1x09 - Clé de voûte (10/18) - Décodage
Lorsqu'Aleksander fait irruption dans le bar où travaille Jena, presque tous les regards se tournent vers lui ; il n'y a pratiquement que des employés à cette heure-ci, et il ne ressemble qui plus est pas tellement aux clients habituels, trop âgé et trop propre sur lui. Étant donné sa situation géographique, le pub a en effet plutôt une clientèle étudiante.
L'ingénieur ne se formalise nullement de l'inspection, qui passe de toute façon très vite. Une fois que ses yeux se sont habitués au changement de luminosité par rapport à l'extérieur, il accorde un coup d'œil circulaire à la grande pièce, aussi bien pour découvrir l'espace que pour y repérer celle qu'il est venu voir. Il se dirige ensuite vers le bar, derrière lequel la petite amie de son fils est affairée à faire l'inventaire des bouteilles disponibles.
— Mr. Quanto ? elle l'accueille avec surprise d'abord puis avec le sourire.
Il a toujours cet effet ambivalent sur elle, d'à la fois la rassurer et la mettre mal à l'aise. Elle parvient cependant de manière générale à se focaliser sur le positif.
— Bonjour, Jena. Je pense qu'il est grand temps que tu m'appelles Alek, tu ne crois pas ? il commence, espérant faciliter la suite de la discussion par cette marque de rapprochement.
Parallèlement, il retire son manteau, qu'il pose soigneusement sur le tabouret voisin de celui sur lequel il choisit de prendre place.
— D'accord. Si vous voulez. Qu'est-ce qui vous amène ici ? l'interroge la barmaid, curieuse.
Elle ne savait pas qu'il connaissait seulement son occupation exacte, et encore moins le nom de l'établissement qui l'emploie. Elle suppose que c'est son fils qui l'en a informé. Elle se demande soudain s'il l'a également mis au courant pour le récent développement de leur relation, même si elle doute que ce serait l'objet de sa visite quoi qu'il en soit.
— J'ai des nouvelles qui je pense ne pouvaient plus attendre, le père de famille annonce doucement, cherchant encore les mots qu'il faut, bien qu'il ait commencé à réfléchir à cette conversation depuis quelques jours déjà.
— Soyez direct : est-ce que c'est l'anneau ? elle comprend immédiatement où il veut en venir, et ne veut pas faire traîner les choses en longueur plus que lui.
Si elle est responsable de l'accident de sa sœur, elle veut le savoir le plus vite possible.
— Oui, c'est l'anneau, il répond avec autant de franchise qu'elle l'a questionné.
Jena souffle lentement, la bouche en o, pour se remettre du coup de la révélation, et parvient à rester calme. Elle pose la tablette sur laquelle elle était en train d'entrer son inventaire devant elle puis amène ses deux mains sur le bord du comptoir, de part et d'autre de l'objet rectangulaire, bras tendus.
— Mais vous pouvez faire quelque chose, alors, pas vrai ? elle essaye de mettre les conséquences de cette découverte au clair avant de céder à la panique ou au désespoir.
Il lui avait donné les possibilités, il y a huit jours. Elle ne peut pas dire qu'elle n'a pas eu le temps de se préparer. Sauf que la vérité, c'est qu'elle a plutôt cherché à éviter d'y penser, notamment grâce à Markus, d'ailleurs.
— En fait, son accident ne s'est pas exactement passé comme je l'avais envisagé, admet le père de ce dernier, honnête.
— C'est-à-dire ? Jena l'incite à élaborer, incapable de ne pas se montrer pressante.
— Pour dire ça simplement, son système nerveux n'a pas été surchargé, mais téléchargé, il s'efforce de rester concis, par souci de clarté.
— Téléchargé ? Comme une appli ? plaisante alors la brunette, croyant simplement avoir mal compris le terme.
— Tu es assez proche de la vérité. Autant que je puisse en juger, la quasi-totalité de sa signature nerveuse a été traduite en un programme informatique sur son ordinateur, il révèle, luttant pour conserver un ton posé alors qu'il énonce cette prouesse technologique.
