1x11 - Quitte ou double (13/15) - Soutien moral

Markus rentre de l'hôpital un peu après la fin des horaires de visite. Les nuits qu'il a passées au chevet de Robert, la semaine précédente, n'étaient pas exactement intentionnelles. Elles n'ont d'ailleurs été permises que par la clémence des infirmières de garde, qui n'ont pas eu le cœur de le réveiller pour le chasser. Mais aussi difficile lui soit-il de laisser son meilleur ami, l'étudiant est tout de même suffisamment raisonnable pour savoir que dormir dans un lit et prendre une douche sont des rituels dont il ne devrait pas sciemment se passer. S'il veut être de quelque aide que ce soit à Rob, il lui doit même d'être au meilleur de sa forme. Autant qu'il peut l'être dans son état d'inquiétude permanent, pour lui, mais aussi pour son père, ainsi que Caroline.

Lorsque le jeune homme franchit le seuil de sa maison et laisse la porte se refermer derrière lui, il entend distinctement quelque chose de solide être posé sur la table basse du salon et quelqu'un s'y lever pour le rejoindre dans le couloir. Jena fait ensuite son apparition, un sourire flottant sur ses lèvres, accrochée d'une main au dos des escaliers, qui font face à l'entrée.

— Jen. Hey. Qu'est-ce que tu fais là ? il est agréablement surpris de la trouver là mais trop fourbu pour lui faire meilleur accueil.

— Je t'attendais. Je voulais pas te déranger pendant que tu travaillais, elle répond, se détachant du mur pour avancer vers lui, glissant ses mains dans ses poches arrières.

— Où est mon père ? il s'enquiert, se souvenant seulement qu'elle avait l'intention de venir lui parler.

— Dans sa chambre. Il a accepté d'aider Caro à couvrir ses arrières, donc il avait besoin d'une connexion, elle explique simplement.

— C'est bien, est le seul commentaire que l'étudiant a la force de prononcer, retenant même difficilement un bâillement derrière sa main droite.

— Il a dit que ça risquait de prendre du temps avant qu'elle soit vraiment camouflée, mais au moins ça la tient à l'écart de l'enquête et hors de danger, Jena poursuit son bilan de sa discussion avec Alek.

— C'est cool, commente une nouvelle fois Markus avec moins d'enthousiasme qu'il n'en ressent réellement.

— Rob va en arriver là, tu sais ? lui lance alors la jeune femme, lisant comme au matin entre les lignes.

— J'espère, il réplique, avec un peu plus de conviction, si toujours autant de concision.

— Je sais que c'est loin d'être une science exacte, et que ça dépend sans doute de plein de choses chez eux, mais il est arrivé la même chose à Rob qu'à Caroline. Ils vont s'en sortir tous les deux, insiste la brunette, cherchant quelque part autant à se convaincre elle-même que le rassurer lui.

Il pouffe dans un soupir, touché des efforts qu'elle fait pour lui remonter le moral. Elle a probablement attendu son retour tout l'après-midi dans une maison vide, et elle est encore capable de rester positive sur un sujet qui devrait tout autant la déprimer que lui. Il sourit en la regardant plisser les yeux parce qu'elle ne comprend pas ce qui l'amuse.

— Tu es consciente que je travaille aussi le soir à la maison, non ? il lui rappelle, en référence à ce qu'elle lui a dit lorsqu'il est arrivé.

Elle secoue immédiatement la tête de gauche à droite, avec une moue à la fois déterminée et espiègle.

— Pas ce soir. Tu veux… aller t'allonger et faire rien côte à côte ? elle lui propose à la place, sûre de l'irrésistibilité de son offre.

Laissant tomber son sac au sol d'un simple mouvement d'épaule, Markus referme la distance qui les sépare en quelques grands pas et vient l'embrasser. Une main derrière sa nuque, perdue entre ses mèches brunes, et l'autre dans le bas de son dos, il reste un long moment les lèvres contre ses lèvres, à savourer le contact doux et rassurant.

— J'adorerais, il répond ensuite dans un souffle, comme si son geste n'avait pas suffi à transmettre son acceptation.

— J'espère qu'il n'y a aucun "mais" qui vient après ça, le met gentiment en garde la jeune femme, lui tirant un sourire alors qu'il n'a toujours pas rouvert les yeux après leur baiser.

— Non. Définitivement pas. Quoique… On ne dort jamais ici, il se rend soudain compte, rouvrant enfin les paupières.

— On peut toujours retourner chez moi si tu préfères, mais en dehors du fait que toute ta famille me connaît et est au courant pour nous même sans que tu leur en aies explicitement parlé, j'ai pensé que tu ne voudrais pas faire le trajet, négocie alors habilement Jena, faisant jouer ses doigts sur son torse.

Convaincu sans difficulté par un raisonnement aussi complet, il dégage quelques cheveux de son visage d'un geste délicat, scrute ses beaux yeux verts avec intensité, puis amène ses deux mains à sa taille.

— Je demanderais bien où tu étais toute ma vie, mais je sais que c'est un sujet sensible, il parvient enfin à plaisanter, le simple fait de l'avoir dans ses bras le revigorant déjà.

Alors qu'ils sont ensemble depuis moins d'un mois, pour ne pas dire trois semaines seulement, leur relation a déjà connu d'étranges rebondissements. Leur période dite de Lune de Miel, enfermés dans une bulle de nouveauté et de secret, n'aura pas duré bien longtemps avant que chacune de leurs vies, l'une après l'autre, ne soit dramatiquement bouleversée. Celle de Jena par la découverte de la situation exacte de sa sœur, et celle de Markus par l'accident de Robert. Ils n'ont pas vraiment eu l'occasion de se retrouver tous les deux tranquillement depuis qu'ils ont choisi de prendre ce virage ensemble, en fin de compte. Et c'est pourtant peut-être très exactement ce dont ils ont besoin.

— Un jour, je te raconterai tout. Tout ce que j'ai fait pendant mes sept ans de fugue. Juste… pas aujourd'hui, la jolie brune répond sérieusement à la boutade, bien que sans perdre le sourire.

Ne se formalisant absolument pas de cette remise à plus tard, il se détache d'elle pour mieux venir passer un bras autour de ses épaules, et l'entraîne avec lui vers les escaliers. Elle se laisse faire, le tenant en ce qui la concerne par la taille, d'un bras seulement, son autre main venant chercher la sienne. Oui, plus elle y pense, plus ne faire rien ensemble est la meilleure chose à faire pour eux, dans l'immédiat.

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