2x03 - Prise au piège (12/17) - Insinuations

À l'Institut Lakeshore, Caesar n'arrive pas à se concentrer. Tout ce qu'a pu lui conseiller le Docteur Conway, en fin de session ce matin, a été de penser à autre chose, se focaliser sur lui, sur ce qu'il peut contrôler. Non pas mettre son inquiétude sous le tapis définitivement, bien sûr, mais se distraire afin de laisser son subconscient démêler certaines choses. Kennedy sait que, le week-end passé, après avoir recouvré la parole, il a commencé à se pencher sur ce qu'il a raté au lycée depuis son internement. Alors, elle lui a suggéré de s'absorber dans des cours. Et si ça devait échouer à monopoliser son attention, elle lui a proposé de lire un livre, regarder un film, n'importe quoi pour étouffer son angoisse inexpliquée. Ça peut sembler basique, mais la solution la plus simple est souvent la meilleure. En tous cas, il vaut mieux commencer par l'essayer avant de se tourner vers une alternative plus complexe. Qu'est-ce qu'il faisait dans son temps libre quand il était chez lui ? Hélas, à cette question, il avait été bien incapable de lui répondre quoi que ce soit. Et puis de toute façon, il n'a aucune envie de répéter les mêmes motifs qu'il suivait avant de se blesser.

Coopératif, le grand adolescent a cependant bien tenté de se plonger dans la fin du chapitre de Chimie que sa classe était en train d'aborder au moment où il s'est coupé, mais c'est peine perdue. Il a ce nœud dans son estomac, qui l'a pratiquement empêché de manger ce midi, et qui ne va qu'en empirant avec le temps. N'en pouvant plus, il finit par refermer ses bouquins, d'un rapide geste frustré au-dessus de la table à laquelle il est assis dans la grande salle. Il ressent cette même urgence qu'on a avant un long voyage, lorsqu'on pense que peut-être on a oublié quelque chose d'important. Et ça l'empêche de se concentrer sur quoi que ce soit.

Après un regard circulaire autour de lui, il repère sa co-résidente japonaise dans la pièce, et a soudain une idée. Il se lève et la rejoint d'un pas vif. Il prend place en face d'elle sans même demander la permission, comme elle l'a tant fait de fois en face de lui.

- Hey, Sets, il la salue tout de même, bien qu'un brin précipitamment.

L'interpelée lève lentement les yeux du livre qu'elle est en train de lire, pour dévisager le grand brun un peu comme elle l'a fait la première fois qu'il a pris la parole, entre ses mèches de jais. Depuis quand est-ce qu'il initie le contact, lui ?

- Tu m'appelles Sets, maintenant ? elle s'étonne pour commencer.

Ce n'est que dans un second temps qu'elle se fait la remarque qu'il ne l'a jamais appelée quoi que ce soit, en vérité.

- Tout le monde t'appelle Sets, il souligne de manière expéditive.

C'est quoi, son problème, maintenant ? Si elle préférerait qu'il utilise autre chose, qu'elle le lui dise explicitement. Il n'a pas le temps pour une autre de ses petites danses.

- Qu'est-ce que tu veux ? Je croyais que tu ne voulais pas entrer dans mon jeu, elle lui rappelle leur première et pour ainsi dire dernière conversation, et par là même la réelle raison de sa surprise à sa venue vers elle.

- C'est le cas. Je vais avoir besoin que tu sois honnête avec moi, il confirme.

Il ne se sent pas du tout coupable de lui avoir dit ça, puisque c'était la vérité. Ceci étant dit, si elle n'a pas aimé la dernière fois, elle ne va probablement pas aimer cette fois-ci. Mais il n'a pas d'autre idée en tête pour résoudre son problème actuel, alors tant pis.

Elle se ferme en effet. Elle n'estime pas qu'ils aient quoi que ce soit à se dire tant qu'il ne se sera pas excusé :

- Cette conversation est terminée.

