1x08 - Désynchro (6/16) - Vampirisme

Juste avant d'aller déjeuner, Jack et Caesar passent à l'infirmerie, pour s'assurer que tout est en ordre suite à leur collecte de sang de la semaine dernière. Leur présentation de biologie est maintenant dans huit jours, et tout ce qu'il leur manque sont des résultats obtenus par eux-mêmes. Ils avaient donc compté commencer leurs expériences ce soir, afin d'être sûrs d'avoir terminé avant la fin du délai imparti, le Mardi suivant. Non pas qu'ils ne sachent pas par avance ce qu'ils doivent obtenir, mais autant faire les choses bien si on en a la possibilité.

Comme l'avait prévu le petit génie, son ami n'a pas eu de meilleure idée d'expérience que la sienne, et ils ont donc suivi sa proposition première, d'étudier la coagulation du sang et les différents facteurs capables de l'affecter. L'infirmier du lycée a même été aussi enthousiaste à l'idée de les aider que l'avait anticipé Jack. Parfois, le grand brun se demande si son camarade n'a pas un peu des visions du futur, avant de se résoudre au fait que les gens sont tout simplement extrêmement prévisibles, lorsqu'on dispose de la mémoire et de la capacité de calcul d'un superordinateur.

— Hey, Holden ! s'exclame le blondinet en entrant, comme à son habitude, brusquement et sans frapper.

Puisque le trentagénaire a offert à certains élèves de l'appeler par son second prénom, lors de ses sessions d'évaluation pour la cellule de soutien, l'information est vite revenue aux oreilles du surdoué. Non pas qu'il ne connaissait pas déjà carrément son identité complète, avec sa nature curieuse, ses capacités d'effraction, et sa tendance à s'ennuyer, mais il préfère ne pas divulguer qu'il a fouiné, comme il l'a déjà démontré avec son meilleur ami. Il a en plus pour cet adulte en particulier justement un peu le même respect qu'il a pour Caesar, puisqu'il est l'une des rares personnes de son âge qui s'émerveille encore de ses capacités cognitives sans pour autant s'en sentir menacé.

— Bonjour, Jack. Caesar, l'infirmier accueille les deux adolescents avant même de se retourner vers eux, occupé à verrouiller une armoire à pharmacie au moment de leur arrivée.

Il ne tient pas rigueur de l'interpellation familière. Il a donné son prénom justement pour que les élèves de l'établissement se sentent à l'aise pour venir lui parler. C'était déjà le cas du jeune prodige, mais pourquoi créer un double standard sans raison véritablement valable ? D'autant qu'il se rend compte qu'être appelé Monsieur l'embêtait finalement plus qu'être hélé de la sorte.

— Bonjour. Vous avez fini les analyses ? salue et demande le grand brun, comme toujours faisant preuve de beaucoup plus de retenue que son camarade.

L'organisation de la collecte de sang dont ils avaient besoin n'a pas été difficile, les quantités suffisantes à leur expérience bien moins importantes que celles qui seraient prélevées dans le cadre de dons à visée médicale. Après avoir lancé l'appel au volontariat, l'infirmier s'est lui-même chargé de la récolte, offrant aux courageux bénévoles une pâtisserie maison, en vérité très heureux à l'idée de réutiliser cette compétence dans des circonstances un peu plus joviales que celles d'une cellule de crise. Cependant, dès qu'un fluide corporel est concerné, et quelles que soient les quantités prélevées, il faut tout de même procéder à quelques vérifications avant de laisser qui que ce soit et particulièrement des élèves manipuler les échantillons, par principe de précaution. Ce sont à ces analyses que Caesar fait référence.

— Oui ! J'ai lancé tout ça Vendredi soir, et j'ai vu que c'était fini en arrivant ce matin, confirme l'adulte, récupérant la tablette qui repose sur son bureau et se rapprochant de ses visiteurs.

— Bilan ? On a le feu vert ? s'enquiert Jack, pas réputé pour sa patience.

— Je n'ai pas encore regardé, mais je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas, répond Holden, souriant alors qu'il tapote sur la surface qu'il a entre les mains, afin d'accéder aux comptes rendus qu'il recherche.

