1x08 - Désynchro (12/16) - Apprivoisement
Le bilan de cette rentrée des classes est mitigé pour Nelson. D'une part, il a la fille la plus populaire du lycée à son bras, et aussi amusant c'était de rester dans leur petit cocon de confidentialité, il est d'une certaine façon assez content de ne plus avoir à se demander comment il va annoncer sa relation à ses amies. Relation qui va par ailleurs bien.
D'autre part, l'adolescent est cependant très attristé par la réaction de ses sus-citées camarades à l'annonce en question. La crise de Mae était en partie compréhensible, puisqu'elle n'a pas découvert la situation dans les meilleures conditions, mais il pensait vraiment qu'Ellen se montrerait un peu plus raisonnable, ou en tous cas pas aussi tranchée dans son opinion.
Le Lundi précédent, il est arrivé dans le couloir devant la salle de leur premier cours de la journée justement au moment où la petite blonde était en train de raconter ses aventures du week-end à la marginale. Et il a vu les traits de son amie se décomposer à vue d'œil avant qu'elle ne le foudroie d'un regard d'une noirceur qu'il ne lui avait jamais connue. Il a même vu Mae la retenir par le bras ensuite, avant de secouer la tête à son intention, pas seulement par réprobation mais surtout pour le dissuader d'essayer de plaider sa cause.
Après avoir subi ce type d'œillades mauvaises de la part d'Ellen toute la semaine passée, il a presque été soulagé de la trouver indifférente aujourd'hui. Suffisamment soulagé pour céder à l'envie d'un rapprochement, à la fin des cours.
Sa tentative optimiste se résout hélas par un échec cuisant, ses deux ex-acolytes l'esquivant avec panache après leur séance d'arts plastiques, qui termine comme chaque Lundi la journée.
Alors qu'il est encore planté dans le couloir, la tête basculée en arrière à se morfondre, des mains féminines parfaitement manucurées viennent se glisser autour de sa taille, le ramenant à la réalité :
— Coucou, bébé, la salue sa petite amie, le faisant se tourner vers elle pour pouvoir l'embrasser.
— Hey, il lui renvoie après avoir rompu le contact, bien que gardant un bras autour d'elle.
— Qu'est-ce qui t'embête ? elle s'enquiert, doucereuse.
— Toujours la même chose. Elles ne veulent même pas m'écouter, il se désole, avec une moue adaptée.
— Pour la énième fois, c'est leur perte, pas la tienne, s'agace presque la rouquine, son ton se durcissant.
— Tu sais que tu n'aides pas ton cas, là ? lui fait remarquer le jeune homme, haussant un sourcil.
— Et je continue à me demander pourquoi j'ai seulement besoin d'en construire un, elle se défend sans sourciller, et pas nécessairement à tort.
Son petit ami ne trouve rien à répondre à cette remarque. Il est vrai que personne ne devrait jamais avoir à se justifier sans avoir commis de faute. Et Mae et Ellen n'ont rien de concret à reprocher à l'adolescente à frange.
Alors que le couple se dirige d'un accord tacite vers la sortie de l'établissement la plus proche, se tenant par la taille, ils croisent le professeur de Mathématiques du garçon, en pleine conversation avec son colocataire, Ben, bien qu'ils ignorent l'un comme l'autre ces deux derniers détails. Le débat des deux hommes est moins animé que celui que le motard entretenait avec Andy au matin, surpris par Mae et Ellen, mais ce n'est peut-être dû qu'au fait que la conversation a lieu en intérieur.
Bien élevé, Nelson salue tout de même Strauss du menton, geste que l'enseignant prend soin de lui rendre quoique sans interrompre son échange. De toute manière, les deux ados sont trop éloignés et le ton de la discussion est trop bas pour qu'ils puissent l'entendre, et donc que leur présence n'impose le silence aux deux adultes.
— Tu sais, tu m'as toujours pas dit pourquoi tu pleurais, ce matin-là, fait soudain remarquer Nels à sa compagne, repensant à la toute première fois où il lui a adressé la parole, devant la classe du mathématicien, justement.
— Huh ? ne le suit pas la rouquine, bien qu'elle regarde dans la même direction et partage forcément le souvenir auquel il fait référence.
— Le jour où j'ai osé te parler, il tente de lui rafraîchir la mémoire, avec autant de diplomatie que possible.
— On avait dit qu'on ne parlait pas de ça, la rouquine clôt immédiatement le débat, sans la moindre hésitation une fois qu'elle a compris ce dont il était question, et sans même prendre la peine de reporter son attention vers son interlocuteur, toujours à épier le professeur et son invité, par-dessus son épaule.
— J'ai promis de n'en parler à personne d'autre. Et je tiens parole. Mais j'aurais pensé que maintenant tu me ferais suffisamment confiance pour en discuter, il ose insister, inconsciemment en manque du libre-partage d'informations qu'il a toujours eu avec Mae, puis plus récemment avec Ellen.
Si les trois camarades ne se disaient pas systématiquement tout – la preuve en ayant été faite par sa propre relation à la jolie rousse mais aussi celle entre la marginale et le porteur du nom de plume FYI –, ils répondaient toujours honnêtement à une question qu'un autre leur posait directement. Et malheureusement, l'adolescent n'a pas du tout cet arrangement implicite avec sa petite copine.
— C'est pas une question de confiance. J'ai juste pas envie d'en parler, elle persiste à refuser de lui répondre, ramenant enfin ses grands yeux bleus fardés aux siens, le temps d'une seconde.
— D'accord. Mais si tu veux t'ouvrir, je suis là, tu sais, il offre alors, déçu mais compréhensif.
Il a appris à la connaître, depuis l'Incident et ce jour fatidique où elle est venue le voir en disant vouloir s'améliorer. Et il pense sincèrement qu'elle a fait des progrès. Néanmoins, on ne fait pas fondre une reine de glace du jour au lendemain.
— Je sais. Et c'est adorable de ta part, elle le remercie, resserrant son emprise de son bras autour du sien et venant appuyer sa tête sur son épaule.
Rassuré, Nelson achève de l'accompagner jusqu'à la sortie sans plus rien ajouter. Une fois au-dehors, ils se séparent, habitant chacun dans une direction opposée de leur lycée. Et comme chaque fois qu'il a fait le chemin avec elle jusqu'à cet endroit, depuis qu'ils ont rendu leur relation publique, l'adolescent se retourne après quelques secondes pour pouvoir la regarder s'éloigner. Il espère toujours un peu la surprendre à faire la même chose, mais il semblerait que ce ne soit pas non plus pour aujourd'hui.
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