Alors qu'elle range à son tour ce qu'elle était en train de faire, comme il l'a fait juste avant de venir la voir, s'apprêtant à se lever à son tour, il tend le bras en travers de la table et l'attrape par le poignet. Il ne serre pas, il pose juste sa main sur elle, mais ça suffit pour l'immobiliser instantanément dans son élan de se mettre debout.

- S'il te plaît. J'ai juste besoin de savoir ce qui se passe dehors, il la supplie.

Paradoxalement, bien qu'elle fixe ses doigts sur son avant-bras, il semble avoir toute son attention. Elle reste tétanisée encore plusieurs longues secondes, avant de se dégager aussi brusquement qu'elle a été saisie, comme si elle avait mis un temps de latence à réagir. Il n'oppose aucune résistance. Il ne cherchait pas à la contraindre. Il voulait juste qu'elle l'écoute.

- Et comment je le saurais, huh ? Je suis coupée du monde, comme toi, elle finit par répondre, toujours un peu cinglante malgré sa perplexité à la requête.

- Non. Tu travailles ici, il corrige sa comparaison, avec désinvolture, comme si ce n'était pas une énormité.

- Quoi ? Pas du tout ! elle proteste, avec autant de ferveur que s'il l'avait insultée.

- Tu travailles ici. Tu étais peut-être une patiente à la base, mais ça fait longtemps que c'est plus le cas. Tu fais semblant, pour essayer d'atteindre les patients qui seraient fermés au Docteur Conway, il insiste sur ce qu'il vient de dire.

La description lui paraît trop couler de source pour pouvoir être réfutée, même si elle ne repose pourtant sur rien de solide. Il n'a jamais perçu Setsuko comme une patiente. Au début, il s'est même dit qu'il avait dû rater quelque chose, lorsqu'on lui avait présenté le personnel.

- Tu dérailles.

Malgré le caractère intangible des affirmations de son interlocuteur, la jeune Asiatique est curieusement bien incapable de lui opposer d'argument concret.

- Pour certaines chose, sans doute, mais pas ça. J'ai vu clair dans ton jeu le jour de mon arrivée. Et je m'en fiche. Si ça peut en aider, grand bien leur en fasse. Mais moi, j'ai pas besoin de ta comédie, il poursuit sur sa lancée, toujours aussi sûr de lui.

Voyant bien qu'il ne va pas changer d'idée, Setsuko ne répond rien pendant un petit moment. Il ne s'impatiente pas, la laissant prendre une décision vis-à-vis de ce qu'il lui demande. Ou en tous cas digérer le fait d'avoir été percée à jour, ce à quoi elle ne semble pas habituée, d'après l'ardeur avec laquelle elle nie en bloc. Mais il est absolument certain d'avoir raison. Autant qu'il est certain que quelque chose de grave se trame à l'extérieur des murs. S'il se trompe, ça veut simplement dire qu'il est fou, et il n'est pas encore prêt à se résigner à ce diagnostic, alors même s'ils ne peut pas les expliquer, pour l'heure, il choisit de se fier à ses pressentiments.

- Je peux pas te dire ce qui se passe dehors, la Japonaise finit par lui annoncer, laissant temporairement de côté le débat sur la raison de sa présence à l'institut.

- Même si c'est la seule chose qui va m'empêcher de me faire du mal ? il lui propose.

Il sait qu'elle doit avoir envie d'aider, dans le fond, même s'il fait erreur sur son compte. C'est un peu bas, comme méthode, mais il est proche de désespérer. Il ne sait pas combien de temps il va pouvoir tenir dans son état mental actuel, même avec le souvenir de la douleur dans son avant-bras pour le dissuader de réitérer son geste sous quelque forme que ce soit.

- Tu ne comprends pas. Je ne peux pas parce que je ne sais pas, elle précise son refus.

- Sets… il plaide simplement, pensant qu'elle retombe dans son déni.

- Je suis une patiente. Je dois être une patiente. Si j'avais accès à l'extérieur, ce serait pas très crédible, elle le détrompe cependant, validant pour la toute première fois ses suspicions sur sa profession réelle, même si de manière subtile.