À moins qu'un élève ait contracté quelque chose depuis sa dernière visite médicale annuelle, il n'y a en effet aucune raison pour que les tests génériques effectués par le soignant ne révèlent quoi que ce soit. C'est pour ça qu'il ne s'est pas précipité sur les résultats en arrivant ce matin, en plus du fait qu'une épidémie de nausées s'est propagée dans une classe, lui valant d'être assez occupé avec plusieurs patients, présentement pour certains encore dans l'arrière-salle.

— Tiens… C'est bizarre, il murmure en fronçant tout à coup les sourcils, après une courte minute durant laquelle les deux adolescents ont attendu sagement son verdict.

— Quoi d'neuf Docteur ? lui lance Jack pour savoir ce qui ne va pas, usant d'une vieille phrase d'accroche d'un lapin de cartoon.

La première fois qu'il l'a utilisée, Uglow l'a corrigé en lui rappelant qu'il n'est pas docteur mais seulement infirmier. Depuis l'explication succincte et surtout incrédule reçue à cette occasion, il s'est néanmoins habitué à ne plus relever l'erreur intentionnelle.

— Le compte n'est pas bon, annonce le trentagénaire, faisant défiler du doigt les divers documents contenant le nombre d'échantillons qu'il a collectés.

— Dracula ? poursuit le blondinet sur sa lancée humoristique, tandis que Caesar rejoint l'infirmier dans son expression perplexe.

— Huh ? Holden ne peut pas se retenir de demander, cette fois, levant le menton de sa lecture.

— Fioles de sang manquantes, vampire, compte, conte, Dracula. Vous et la pop culture, ça fait trois, pas vrai ? l'adolescent reconstruit un raisonnement qui lui semble clairement accessible même au commun des mortels.

— Rigole pas, c'est sérieux ! lui intime Caesar, à son regard reconnaissant la qualité de sa blague mais voulant tout de même lui rappeler que ce n'est pas le moment de plaisanter, s'il y a vraiment une incohérence dans l'effectif de leur collecte.

— Très bien ! Qu'est-ce qui a pu se passer ? le blondinet s'efforce donc de se montrer raisonnable.

— Je ne sais pas. Tout est fermé, ici, et je ne vois de toute façon pas qui voudrait voler 10mL de sang. Ou même pourquoi. Mais mon inventaire me donne un nombre de prélèvements inférieur à celui que j'aurais juré avoir noté Vendredi soir, donc… l'infirmier élabore ce qui le dérange, le pli de son front s'accentuant dans sa réflexion.

— De combien ? demande Caesar, se voulant pragmatique.

— Un. 10mL est un seul tube, répond Holden.

— Peut-être que vous vous souvenez mal, propose Jack, qui a trop bien appris à sous-estimer les capacités mentales des gens, et voit donc cette explication comme la plus probable, pour une fois sans se vouloir vexant.

— Peut-être… Quoi qu'il en soit, les résultats des analyses sont normaux. Je vais vous préparer les produits dont vous allez avoir besoin pour vos expériences, et vous pourrez commencer ce soir comme prévu. Revenez dans l'après-midi, d'ici là je devrais avoir élucidé ce mystère, Uglow décide de clore la discussion, sans prendre ombrage de la suggestion de l'adolescent, pas forcément absurde, si un peu effrontée.

— D'accord. Merci. À tout à l'heure, le remercie Caesar, avant de le saluer du menton et de commencer à reculer vers la sortie.

Jack se contente pour sa part d'accorder à l'infirmier une sorte de salut militaire approximatif, avec deux doigts seulement, avant de disparaître par la porte, suivi de près par son camarade. Il le laisse toujours ouvrir la voie, mais en l'occurrence il y a aussi du fait que l'adolescent s'en veut un peu d'être à l'origine d'un problème et de ne pas rester pour aider à le résoudre. Holden leur a déjà été d'une grande assistance jusqu'ici, alors qu'il n'y était aucunement obligé. Il aimerait bien lui revaloir ça, d'une manière ou d'une autre.

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