1x09 - Clé de voûte (5/18) - Crêpage de chignon
Lorsque Mae arrive en cours de science, après une heure de libre comme tous les Mardis matin, elle trouve malheureusement Nelson et sa petite amie devant la porte. Et Ellen n'est pas là pour la soutenir dans cette épreuve, puisqu'elle a utilisé les soixante minutes précédentes pour travailler sur son prochain article dans la salle de journalisme.
Nels lui tourne le dos à la petite blonde, mais la rouquine en face de lui ne manque pas son arrivée dans le couloir. Dès qu'elle l'aperçoit, elle attrape aussitôt le jeune homme par la nuque et commence à l'embrasser passionnément, comme spécifiquement pour agacer Mae. Cette dernière laisse échapper un soupir incrédule à son mauvais timing et lève les yeux au ciel, mais reste où elle est, refusant de céder à la provocation. Ce qu'elle ne comprend pas, c'est comment son ami peut ne pas remarquer le comportement de sa petite copine. Elle le sait plus malin que ça.
Après un échange de salive décidément trop long pour être honnête, Sarah Degriff passe une dernière fois la main dans les cheveux de jais de sa conquête et lui souhaite un bon cours de chimie. Il rentre ensuite dans la salle sans se retourner, et donc sans voir que Maena a assisté à toute cette exagérée démonstration publique d'affection. Pour sa part, la blondinette attend que la rouquine s'en aille pour pouvoir accéder à la porte, afin de ne pas avoir à la croiser de plus près que nécessaire. Mais voilà que la mégère décide de se diriger vers elle !
— C'est pas drôle, quand quelqu'un te prends TON jouet, huh ? elle lui lance, avec un haussement de sourcils provocateur.
— Nelson n'est pas mon jouet. Il est mon ami, Mae la corrige en serrant les dents.
— Pff. Tu sais même pas ce que t'as fait, pas vrai ? lui jette alors la reine des pestes, la toisant de haut en bas et de bas en haut avec dédain.
— Ce que J'AI fait ? ne comprend pas la blonde, pour qui l'attitude de la lycéenne était uniquement odieuse en elle-même et non pas dirigée à quelqu'un en particulier, et certainement pas elle.
— Ça n'a pas d'importance. Je l'ai peut-être pris pour rétribution, mais finalement je crois que je vais le garder pour le plaisir, Sarah Degriff déclare, comme si Mae était censée la suivre.
— Rétribution ? Rétribution de quoi ? Qu'est-ce que tu crois que je t'ai fait ? interroge la petite blonde, de plus en plus perdue, mais aussi de plus en plus en colère.
— Waw. Je croirais presque à ton petit jeu de sainte nitouche. Tu devrais être actrice, l'autre feint l'admiration, faisant se hérisser son interlocutrice encore un tout petit peu plus.
— C'est pas un jeu pour moi ! Je t'ai rien fait, exprès ou pas ! elle éclate, serrant les poings.
— Cause toujours, la rouquine ne se méfie pas, la narguant d'un sourire moqueur.
— Et tu sais quoi ? Je m'en fous de ce que tu imagines. Si tu crois que je vais te laisser utiliser Nels comme un pion, tu te fourres le doigt dans l'œil, la menace alors Mae, au bord de l'explosion.
— Je t'ai pas vraiment vu faire d'effort pour me le reprendre, jusqu'ici, ose Sarah Degriff, versant sans le savoir la goutte d'eau qui fait déborder le vase de celle qui lui fait face.
N'y tenant plus, et sous les regards fascinés des autres lycéens autour, Mae se jette sur elle, qui la dépasse pourtant de près d'une tête avec ses hauts talons. Usant de ce que lui a inculqué son oncle pour se défendre, elle l'attrape par les épaules et la fait tomber en lui fauchant les chevilles. L'adolescente lâche un cri de surprise en tombant sur le côté, alors que son agresseur reste debout au-dessus d'elle, mâchoires serrées. La perdante se relève, furibonde, et veut riposter, mais Mae la saisit facilement par les poignets, l'empêchant d'agir.
Avant que la blondinette n'ait le temps d'exécuter une autre prise qui aurait remis son adversaire à terre, son professeur de chimie arrive dans le couloir, attiré par les exclamations des badauds. Il fend précipitamment la foule d'élèves qui se sont attroupés autour de la joute, et vient s'interposer entre les deux jeunes filles. L'homme à barbichette pose une main sur une épaule de chacune et les écarte l'une de l'autre. Elles continuent de se dévisager d'un air mauvais, mais ne luttent pas contre l'adulte.
— Stop ! Ça suffit ! leur ordonne le professeur, pour entériner son geste.
— Tu vas payer pour ça ! crache Sarah Degriff, venimeuse, provoquant une nouvelle vague d'inspirations choquées dans l'assistance.
— J'ai dit stop ! insiste l'enseignant, repoussant les deux jeunes filles de plus belle alors qu'elles cherchent à se rejoindre.
— Fais de ton mieux, j'ai pas peur de toi, ne se démonte pas la blondinette, d'autant plus sûre d'elle grâce à la facilité avec laquelle elle vient d'avoir le dessus.
— Mae ! l'interpelle l'enseignant, attirant enfin son attention.
En croisant son regard, elle se calme et recule d'elle-même, lui permettant de baisser au moins un de ses bras. La rouquine finit par reculer également, bien qu'avec de la mauvaise volonté. Le chimiste descend sa seconde main, soupire, et tire sur sa chemise pour se remettre de ses émotions.
— Bien. Maintenant, vous êtes toutes les deux de bonnes élèves sans histoire. Est-ce que je dois vous envoyer voir le principal et ternir votre dossier scolaire ? il demande, les regardant tour à tour, espérant que la menace sera suffisante pour mettre fin à cette histoire.
— Non, ça ira. C'était pas sérieux, juste un désaccord entre copines, minaude éhontément la peste rousse, avec le sourire le plus faux qu'il soit.
Mae est trop interloquée par l'énormité du mensonge pour le nier, et l'homme prend son silence pour une approbation. C'est de toute façon plus simple et préférable pour tous les partis concernés, aussi difficile il soit d'admettre que la grande rousse a eu une bonne idée. Comment est-ce qu'elle aurait pu justifier calmement au directeur qu'elle a attaqué une autre élève parce qu'elle lui a dit sortir avec son meilleur ami uniquement pour l'embêter ? Personne ne croira jamais cette histoire. Il n'y a que dans les films qu'on est supposé voir des manigances aussi mesquines. Et pourtant, elle n'a pas imaginé ce que Degriff lui a dit…
Laissant la garce à frange s'en aller vers son prochain cours sans la retenir, l'enseignant incite Mae à entrer en classe du geste. La blondinette s'exécute, suivie par le reste de ses camarades, prenant soin d'éviter le regard de Nelson en allant s'asseoir. Son professeur lui a intimé de rester à sa place lorsqu'il a pour sa part couru au-dehors, mais ce qui vient de se passer reviendra bien assez tôt aux oreilles de l'adolescent. Et Mae n'a pas particulièrement envie de lire sa réaction sur son visage lorsque ça se produira. Elle ne sait pas ce qui la blesserait le plus, que sa colère augmente ou bien sa tristesse.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Alors ? Ça vous a plu ?