à se dévisager, jusqu'à ce qu'il daigne enfin laisser un sourire poindre au coin de ses lèvres. Satisfaite d'avoir su apaiser le peu d'insécurités dont il est atteint, elle sourit à son tour, puis se détourne, menton haut, pour prendre place. Elle sait qu'il a décidé de se dégoter un partenaire en premier lieu sur les conseils d'un psy, et elle se dit parfois que si elle rencontre un jour ce brave homme, elle lui touchera deux mots au sujet de sa générosité d'avoir voulu infliger ce personnage à quelqu'un. Non pas qu'elle s'en plaigne, mais elle se demande parfois comment un professionnel de la santé a osé s'imaginer qu'il existerait quelqu'un d'assez fou pour supporter ce sacré numéro. Elle a beau s'y être faite, elle a conscience d'à quel point son choix d'homme est quelque part déraisonnable et dangereux.

Malgré la véracité du fait qu'ils n'ont jamais besoin d'excuse pour semer la zizanie en ligne ensemble, Ann doit néanmoins bien accorder à son mari que ça fait presque deux semaines qu'ils ne s'y sont pas adonnés. S'y remettre ne va pas leur faire de mal, en effet. Et pour ne rien gâcher, la tâche du jour s'annonce amusante. Il y a des encryptions que même eux ne peuvent pas craquer, mais si le rideau tiré sur le blondinet a glissé une fois, c'est sûrement arrivé en d'autres occasions. Dénicher ces occurrences jusqu'à en discerner un motif qui pourrait leur permettre de comprendre ses intentions devrait être un challenge à leur hauteur.

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