— Par l'intermédiaire d'une bague ? Jena se montre incrédule, ayant du mal à concilier ce qu'il lui raconte à la réalité.
— Oui, il confirme sans effusion.
S'il n'est certes pas évident de l'envisager par l'intermédiaire d'un accessoire comme celui-ci, le transfert de conscience n'est pas réellement une impossibilité, ou en tous cas moins que la communication entre une entité organique et un ordinateur purement mécanique, ce qui était a priori l'objectif initial de la bague. Les connaissances sur le cerveau humain sont en effet pratiquement exhaustives, et il est tout à fait possible d'égaler mécaniquement la capacité de traitement d'informations de cet organe pourtant époustouflant.
Cependant, c'est d'une part strictement interdit par l'acte de loi sur l'intelligence artificielle, qui condamne la création d'un programme aux compétences d'improvisation supérieures ou égales à l'esprit humain, et d'autre part jusqu'ici invariablement mortel pour le patient. Les individus qui ont donné leur corps à la science et dont l'empreinte cérébrale a pu être sauvegardée dans son intégralité n'ont hélas jamais survécu au processus de copie. Qui plus est les sauvegardes en question n'ont, malheureusement pour les scientifiques les ayant effectuées, jamais été fonctionnelles sur quelque plateforme que ce soit, ni même seulement exploitables. La conscience humaine ne fonctionne tout bonnement pas hors de sa matrice organique ou en tous cas ne survit pas au transfert d'un support à l'autre. Jusqu'à aujourd'hui, semblerait-il. Par erreur, en plus, puisque ce n'était pas le but premier de l'anneau étudié par le nanotechnologiste.
— Oh. D'accord. Mais ça veut dire que ça peut être… remis, non ? Si ça a été transféré, ça n'a pas été détruit ou endommagé. Et si ça a été traduit dans un sens, ça peut forcément l'être dans l'autre, non ? Jen tente de raisonner par rapport à ce qui vient de lui être dit, de manière un peu simpliste peut-être, mais pas absurde pour autant.
— J'aurais aimé que ce soit si simple. Mais une conscience traduite ne serait pas juste un programme ; ce serait un programme réactif, adaptatif, et surtout autonome. Le… signal — à défaut d'un meilleur terme — de ta sœur n'est plus sur son ordinateur. De ce que j'ai vu, il n'y est pas resté très longtemps. Maintenant, il pourrait avoir été détruit, ne pas avoir pu se maintenir, mais j'ai plutôt des raisons de croire qu'il est sur le réseau, le père de famille résume la situation du mieux qu'il peut.
— Vous êtes en train de me dire que la solution au coma de ma sœur pourrait être… sur Internet ? continue d'essayer de simplifier Jena, toujours cette touche d'incrédulité dans la voix, ce dont son interlocuteur ne peut pas la blâmer.
— Oui. Et… j'ai peut-être un moyen de la contacter, il propose, avec plus de réticence qu'auparavant car il est moins sûr de lui sur cette partie de son analyse que la précédente.
— De LA contacter ? la jeune femme ne peut pas ne pas souligner l'usage d'un pronom personnel et non impersonnel.
— À toute fin utile, ce programme EST ta sœur. Il contient tout ce qui fait d'elle qui elle est. Ses souvenirs, ses connaissances, ses compétences, sa personnalité, ses habitudes, … Tout, le chercheur justifie son choix sémantique.
Jen reste muette un court instant, enregistrant ce qu'il est en train de lui dire. Elle est partagée entre deux réactions : exploser de rire, le remercier de ses efforts, et aller cherche de l'aide ailleurs peut-être, ou bien lui faire confiance, en passant outre l'énormité de ce qu'il lui raconte, pour le bien de sa petite sœur à terme.
— En admettant que je monte dans le train de la folie avec vous, c'est quoi, votre plan ? elle finit par opter pour la seconde alternative, n'ayant rien à perdre.
— J'ai des raisons de penser qu'elle est déjà venue à moi, révèle l'ingénieur, grimaçant faiblement en s'entendant prononcer ces mots, se rendant bien compte d'à quel point ce qu'il a pourtant lui-même mis en évidence est difficile à croire.
