2x03 - Prise au piège (9/17) - Vision

Comme estimé par Andy le matin-même, il n'a pas fallu plus de quelques heures au trio qu'elle forme avec Ben et Strauss pour revenir à Chicago depuis l'endroit où est détenue Maena, aux abords du district de Columbia. Un millier de kilomètres, ce n'est pas grand-chose, pour eux. Une fois de retour, la Protectrice a ensuite laissé ses deux colocataires tourner en ronds à leur domicile pendant qu'elle mettait son plan à exécution. Comme elle n'a pas encore besoin de leur aide à ce stade, elle ne leur a pas donné plus de détails sur le sujet. Ça ne leur a pas plu, particulièrement au porteur de costume, mais elle ne s'en laisse pas émouvoir. Il devrait déjà s'estimer heureux qu'elle ne soit pas du parti de Chad, dans cette affaire.

Sa démarche nécessitant un certain timing, Andy a profité de se trouver à Walter Payton - puisque c'est là qu'il lui semble propice d'agir - pour passer voir Holden à son infirmerie. Il était particulièrement content qu'elle tienne sa promesse de le prévenir de ses allées et venues, ce qui lui a fait une fois de plus songer à quel point il est décidément facile à satisfaire. Ensuite, sa fenêtre d'ouverture venue, la belle blonde est allée se poster dans un couloir, au détour d'une salle de classe.

- Hey ! Hey, toi ! elle interpelle un adolescent alors qu'il en sort, s'apprêtant à prendre, comme le reste de ses camarades, la direction du réfectoire.

Brennen s'étonne de se voir hélé de cette façon par la jeune femme, et aussi d'être le seul à se retourner à cet appel pourtant peu précis. Aucun de ses collègues ne semble même ne serait-ce qu'avoir remarqué la présence de la petite amie d'Uglow. Et c'est d'autant plus étrange qu'elle ne manque pourtant d'habitude pas de faire tourner quelques têtes, tantôt envieuses tantôt appréciatives de sa silhouette. En dépit de l'étrangeté de la situation, il reste néanmoins poli :

- Er… Bonjour.

- Tu as écrit à propos de moi, pas vrai ? Dans le journal de ton lycée ? Andy demande confirmation, tout en surveillant du coin de l'œil que les autres élèves continuent à s'éloigner.

- Oh. Er… Je… Enfin, il y a eu un article à propos de vous il y a quelques temps, c'est vrai, quand vous avez commencé à sortir avec notre infirmier. C'était une bonne histoire. Mais je ne peux pas vous dire si c'est moi qui l'ai écrit. Je suis journaliste, oui, mais au-delà de ça… balbutie l'auteur anonyme, gêné d'être confronté par le sujet de l'un de ses écrits.

Il n'a jamais honte de ce qu'il publie, mais il a suffisamment fait les frais d'à quel point il peut être dérangeant de lire à propos de soi pour se méfier de ce type de question. Aussi, comme il n'en a que trop conscience ces derniers temps, il gère très mal l'attention. Il ne peut en revanche pas nier l'existence du papier en question. Alors, il bafouille.

- J'ai bien aimé ce que tu as écrit, lui accorde cependant Andy, à sa plus grande surprise.

Elle passe complètement outre ses tentatives de déni qu'il a effectivement rédigé l'article. Elle n'a pas le temps pour cette charade-là. Elle sait pourquoi elle est en place, mais ça ne l'intéresse pas en le cas présent, car ça ne peut pas lui être utile.

- Vraiment ? La plupart des gens n'aiment pas qu'on écrive à propos d'eux, s'étonne l'adolescent, pris de court.

L'attitude initiale de la jeune femme n'avait pas laissé présager qu'elle allait approuver son texte. Mais l'attitude d'Andy ne laisse jamais rien présager sur ce qu'elle pense, après tout.

- Tu n'as pas menti. Tu étais même étonnamment bien informé. C'est un bon point, elle justifie posément son opinion.

