1x05 - Maîtrise des dégâts (17/17) - Café

Après avoir terminé son évaluation de Mrs. Brooks, la professeur de littérature de Jack et Caesar, Iz est revenue sur ses notes de la journée, est repassée rapidement sur celles de ses collègues qu'elle venait tout juste de recevoir, puis a enfin et avec grand soulagement pris congé de Walter Payton High. C'est un bâtiment plaisant, mais les circonstances l'y ayant amenée le lui ont rendu un rien sinistre.

Elle fait son entrée dans le commissariat du dix-huitième district avec l'agréable impression de revenir au bercail, bien qu'il soit presque vide à cette heure-ci. Elle salue la secrétaire d'accueil de garde, puis grimpe les escaliers pour aller enregistrer tous les comptes rendus de la cellule de crise dans le serveur. C'est bien là l'inconvénient des systèmes centralisés, qui ne sont accessibles que physiquement : il faut se déplacer pour y travailler.

En entrant dans la petite pièce, Iz est étonnée d'y trouver Sam, en train d'enregistrer les derniers éléments recueillis par Patrick et lui dans leur enquête, suite à leur révélation d'un peu plus tôt dans la journée, selon laquelle leur meurtrier aurait un lien à la biochimie de pointe. Il n'ont évidemment encore rien de concluant, ni même prometteur d'ailleurs, mais ça ne signifie pas qu'il ne faut pas renseigner ce qu'ils ont fait malgré tout.

— Hey, elle le salue doucement, ne voulant pas le surprendre.

— Hey ! Tu es de retour, il s'exclame en se retournant, ne cachant pas son enthousiasme, lui.

Son sourire fait plaisir à la jeune femme, renforçant l'impression que les murs à eux seuls lui avaient déjà donnée en arrivant. Elle n'est pas revenue ici depuis qu'elle a été assignée à la gestion de la cellule de soutien psychologique du lycée, et peut-être les inspecteurs lui ont-ils plus manqué qu'elle ne l'aurait cru. Et que le sentiment ait été réciproque ou non, en tous cas, c'est toujours agréable d'être bien accueillie. Son propre sourire s'élargit.

— Oui. J'ai enfin fini mes évaluations, elle confirme en agitant son RFSD, sur laquelle sont stockés les rapports d'entretiens.

— Ça s'est bien passé ? s'enquiert l'oncle, retirant sa propre carte mémoire de la table intelligente de la pièce.

— Autant que ça pouvait. S'entretenir avec une trentaine d'adolescents après qu'ils aient été retenus en otages pendant plusieurs heures n'est pas exactement une promenade dans un parc, elle essaye de transmettre ses impressions véritables sans pour autant sonner dépressive.

— Est-ce que… il va falloir qu'ils soient suivis ? s'inquiète l'inspecteur, trop perceptif pour elle.

— Ils ont un super conseiller sur place s'ils ont encore besoin de parler, mais de ce que j'ai vu, ils devraient rebondir. Les enfants sont résilients, elle le rassure, parlant bien évidemment de l'infirmier.

— M'en parle pas… lui accorde Sam, pensant à son neveu, catatonique le soir de l'attaque et pratiquement de retour à la normale le lendemain matin.

— J'ai rencontré ton neveu. Caesar. C'est un garçon très courageux. Je me demande si c'est de famille, elle fait le même lien que lui.

— Il tient ça de son père, l'oncle esquive le compliment en toute sincérité, sans même se rendre compte qu'il lui était adressé.

Après l'adolescent qui lui rappelle l'adulte, voilà l'adulte qui lui rappelle l'adolescent, avec sa modestie. Pourtant, ce n'est pas un trait de caractère que Sam exprime habituellement. Quelle famille !

— Mais au fait, qu'est-ce que tu fais encore ici ? Il est tard. Vous avez une piste ? elle revient sur l'étrangeté de sa présence dans les locaux, tous les autres inspecteurs étant rentrés chez eux à cette heure-ci, comme en attestent les bureaux vides qu'elle a croisés sur son chemin.

— Peut-être. Pas vraiment. Pour ne pas dire pas du tout, la détrompe Sam avec un certain pessimisme, grimaçant en se souvenant de ce pourquoi il est venu dans cette pièce, et dont la jeune femme l'avait distrait l'espace d'un instant.

L'idée que le tueur ait des compétences avancées en biochimie, ou un contact qui correspond à cette description, n'a pas encore porté ses fruits, autant parce que c'est loin d'être si restrictif qu'on pourrait le croire que parce que ça ne fait que quelques heures que les deux inspecteurs ont commencé à creuser dans ce sens.

— Tu sais… tu me dois encore 997 tasses de café, elle se permet de lui rappeler, prenant l'air innocent, en voyant qu'il est tendu.

— Ah oui ? Tu es sûre de ça ? il s'harmonise immédiatement avec son humeur, l'étincelle revenant dans ses yeux bleus.

— Je peux me tromper. Je ne suis pas notaire, elle continue dans son badinage, luttant pour garder son sérieux.

— Je vais te faire confiance. Laisse-moi juste dire à Randers de rentrer, il lui propose en souriant, trop heureux d'arrêter de se prendre la tête avec cette affaire cauchemardesque.

— J'ai des rapports à archiver. Ça ne devrait pas prendre très longtemps, elle lui rappelle de toute façon, levant une nouvelle fois la carte qu'elle a toujours à la main.

— Je te retrouve en bas ? il suggère.

— D'accord, elle confirme avec un sourire.

Il lui rend son expression avant de la contourner pour aller rejoindre son bureau et donner congé à son partenaire, sans doute dans le même état de délabrement cérébral que lui. Il est tellement abruti d'avoir regardé des vidéosurveillances la moitié de la journée, qu'il n'a même pas remarqué Iz lorsqu'elle est passée devant son bureau, pour aller rejoindre la salle du serveur. Et Sam n'est pas près de lui apprendre sa présence, refusant de subir un second interrogatoire pataud et déplacé. Il laisse son coéquipier partir avant lui, puis appelle son chien à sa jambe, pour aller attendre au pied des escaliers que la jeune femme ait fini ce qu'elle avait à faire.

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