— Vous plaisantez ? Jena laisse quant à elle carrément échapper un éclat de rire, cette fois, tant l'improbable de la situation monte en puissance.
Quelques-uns de ses collègues jettent un regard dans sa direction à ce son, mais décident qu'il n'y a rien d'anormal à l'échange qu'elle est en train d'avoir avec son visiteur. Ce n'est pas encore l'heure de pointe et pour le reste elle fait du bon travail. Ils n'ont aucune raison de l'empêcher d'avoir une conversation personnelle.
— Avant que tu ne viennes habiter chez nous, j'ai commencé à subir des intrusions dans mon laboratoire. Les lumières ont clignoté, mon code a clairement été consulté si pas altéré, et à un moment donné une image animée a surgi de nulle part. J'ai mis mes données en sécurité, par principe de précaution, mais comme rien n'avait jamais été endommagé, je n'y ai plus vraiment repensé. Sauf que, le jour de la prise d'otage, cette même vidéo sans son est apparue… avec les dates de naissance de Caesar et Mae. C'est à partir de là que j'ai commencé à m'intéresser de plus près à mon mystérieux hacker, aussi inoffensif soit-il, il explique, quelque part content de pouvoir enfin parler de tout ça avec quelqu'un.
Il n'en a pas même fait mention à Sam. Un informateur anonyme a prévenu la Police de la situation ce jour-là, et l'inspecteur aurait toutes les raisons de penser que c'est la même personne qui a contacté Alek. À compter de ce moment, il aurait catégoriquement refusé de creuser le sujet de son identité. Les sources anonymes se manifestent uniquement parce qu'elles se savent protégées. Une intrusion dans un complexe militaire est une autre histoire, mais Aleksander a difficilement plus confiance en ses collègues qu'en son petit frère.
— Et vous voulez me faire croire que ce hacker est ma sœur ? Ou son… Comment est-ce que vous avez dit ? "Signal" ? la barmaid reste bloquée dans cette incrédulité hilare, sans vraiment savoir comment elle se retient d'éclater ouvertement de rire.
— Le code laissé par mon visiteur est similaire à celui que j'ai trouvé dans l'anneau. Et les traces du transfert de ta sœur à son bureau sont les mêmes que celles que j'ai retrouvées dans mon propre système lorsque j'ai étudié les intrusions, il expose pour soutenir son hypothèse.
— Est-ce que ça pourrait être une coïncidence ? juge bon de demander Jena, frappée par la sérendipité de la situation.
D'après ce qu'il vient de lui raconter, il aurait été contacté avant de l'héberger, et bien avant qu'elle ne lui demande son aide pour sa petite sœur. Comment est-ce que Caroline, si c'est bien elle, aurait pu savoir que c'est à lui qu'elle devait s'adresser ? Sur quels critères a-t-elle pu baser son choix d'interlocuteur ?
— Répliquer un signal aussi complexe serait impossible. Sans compter qu'à moins que tu m'aies caché quelque chose d'important, personne ne devrait pouvoir ne serait-ce que suspecter ce qui est arrivé à Caroline, assure Alek, retrouvant un ton confiant alors qu'il écarte la possibilité d'un faussaire.
On ne peut pas falsifier quelque chose dont on ne connaît pas l'existence, c'est aussi simple que ça.
— D'accord, et donc… Quoi ? Vous voulez… lui laisser un message, en espérant qu'elle repasse par chez vous ? la jeune femme essaye de deviner la suite des évènements.
— En fait, suite à ses visites, j'ai trouvé un fichier encodé dans mon système. J'ai eu du mal à le décrypter mais j'ai fini par y déterrer un formulaire d'identification avec une énigme, explique l'ingénieur, s'approchant dangereusement des limites de ses connaissances sur le sujet, à présent.
— Une énigme ? relève la barmaid, prise de vertiges qu'elle devine semblables à ceux qu'aurait ressentis Alice en tombant dans le terrier du lapin blanc, si elle avait existé.
— Est-ce que la phrase "Meet Me Up At Night" signifie quelque chose pour toi ? lui demande le quadragénaire, d'un ton égal.
