1x07 - Mauvais esprit (11/15) - Dispersion
Jena ressort du bureau d'Aleksander pas très longtemps après que Caesar et Markus ont fini leur conversation sur l'avenir proche du plus jeune. Lorsque la porte du laboratoire s'ouvre enfin et que la jeune femme apparaît, l'étudiant bondit sur ses pieds, incitant le lycéen à discrètement s'en aller dans sa chambre, pour leur laisser un peu d'intimité. Il lève les yeux au ciel mais n'émet aucun commentaire. Son frère a toujours agi bizarrement autour des jolies filles.
La brunette referme derrière elle, laissant l'ingénieur à sa tâche, et sourit doucement à son ami, qui attend avec impatience qu'elle lui dise tout. Elle est restée avec son père plus longtemps qu'il ne l'aurait pensé, et il commençait à s'inquiéter, et ce malgré la distraction présentée par la conduite d'un dirigeable numérique.
— Alors ? Comment ça s'est passé ? il l'interroge, pressant.
— Bien. Il a accepté de m'aider. Et il a même préféré ne rien savoir, même s'il se doute qu'il y a quelque chose, elle lui annonce, lui tirant un soupir de soulagement et un grand sourire.
— Les chiens ne font pas des chats ! il déclare, content que son père en soit arrivé à la même décision que lui.
Il n'en a douté qu'une minute, mais c'est la faute de Rob, pour lui avoir rappelé qu'en toute objectivité, la marche à suivre aurait dû être la délation. Et l'ingénieur est effectivement très prompt au raisonnement cartésien, par définition sans émotion. Ce que paradoxalement son fils a oublié à cause de sa sensibilité. Même si en l'occurrence il aura eu raison.
— Je suis désolée, pour avoir été un peu… agressive, tout à l'heure. Je sais que tout ce que tu cherches à faire c'est m'aider, je sais pas pourquoi j'en ai douté une seconde, la jeune femme s'excuse de son comportement d'un peu plus tôt, se rendant bien compte qu'il a dû sembler excessif sur les bords.
— Ne t'en fais pas pour ça. Je comprends que tu sois un peu sur les nerfs, il se montre compréhensif, incapable de savoir ce qu'il ferait à la place de la jeune femme, pris entre deux feux de la sorte.
— Le truc c'est que… je suis pas la seule en danger, tu vois ? Ils m'en voudraient s'ils découvraient ce que je leur ai pris, mais c'est rien à côté de ce qu'ils pourraient faire à Caro en apprenant que leur gadget lui a fait quelque chose, elle ajoute à son angoisse pourtant déjà légitime.
— Er… Je ne sais pas si qui que ce soit voudrait une bague qui plonge son porteur dans le coma sans sommation, le jeune homme tente de détendre l'atmosphère.
— Tu serais surpris, le met en garde la brunette, sérieuse elle, comme si elle savait quelque chose qu'il ignore.
— D'accord, mais même si effectivement le cas de Caroline intéressait ces mystérieux scientifiques fous, tu ne crois pas que ce serait plus simple pour eux de hacker son dossier médical que de la kidnapper ? il essaye donc d'appliquer une logique au raisonnement de criminels, puisque la plaisanterie ne porte pas ses fruits pour apaiser les craintes de son interlocutrice.
— Encore une fois, tu serais surpris, Jena se répète, sans se défaire de ce pli sur son front.
Avant que Mark n'ait le temps de rebondir, ces insinuations l'amenant à partager l'inquiétude de son interlocutrice alors qu'il était parti pour la rassurer, Mae apparaît soudain à travers l'encadrement de la porte, dans le couloir. Elle se dirigeait visiblement vers le salon, mais s'arrête en découvrant les deux jeunes gens en pleine conversation. Un sourire étire ses lèvres lorsqu'elle reconnaît leur invitée, qu'elle déplorait justement ne pas avoir vue depuis longtemps la veille encore.
— Hey, Jen ! Je savais pas que t'étais là, elle la salue, faisant un pas dans la pièce.
Elle jette un regard en biais à son frère, se demandant s'il avait encore l'intention de lui cacher la visite de la jeune femme, comme hier. Il ne peut pas manquer cette œillade, mais est encore trop perturbé par la conversation qui vient d'être interrompue pour en renvoyer une cohérente.
— Hey, Mae. La forme ? répond Jena, tout aussi heureuse de revoir l'adolescente que celle-ci est contente de la trouver là, toute trace d'anxiété envolée de son visage comme par magie.
— J'ai perdu ma montre. Vous l'avez vue ? enchaîne la petite blonde, clairement lancée dans cette recherche précise.