Comment il a su, elle se le demande. En quatre ans qu'elle occupe cette position d'infiltrée, il est le premier à se rendre compte de quoi que ce soit. Et pourtant, malgré toutes les manœuvres qu'elle a tentées pour le faire parler, ce n'est pas celui avec qui elle a été la moins discrète.

- Merde, il jure, déçu qu'elle ne puisse pas l'aider.

Il se renfonce dans sa chaise avec dépit. Il peut comprendre que sa couverture soit importante, mais être coupée du monde pour la conserver lui semble tout de même un investissement démesuré. Et elle était son dernier espoir. Il soupçonne que le reste du personnel est absolument incorruptible, et s'évader serait une transgression trop grande, en plus de ne pas être dans ses cordes. Il n'a même pas besoin d'être dehors, juste de savoir ce qui s'y passe. Et il se doute bien qu'on ne lui dit rien dans le but de le protéger, parce qu'il est fragile, blah blah blah, mais est-ce qu'on se rend compte que plus on lui cache des choses, plus il s'inquiète ?

Désappointé, il baisse les yeux sur ses mains après les avoir laissées glisser jusque sur ses genoux sous la table.

- Je suppose que tu as déjà fait la même demande au Doc ? s'assure Sets.

Comme il l'avait deviné, elle est effectivement désireuse de l'aider malgré tout.

- Oui. Mais elle m'a dit de penser à autre chose. Et j'ai essayé, mais j'y arrive pas, il confirme, la regardant sans relever le menton.

Il a l'air si penaud. La Japonaise décide donc de revenir à l'origine de sa demande, qu'il ne lui a pas communiquée, en fin de compte. Il n'a jamais vraiment montré d'intérêt particulier pour ce qui l'entoure ici ; pourquoi cette soudaine envie d'être tenu au courant de ce qui se passe dehors ?

- Et je peux savoir pourquoi est-ce que tu te ferais du mal si tu n'as pas de nouvelles de l'extérieur ?

Il soupire et ramène ses mains sur la table. Il n'avait pas l'intention de raconter à qui que ce soit qu'il est dans le même état qu'avant de se blesser. Il aurait voulu régler le problème sans que les gens ne se focalisent sur sa précédente conséquence. Mais ça lui a échappé en session au matin, alors au point où il en est, autant que ça sorte maintenant aussi. Il est même possible que le Docteur Conway communique l'information à Setsuko la prochaine fois qu'elle la verra, de toute manière.

- La dernière fois que j'ai eu cette même impression que quelque chose n'allait pas sans pouvoir dire quoi, ça m'a rendu fou. Au point de mettre un coup de poing dans un miroir et m'ouvrir le bras avec l'un de ses éclats… J'ai pas envie d'en arriver là cette fois-ci. Si je peux savoir ce qui va pas, peut-être que ça va s'arrêter de bourdonner dans ma tête, il explique son raisonnement.

- Qu'est-ce qui t'as empêché de savoir ce qui n'allait pas, la dernière fois ? l'interroge Setsuko, pragmatique.

- Huh ?

- Aujourd'hui, tu es enfermé dans un institut psy, mais la dernière fois, pourquoi tu n'es pas allé au fond du problème ? elle reformule sa question.

Elle a raison. La dernière fois, il avait accès à tous les éléments, et ça ne l'a pas empêché d'en arriver à s'entailler l'avant-bras du coude jusqu'au poignet. Mais c'est parce qu'il ne voulait pas voir la vérité. Il ne voulait pas admettre que Jack avait raison, au moins en partie, que quelque chose clochait avec son père et son "accident" à son laboratoire. Et aussi avec Markus et Rob et la sœur de Jena. Et même avec Mae. Pendant son mutisme, il a fini par se l'avouer, et il sait qu'une confrontation aux partis concernés l'attend certainement quand il rentrera chez lui. Mais ça ne l'inquiète pas autant que lorsqu'il n'avait que des soupçons dont il n'arrivait pas à faire sens. Il y a un grand réconfort dans l'identification du danger, ou plutôt à l'inverse une grande angoisse liée à l'inconnu, voire un peu des deux.