— Er… Non, pas spécialement. C'est une énigme, ça ? elle s'étonne, ne trouvant pas que cette simple phrase ressemble de près ou de loin à une question.
Et quand bien même, ça ne ressemble pas à quelque chose que sa sœur dirait. Elle ne lui parle que par écrit, mais elle pense qu'elle saurait si la jeune fille était du genre à donner des rendez-vous nocturnes à qui que ce soit.
— "up" est transcrit par un accent circonflexe, "at" par le symbole arobase, et "night" est épelé N-I-T-E. J'ai d'abord pensé que cette typographie n'était qu'une question de simplicité ou de difficulté d'expression, mais peut-être que ce n'est pas le cas. Ça t'inspire plus ? Alek change d'approche.
— Non, pas du tout, Jena reste malheureusement perplexe, secouant la tête à la négative.
Les énigmes et les codes n'ont, dans son souvenir, jamais vraiment été le truc de Caroline. Elle a toujours préféré les poupées aux puzzles. Elle a bien grandi, depuis la dernière fois qu'elle l'a vue — réveillée du moins —, mais elle ne pense pas qu'elle ait pu changer aussi fondamentalement. Elle aime les jeux de stratégie, à ce qu'elle sait, mais c'est assez éloigné de la résolution d'énigmes.
— Peut-être que Nite n'est pas forcément à comprendre comme la nuit le moment de la journée, mais peut-être comme un chevalier, à cheval et en armure. Quoique je ne vois pas trop où ça me mènerait non plus, mais on ne sait jamais, l'ingénieur partage l'homophonie à laquelle lui a fait penser Caesar, se disant que si ça ne l'a pas vraiment avancé lui, la jeune femme sera peut-être plus inspirée.
Aussi, il n'a rien à perdre, puisqu'ils sont à une impasse. Il a brièvement songé à tenter toutes les combinaisons possibles pour déverrouiller le fichier, mais n'a pas eu de mal à établir que des tentatives répétées engendreraient la destruction du contenu. Depuis qu'il a fait le lien entre Caroline et le code, il se dit que la solution réside dans quelqu'un qui connaît personnellement la jeune fille, et sa dernière chance est donc sa grande sœur en face de lui.
— Les échecs ! Un cavalier d'échecs ! s'exclame soudain Jena, levant brusquement les mains de là où elles étaient posées.
Elle attire malgré elle une fois de plus l'attention de l'un de ses collègues, même si toujours sans le remarquer. Il la regarde bizarrement une petite seconde, avant de retourner à sa tâche de nettoyer une table.
— Un rapport avec ta sœur ? s'enquiert Aleksander, l'esprit ouvert, au point où il en est.
— Oui ! Elle adore ce jeu ! Elle s'est fait tatouer une tête de cheval sur la cheville, parce qu'apparemment le cavalier est la seule pièce à pouvoir… je sais plus quoi. Et puis, ça ressemble à un poney, pour ne rien gâcher, la barmaid explique son illumination, un sourire éberlué aux lèvres, n'arrivant pas à croire qu'elle a trouvé la solution.
Personne ne sait pour ce tatouage à part elle. L'adolescente a même réussi à le cacher à ses parents. Sa sœur est la seule personne à qui elle en ait fait la confidence, pas même ses meilleures amies.
— C'est la seule pièce à pouvoir passer au-dessus des autres pièces. Peut-être que le déplacement d'un cavalier pourrait nous fournir un code à quatre caractères, mais sur quelle grille ? le professeur construit à partir de ce nouvel élément.
Il n'aurait pas pensé que l'adolescente fasse référence aux échecs, même lorsque Caesar a mis en évidence la polyphonie de "nite". Peut-être même justement parce que son fils l'a mis en évidence, d'ailleurs. Quelles étaient les chances qu'il ait vu juste par pur hasard ?
— Un digicode. C'est comme ça qu'on verrouille les choses, non ? répond immédiatement Jena, avec un haussement d'épaules, comme si ça coulait de source.
— Un digicode ? Je suis surpris que tu saches seulement de quoi il s'agit. Et d'autant plus Caroline, s'étonne l'ingénieur.