— Er… Non, je ne crois pas. Quand est-ce que tu te souviens l'avoir eue pour la dernière fois ? Markus lui vient en aide, procédant par ordre.
— Je me vois la mettre en sortant de la douche, après ma course, hier matin, lui apprend Mae, l'air sûre d'elle.
— Tu as regardé dans la cuisine ? Parce que tu y as mis un sacré bazar, hier aprèm, propose son frère, se souvenant l'avoir vue dans cette pièce, de la farine jusque derrière l'oreille.
— Et ça n'en valait pas le coup, peut-être ? tique immédiatement la petite blonde, le dévisageant avec un regard plissé, mains sur les hanches, prête à se vexer.
— Tes cookies sont délicieux, tu le sais, mais ce que j'essaye de te dire c'est que peut-être tu l'as enlevée pour cuisiner et que tu l'as rangée sans le faire exprès avec un ustensile quelconque, Mark recadre sa suggestion, habitué au tempérament fougueux de sa sœur.
— Bien tenté, mais j'y ai déjà pensé. C'est le premier endroit où j'ai regardé après ma chambre, elle écarte cependant son hypothèse.
— Et tu n'es pas ressortie après mon départ ? il poursuit son raisonnement chronologique, repassant la journée de la veille dans sa tête.
— Si, mais… Mae commence à répondre puis s'interrompt, semblant rechigner à envisager d'avoir pu perdre sa montre à l'endroit dont il est question.
— Mais quoi ? son frère l'incite à continuer, commençant à se demander ce qui la rend si agacée par l'égarement d'un accessoire qu'elle porte plus par habitude que par véritable nécessité.
D'abord elle redécore sa chambre, activité d'ordinaire reprise à une fréquence plutôt annuelle, autour des vacances d'Été, et maintenant ça. Quelque chose la tracasse.
— Je peux pas retourner là-bas, l'adolescente termine sa phrase, sans pour autant réellement expliquer l'origine de cette impossibilité.
— Pourquoi pas ? s'enquiert Jena à la place de Markus, entraînée dans la conversation.
— Parce que… je me suis pris la tête avec Nelson, avoue finalement Mae, tirant la langue tant elle n'aime pas cette idée.
— Oh. Donc il y a autre chose qui t'embête à part l'absence de ta montre, conclut Mark tout haut, quelque part content de ne rien s'être imaginé.
— Je suis pas embêtée ! Ça va lui passer. Ma montre, en revanche, ne va pas réapparaître toute seule ! se défend sa sœur, à deux doigts de taper du pied pourtant, confirmant malgré elle que son obsession n'est qu'une façon de ne pas penser à sa querelle avec son meilleur ami.
— Si tu l'as vraiment égarée dehors, peut-être que ce n'était pas sur le pas de sa porte. Tu devrais quand même retracer tes pas, ne serait-ce que pour avoir la conscience tranquille, lui conseille gentiment Jena.
— En plus, tu n'es pas encore aller courir, aujourd'hui, ajoute Markus pour soutenir cette idée, bien qu'elle soit suffisamment pertinente à elle seule.
— Comme je l'ai dit à Caes ce matin, je vais diminuer mon régime de jogging, je pense. Mais je vais faire ça quand même. Juste après avoir regardé dans le salon, Mae ne négocie qu'à moitié face à ses aînés, avant de mettre son plan à exécution et tourner les talons vers la pièce d'à côté.
— Je devrais y aller aussi. Je reprends du service ce soir, Jena profite de cette décision pour annoncer son propre départ de la maison.
— Pourquoi est-ce que toutes les filles de ma vie s'en vont toujours ? se plaint faussement Markus, récoltant un léger coup sur le bras, qu'il accueille avec un cri muet de douleur.
— Sois pas un bébé ! On se voit bientôt, le rassure la jeune femme en riant, secouant la tête à son humour idiot.
Il la raccompagne jusqu'à la porte d'entrée, depuis l'encadrement de laquelle il la salue. Il la regarde ensuite disparaître derrière les arbres qui bordent la rue, bien qu'ils n'aient pas encore commencé à reprendre leur feuillage, comme il l'a déjà fait la veille.
En fermant derrière lui, Mark se masse tout de même le deltoïde, étonné d'à quel point le coup de son amie, pourtant inoffensif, l'a réellement laissé endoloris. Secouant à son tour la tête, à sa propre faiblesse cette fois, il retourne alors travailler dans sa chambre, se sentant de nouveau opérationnel maintenant que ce moment de tension est passé. Selon ce que son père va découvrir en étudiant l'anneau, ils ne sont peut-être pas encore sortis de l'auberge, mais qu'il accepte de le faire sans passer par l'hôpital est déjà un premier obstacle de franchi.
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