- C'était différent. Je voulais pas savoir, il répond simplement à la question de Setsuko.

Il détourne le regard vers la fenêtre, ramené à ses longues semaines de silence et de réflexion.

- Donc… Avant, tu savais quelque chose que tu ne VOULAIS pas savoir, en quelque sorte, et maintenant, tu veux savoir quelque chose que tu ne PEUX pas savoir ? résume la Japonaise.

Elle a un geste de ses deux index en chassé-croisé pour souligner ce qu'elle dit. Sa tête se penche même sur le côté sous l'effet de la confusion.

- Je suppose. Je sais pas exactement comment ça marche ; c'est que la deuxième fois de ma vie que je me sens comme ça.

Il peut convenir du fait que l'identité entre les deux situations n'est pas parfaite. Mais dans les deux cas, c'est l'ignorance qui l'a poussé à bout, qu'elle soit venue de lui à son insu ou d'un facteur extérieur comme son internement. Ça compte, comme point commun, non ?

- J'ai l'impression que tu as juste besoin d'apprendre à gérer ta frustration, diagnostique alors Sets.

Il ouvre des yeux encore plus grands que d'habitude. Il ne voit vraiment pas ce que ce terme vient faire dans cette conversation.

- Ma frustration ? il répète avec incrédulité.

- Tu as recours à l'automutilation lorsque les choses ne se passent pas comme tu veux ; si c'est pas mal gérer sa frustration, je sais pas ce que c'est, elle précise sa conclusion, redressant la tête.

- C'est pas du tout ce qui se passe ! il proteste à cette analyse, sourcils froncés à présent.

- Je suis prête à reconnaître que je me suis trompée sur pourquoi tu as recommencé à parler, mais cette fois-ci, j'ai raison, elle campe sur sa position.

- Je dois être la personne la plus arrangeante qui soit. Je force jamais personne à rien, je suis toujours d'accord avec tous les plans de tout le monde, il lui soumet en retour, serrant les dents à sa description de lui-même, peu flatteuse en ce qu'elle souligne son manque de personnalité.

Malheureusement pour lui, en ce qui la concerne, Setsuko trouve que cet argument va plutôt dans le sens de sa conclusion qu'à son encontre :

- Ce qui explique sans doute pourquoi tu es autant affecté quand tu es contrarié : parce que tu n'as pas l'habitude.

- C'est ridicule ! Je vois pas pourquoi je t'écoute, t'es pas psy, il s'exclame finalement en secouant la tête.

Il n'est pas convaincu par ce qu'elle dit, mais il est à court d'arguments pour la contredire.

Les rôles inversés par rapport au début de leur conversation, c'est lui qui commence à se lever pour quitter la table, et elle qui fait un geste pour l'arrêter. Contrairement à lui, elle ne fait cependant que tendre la main, sans la poser sur lui. Elle parvient tout de même à interrompre son mouvement de départ comme il a interrompu le sien à peine plus tôt.

- Caesar ! Attends ! Que j'aie raison ou tort à propos de toi, j'ai peut-être quand même une idée de comment t'aider, elle lui propose précipitamment.

- Comment ?

Il est potentiellement intéressé. Il préférerait qu'on le prenne au sérieux et réponde à ses questions, mais puisque ça ne semble être dans les cordes de personne, il peut envisager d'autres solutions si elles lui sont présentées.

- Viens avec moi. Même en tant que simple patiente, sans avoir accès à l'extérieur, j'ai de la ressource, elle déclare juste.

En fin de compte, elle se lève avant lui. Elle lui indique ensuite une direction vague d'un mouvement du menton. Méfiant, il n'est pas encore tout à fait prêt à accepter son offre. Il se met néanmoins lui aussi sur ses pieds.

- Quel genre de ressource ?

Amusée, elle refuse de répondre. Elle n'est pas du genre à s'esclaffer, mais le petit froncement de son nez traduit son humeur.

