1x12 - Grandes respirations (6/16) - Isolement
En fin de matinée, Markus est assis dans un amphithéâtre, à assister à un cours magistral de Pédiatrie. C'est le sujet de tous ses cours depuis deux semaines, et ça le sera encore pour les quatre suivantes. L'enseignement de la médecine est divisé en unités, et le programme dicte qu'ils en sont à celle-ci, à cette période de l'année, en troisième année. Avant ça, c'était la gynéco-obstétrique, et après ça, ce sera la psychiatrie.
Ce qui agace le plus l'étudiant dans ce thème, en plus du fait qu'il l'oblige à sans cesse considérer les terribles afflictions desquelles seuls les enfants peuvent être atteints, c'est que son meilleur ami ne soit pas là pour y assister. Robert a attendu ce cycle de cours depuis le début de ses études, ayant toujours voulu se spécialiser dans la médecine pédiatrique, et une semaine après le début des cours qui vont l'intéresser le plus, il tombe dans le coma. Quel genre d'ironie du sort pourrie est-ce que ça peut bien être, ça ?
Pour ne rien arranger, malgré l'effectif élevé de la promotion, l'absence de l'étudiant n'est pas passée inaperçue. La nouvelle de son accident s'est même répandue comme une traînée de poudre, si bien que tout le monde est au courant de la situation dans laquelle se trouve Mark. Personne ne s'est montré irrespectueux, loin de là, beaucoup lui ont même au contraire proposé leur soutien au besoin et souhaité un prompt rétablissement à son meilleur ami, mais aussi considérées ces démarches aient-elles été, il est resté difficile à l'aîné de trois de ne pas avoir l'impression qu'on avait pitié de lui, en les recevant.
Qui plus est, après les premières réactions, une sorte de cône de silence s'est installé autour de lui. Alors qu'il y a habituellement pas plus d'une ou deux places libres entre lui et son voisin pour l'heure, il est depuis quelques semaines pratiquement toujours seul sur sa rangée, avec celles de devant comme de derrière tout aussi désertées. Encore une fois, personne ne pense à mal, au contraire, ils veulent seulement lui donner de l'espace, mais ça fait un drôle d'effet tout de même.
Un avantage de cet isolement est qu'au moins il a tout loisir de se concentrer sur les explications de ses professeurs, sans être perturbé par une discussion alentour ou l'étudiant devant lui qui gribouillerait des dessins sur le coin de ses notes. Et c'est plutôt bien, parce qu'il a eu tellement de choses qui le préoccupaient, ces derniers temps, qu'il ne pense pas qu'il aurait pu s'astreindre de lui-même à ne pas se laisser distraire.
La tête sur son poing, les yeux plissés, Markus essaye en l'occurrence ce matin d'être sûr de bien saisir les distinctions entre les différents outils de diagnostiques que la femme en contrebas de l'hémicycle est en train de présenter. Il griffonne autant d'indications que possible sur la page qu'il a attribuée à cette leçon dans son RFSD, en espérant comme souvent qu'il se souviendra de ce qu'il a voulu dire lorsqu'il y reviendra plus tard. C'est toujours le risque, lorsqu'on prend des notes à une telle vitesse.
Alors qu'il termine un tracé, les lumières de l'immense salle de cours se mettent soudain à clignoter. L'ensemble de la classe, ainsi que l'enseignante, lèvent instinctivement la tête en l'air, comme si l'explication de la surtension pouvait se trouver sur les ampoules elles-mêmes. Un murmure parcourt l'assemblée, puis, comme l'incident ne semble pas se reproduire, la docteur reprend ce qu'elle était en train de dire.
Lorsqu'il rabaisse les yeux sur son écriture à l'instar de ses collègues, Markus est tout de même effleuré par la question de la dernière fois qu'une chose pareille s'est produite. Pas depuis qu'il a commencé ses études supérieures, autant qu'il se souvienne. Et les interventions sur le réseau électrique sont généralement annoncées à l'avance, et de toute manière très exceptionnellement effectuées en journée ou alors pas en présence d'usagers dans les locaux concernés. Il se demande donc bien ce qui a pu se passer. D'autant que, si aucun bâtiment n'est vraiment à risque en ce qui concerne les incidents techniques, la faculté est sans doute parmi ceux qui le sont le moins, objectivement, en tant que centre d'accueil en cas de catastrophe.
La définition d'un ixième terme par son professeur pousse le jeune homme à se convaincre que ça ne doit rien être de grave, et sortir l'évènement de son esprit. Il est plus attentif aux problèmes électriques à cause de Caroline et Robert, voilà tout.
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