1x06 - Jolis Cœurs (6/16) - Petits chimistes
Toujours dans la chambre de Jack à plancher sur leur projet, Caesar et le jeune prodige écrivent et dessinent en silence, le premier installé au bureau et le second assis contre le mur de l'autre côté de la pièce. L'atmosphère est restée tendue depuis la révélation de l'intrusion du petit blond dans les affaires de son camarade. Ils ont tout de même réussi à avancer dans leur travail, mais d'après les regards furtifs que Jack lance régulièrement vers son ami, il ne compte pas laisser les choses comme elles sont.
— Tu sais où on pêche ? il essaye d'engager la conversation.
— En sociabilité ? lui répond Caesar.
Il a eu ce type de répliques piquantes depuis tout à l'heure, que le petit blond a jusqu'ici choisi de ne pas relever, autant parce que ça ne le touche pas vraiment que parce qu'il sait que son ami en a besoin. À chaque fois qu'il fait un faux pas qu'il ne comprend pas, il laisse râler les gens, c'est généralement la meilleure façon de gérer la situation. Bien que la méthode traîne en longueur, en l'occurrence. Caesar en particulier a beaucoup de mal à garder rancune très longtemps. Ce qui rend cette période de froid particulièrement difficile à supporter pour celui qui en est la cible, justement.
— En expérimentation. Il en faut une dans le rapport, il rappelle les consignes de leur exposé.
— C'est débile. Comment tu veux que le groupe qui traite de la naissance fasse une expérience ? proteste Caesar, songeant au groupe de jeunes filles qui ont voulu parler bébés.
— En si peu de temps, je ne vois pas non plus, plaisante à moitié le blondinet.
— Tu es dégoûtant, lui jette son ami, levant les yeux au ciel.
— Écoute, elles se débrouillent comme elles veulent, nous, on devrait pouvoir faire un truc, non ? il insiste sur le but premier de son intervention.
— Er… sèche Caes, tapotant le bord du bureau avec son stylet pendant qu'il réfléchit.
— On pourrait faire un truc avec la coagulation. On organise une collecte de sang dans le lycée, pour avoir un échantillon significatif, et on joue dessus avec des drogues, offre Jack, qui avait clairement l'idée depuis longtemps mais voulait faire participer son camarade.
— Ça semble compliqué, rechigne le grand brun, plus par principe qu'à cause d'une objection réelle à la proposition.
— Au contraire. Je suis sûr qu'Uglow sera plus que content de nous filer un coup de main, argumente le petit génie, sans se rendre compte que sa mention de l'infirmier fait rappel à ce qu'il essaye justement de faire oublier à celui à qui il s'adresse.
— On n'aura qu'à lui demander ça Lundi. Ça nous empêche pas de réfléchir à autre chose d'ici là, Caesar clôt alors la discussion.
Jack n'acquiesce que d'une vague onomatopée. Il sait qu'il va obtenir gain de cause, au final, mais ce n'est pas cette victoire qu'il recherchait. Il voulait faire réagir Caesar, relancer le dialogue. Au lieu de ça, le grand brun semble encore plus renfermé qu'avant. Le blondinet va devoir attendre encore un peu avant de tenter une nouvelle approche.
Maintenant il se souvient pourquoi il ne s'est jamais vraiment fait d'ami avant cette année, en plus de son caractère rébarbatif et de ses durées de séjour réduites : obtenir le pardon de quelqu'un est exténuant. Sans compter inutile, puisque dans le fond il n'a pas réellement besoin de qui que ce soit pour survivre. Que Caesar soit devenu une part aussi intégrante de son existence l'agace un peu, mais d'un autre côté l'intrigue suffisamment pour qu'il s'astreigne aux contraintes que ça engendre.
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