- C'est… sans doute le meilleur compliment que j'ai jamais entendu pour un reporter. Je le ferai passer à qui de droit, il accepte les louanges avec un sourire, sans oublier de continuer à protéger son anonymat au passage.

- C'est aussi toi qui vas écrire sur l'enlèvement de Jeudi dernier ? enchaîne alors Andy.

Le dernier membre de la classe de Brennen vient de disparaître à l'angle du couloir. Maintenant qu'ils sont enfin seuls, elle n'a plus de temps à perdre.

Immédiatement, le lycéen se rembrunit. Bien sûr. On ne pouvait pas vouloir lui parler pour une autre raison que ça. Comment est-ce que qui que ce soit pourrait vouloir lui offrir un compliment, sans en fait s'en servir comme d'une entrée en matière pour lui poser des questions sur ce qui s'est passé il y a cinq jours ?

- C'est le coquard qui vend la mèche que j'étais là, huh ? Ce serait logique que je sois une source, mais je ne vais pas vous en dire plus, il tente de clore la conversation.

Il commence même à se détourner de son interlocutrice, mais celle-ci lui emboîte le pas le long du corridor le plus naturellement du monde.

- Tu te souviens de quoi, à propos des mercenaires ? elle lui demande sans aucun gêne.

- Je vois pas ce que ça peut vous faire ! il cherche à nouveau à repousser son inquisition, cassant.

- Pas grand-chose. J'ai juste besoin que tu sois aussi bien informé à leur sujet que tu l'étais au mien. Et ce sera plus facile pour nous deux si tu y penses quand je fais ce que j'ai à faire, expose tout simplement la jolie blonde, soudain plus pour elle-même que pour lui.

- Qu…?

Avant que Brennen ait pu terminer son exclamation confuse, Andy a posé sa main sur son front. Curieusement, le contact coupe la parole à l'adolescent. Ses grands yeux verts se perdent dans le vide tandis que l'extraterrestre parcourt ses neurones afin d'implanter dans sa mémoire l'élément qui va lui permettre de guider la Police jusqu'à Maena. C'était ça, son idée plus discrète qu'un coup de fil anonyme. S'ils ne peuvent pas se permettre d'être eux-mêmes les témoins, la solution évidente est que quelqu'un d'autre le soit à leur place. Et comme tout le monde sait que Brennen était là, personne ne va remettre en cause l'origine de ses informations.

L'alien blonde fait défiler les images du kidnapping, du point de vue du jeune homme, très claires grâce à l'adrénaline qui coulait dans ses veines à ce moment-là. Elle considère toute la scène, cherchant où elle pourrait glisser son indice sans que ce soit trop difficile à croire que l'adolescent ne s'en est souvenu que dans un second temps. Sur le van serait idiot, beaucoup trop voyant, à la fois pour le garçon et pour les caméras qui ont indubitablement capturé l'image du véhicule par la suite. Sur les uniformes, peut-être ? Elle n'a pas trop le choix. Elle n'a que des éléments visuels à fournir, alors elle ne peut pas changer ce qui a été entendu à ce moment-là. Elle avise les différentes parties des tenues d'intervention, avant de finalement s'arrêter sur leurs revers de manches. Brennen a été frappé au visage, on dira qu'il a été obnubilé par la crosse de fusil qui arrivait vers lui, c'est pourquoi il ne s'est pas de suite souvenu de ce qu'il a vu juste derrière. Ça fera l'affaire.

Andy rompt le contact dès qu'elle a fini ce qu'elle avait à faire, et disparaît aussitôt après. Elle n'a aucune raison de s'éterniser dans les parages. Quelques minutes plus tard, le lycéen sort de sa torpeur, sans se souvenir d'avoir croisé la petite amie de l'infirmier, ni même comment il est arrivé où il est dans le couloir depuis sa dernière salle de cours. Légèrement désorienté, la tête lui tournant, il pose un main sur le mur pour ne pas défaillir et s'écrouler sur le sol. Mettant tout ça sur le compte de l'hypoglycémie, il réajuste ensuite son sac à son épaule puis reprend sa route en direction du réfectoire.

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