- On vient de dire que tu devais apprendre à gérer la frustration de pas avoir les infos que tu voudrais. Un peu de patience !

Ouvrant la marche, elle le contourne pour prendre la direction du couloir qui mène aux chambres des résidents. Il la regarde d'abord s'éloigner par-dessus son épaule, sans la suivre, déboussolé. Lorsqu'il est venu la voir, elle ne voulait pas lui parler. À vrai dire, depuis qu'il a retrouvé la parole, il a eu la nette impression de ne plus être son problème. Il est certes venu chercher son aide en premier lieu, mais qu'elle soit soudain si volontaire l'intrigue.

- Tu viens ou pas ? l'interpelle Setsuko, à l'autre bout de la pièce maintenant, à l'entrée du corridor, bras croisés.

Avec un soupir résigné, Caesar finit par la rejoindre. Il se dit qu'il n'a rien à perdre et rien de mieux à faire. Les deux internés quittent ensuite ensemble la grande salle principale de l'institut. Sans rien ajouter de plus, elle le conduit jusqu'au bout de la galerie de portes, devant la sienne. On ne peut pas se tromper, puisqu'en plus de présider les autres, elle est décorée de caractères japonais. La perplexité de Caesar ne fait qu'augmenter à leur destination, mais l'habitante des lieux lui intime le silence d'un geste. Elle ouvre avec précaution, comme si elle entrait subrepticement dans un lieu sacré, et d'une pression sur un interrupteur, commande la fermeture des volets. La pièce est plongée dans le noir avant qu'il ait pu distinguer quoi que ce soit du décor. Toujours sur le seuil, il dévisage son guide même alors qu'il discerne à peine ses traits maintenant. Il croit qu'elle sourit, puis elle le tire doucement à l'intérieur par la manche, afin de pouvoir refermer derrière lui.

Pendant une brève seconde, il se demande s'il est claustrophobe. En tous cas, il est indéniablement extrêmement naïf de se laisser entraîner comme ça dans un endroit sombre. Mais alors qu'il se dit que Setsuko pourrait très bien être une tueuse en série et lui la victime la plus facile de l'Histoire, l'environnement s'illumine de mille couleurs. Elle a encore la main sur l'interrupteur qu'elle vient d'utiliser pour déclencher ce spectacle de lumières lorsqu'il repose les yeux sur elle, pouvant enfin à nouveau repérer ses contours. Des figures géométriques diverses dansent un ballet tout aussi aléatoire sur les murs et le plafond, et même sur eux deux. Les tons s'enchaînent sans répétition particulière. L'effet est hypnotique. On se croirait à l'intérieur d'un kaléidoscope géant. C'est joli, mais il ne comprend toujours pas ce qu'il est censé faire. Alors qu'elle le voit la regarder d'un air toujours aussi interrogateur, elle soupire en levant les yeux au ciel, et le rejoint pour le pousser en arrière. Déséquilibré car pris au dépourvu, il atterrit sur son épais matelas.

- C'est la seule façon que je connais de faire taire mes pensées, est ce qu'elle lui offre pour toute explication dans un murmure, après s'être installée à ses côtés, à une distance toute respectueuse.

Il n'ose rien répondre. Elle l'a invité dans ce qu'il ne doute pas être son sanctuaire. À la façon dont elle arrive si facilement à laisser son regard se perdre dans le tourbillon enchanteur qui les entoure, elle a déjà dû passer des heures dans cette position. C'était sa thérapie à elle. Ça l'est encore, en fait. Il s'est trompé. Elle est toujours une patiente. Elle est plus que ça aujourd'hui, mais elle n'a jamais cessé de l'être pour autant. Touché qu'elle ait accepté de partager son traitement avec lui, alors qu'ils ne sont jamais vraiment partis du bon pied tous les deux, il reporte son attention sur le plafond et essaye de laisser porter par le bal des formes bariolées, espérant qu'elles sauront avoir l'effet escompté, comme celui d'un mobile sur un nourrisson.

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