La plupart des gens écrivent au lieu de taper, quand ils n'utilisent pas une identification biométrique. Alek a des collègues de son âge et son niveau d'études qui ignorent tout de ce type de clavier désuet. Et de la plupart des autres types de claviers, sans doute. De nos jours, la programmation réside plus dans l'algorithmique que le langage utilisé.
— Et pourtant je connais ça, et je sais que Caroline aussi. Donc comme il nous faut une grille de caractères… insiste Jena, sûre d'elle pour la première fois depuis le début de la conversation.
— Très bien. Un cavalier avance de deux cases dans une direction puis d'une autre dans la perpendiculaire. Sur un pavé numérique de 10 cases chiffrées, ça laisse de nombreuses trajectoires possibles, même en connaissant la case de départ, poursuit alors Alek, cartésien.
— Meet me UP. Donc on doit monter, non ? On part du bas, propose Jen, tout naturellement.
— Zéro ? Ou bien 7, 8, ou 9 ? demande l'ingénieur, exhaustif.
— Zéro, confirme la jeune femme, ne comprenant pas pourquoi il tient à compliquer la chose.
— Tu es sûre ? il insiste, la scrutant de son regard marron.
— Si c'est vraiment ma sœur qui a conçu cette énigme, oui. Elle ne compliquerait pas le truc plus que nécessaire. Elle aime les échecs, pas les Maths, elle défend sa réponse.
— D'accord. Mais il faut encore décider d'une trajectoire. Gauche ou droite ? l'interroge alors le professeur, s'en remettant à son jugement.
— Son tatouage est à l'intérieur de sa cheville… droite, donc quand elle marche, il part plutôt vers la gauche. On prend la gauche, elle réfléchit tout haut.
— Ce qui donne… 0, 8, 5, 4, transcrit Aleksander, ne discutant plus le raisonnement de la brunette.
— D'accord. Donc vous allez entrer ce code, et après ? elle demande cependant, son expertise touchant à sa fin.
— Je n'en ai pas la moindre idée. Clairement, puisque ta sœur est à l'hôpital, ça ne va pas inverser le processus. Mais ça pourrait nous aider à déterminer comment le faire. Ou peut-être que c'est juste un message. Si elle a pris la peine de protéger ce qui se cache derrière ce formulaire, c'est sans doute que c'est important. Quoi qu'il en soit, je ne vais évidemment rien faire sans ta présence, ne peut que répondre l'ingénieur, admettant son ignorance avec candeur.
— Je… ne sais pas trop ce que je suis censée faire, là, elle lui avoue, les vertiges d'un peu plus tôt revenant à la charge.
Chercher à résoudre cette énigme lui a fait oublier l'étrangeté de la situation l'espace de quelques instants. Mais maintenant qu'elle est à nouveau confrontée à la réalité, aussi fantasque soit-elle, elle n'est tout à coup plus aussi téméraire.
— Tu as beaucoup d'informations à assimiler. Et tu peux prendre tout le temps que tu veux pour y réfléchir. L'état de ta sœur est stable, sur tous les plans. Rien ne presse, l'assure Alek, bienveillant.
— D'accord. Merci, elle répond simplement, prenant une inspiration un peu plus grande que nécessaire peut-être, pour calmer ses nerfs.
— Mais il n'y a pas de quoi, Jena. À bientôt, il lui offre en guise de salut, avec un sourire chaleureux.
Récupérant son manteau à côté de lui, il la quitte ensuite avec un hochement de tête, la laissant pondérer tout ce qu'il vient de lui apprendre. Il doit de toute manière pour sa part retourner au laboratoire, afin d'éviter d'être en retard et ainsi écoper de nouvelles questions de ses collaborateurs. Et elle pourrait elle-même finir par s'attirer des ennuis si elle ne finissait pas à son inventaire à temps pour le service du soir.
Secouant la tête pour revenir à sa tâche, Jena récupère la tablette qu'elle avait posée devant elle, puis s'efforce de se concentrer sur l'exercice de comptage qui lui a été attribué. Mais sa petite sœur est un programme informatique, comme est-elle supposée agir comme si de rien n'était en sachant ça ? Comment est-elle seulement censée accepter que c'est sa nouvelle réalité ?
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