1x06 - Jolis Cœurs (5/16) - Anniversaire

Sam et Patrick sont encore en train d'éplucher, pour la deuxième voire troisième fois, des vidéos de surveillance. L'un s'occupe de celles sur lesquelles est apparu leur victime, jusqu'à un mois avant sa mort, et l'autre de celles qui concernent la scène du crime, sur la même période. Même si Joseph Pierce était une cible d'opportunité, un tel niveau de sophistication nécessite un minimum de repérage, autant de lui que des lieux. Ainsi, s'ils ont vu juste, le tueur devrait apparaître quelque part sur ces images. Malheureusement pour eux, elles sont tout sauf vides.

— Sérieusement, les gars ? Vous allez rester à la station aujourd'hui ? les interpelle tout à coup une voix d'homme, les tirant de leur concentration dans un sursaut, ainsi que le Rottweiler à leurs pieds.

Ils lèvent les yeux vers l'un de leurs collègues, qui les dévisage d'un air stupéfait. Il est ici aussi, mais visiblement sur le chemin de la sortie, d'après son manteau dont il achève d'arranger le col. Sing Sing penche la tête sur le côté à l'intervention inopinée.

— Ouais, Martins. Parce qu'on est des grosses bouses qui n'avancent pas dans leur affaire, Patrick justifie leur présence avec une autodérision défaitiste.

— Les gars. Personne n'avance sur son affaire, ces temps-ci. Mais c'est le Saint Valentin. Aller, lui répond l'inspecteur, ouvrant les bras en signe de supplication.

— Ah bon ? relève Pat avec une grimace digne d'un homme de Neandertal.

— Vous êtes des cas désespérés, s'esclaffe alors Martins, avant de s'éloigner en secouant la tête.

— Merde ! s'exclame Sam, ouvrant de grands yeux.

— Quoi ? T'as oublié le cadeau de Jones ? lui demande Randers, amusé à la décomposition de son visage.

— Sois pas con ! C'est mon frère, le détrompe l'oncle, se levant de son siège et rangeant précipitamment les fichiers qu'il était en train de consulter.

— Jones est ton frère ? ne le suit pas son coéquipier, récoltant un œillade en biais.

— Mais non ! Le 14 Février, c'est l'anniversaire de mariage de mon frère. Il faut que j'aille au cimetière, rappelle Sam, en retirant sa veste du dossier de sa chaise d'un geste sec.

Ça fait pourtant une demi-douzaine d'années qu'ils font équipe, Patrick devrait avoir retenu cette coutume, depuis le temps. Mais si quelqu'un dans l'entourage de l'oncle démontre une mémoire sélective, c'est bien son partenaire, après tout.

— Il s'est marié à la Saint Valentin ? relève même Randers, comme tous les ans ou presque.

— Ouais, l'ironie plaisait à ma belle-sœur, explique machinalement Sam, trop pressé pour se rappeler qu'il l'a déjà fait ces six dernières mi-Février.

Alors qu'il enfile la seconde manche de son blouson en cuir, Sam remarque son chien à ses pieds, qui s'est levé en même temps que lui. Il retient un juron entre ses dents en se rappelant la politique du cimetière en ce qui concerne les animaux domestiques.

— Hey, tu peux garder un œil sur Sing ? J'ai pas le temps de le ramener chez moi, et je peux pas l'emmener, il supplie son partenaire, son regard implorant rapidement imité par l'animal concerné.

— Ouais. C'est pas comme si j'avais mieux à faire, accepte Patrick sans enthousiasme.

— T'es sûr ? vérifie l'autre, embêté.

— Mais ouais ! l'assure son coéquipier, avec un geste dédaigneux de la main.

— Merci, Pat. Je t'en dois une ! lui promet l'inspecteur aux yeux bleus en commençant déjà à s'éloigner à reculons, avec un geste à son chien de rester où il est.

— Je prends note ! lui lance Patrick alors que l'oncle s'engage dans les escaliers.

Seul dans l'open space, Randers se penche de son bureau pour dévisager la bête laissée à sa garde, qui se retourne vers lui par-dessus son épaule, toujours tournée dans la direction que vient de prendre son maître. L'inspecteur a connu l'animal chiot, contrairement à son prédécesseur, et il est donc bien plus à l'aise autour de lui que le malinois. Cela ne signifie cependant pas que les deux s'entendent à merveilles pour autant, Sing Sing parfois un peu territorial de son statut de meilleur ami et partenaire.

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