1x05 - Maîtrise des dégâts (13/17) - Caesar

Caesar entre dans la salle ordinairement consacrée à la langue germanique dans laquelle Iz a élu domicile, et va s'asseoir sur l'une des deux chaises devant le bureau du professeur. En chemin, il regarde autour de lui, notant les changements qui ont été apportés à l'organisation de la pièce depuis la dernière fois qu'il s'y est trouvé, des tables déplacées aux posters temporairement dépolarisés sur les murs.

La jeune femme, après avoir refermé la porte derrière l'adolescent, vient prendre place en face de lui. Elle n'a pas manqué de repérer Jack, dans le couloir, qui a accompagné son ami jusqu'à son évaluation. Le petit blond l'a saluée du menton, puis s'est éloigné. Si elle ne les a pas réellement vu interagir, elle est contente de constater qu'ils semblent en bons termes malgré la façon dont leur entretien s'est terminé, avec Jack estimant qu'il n'était pas un bon ami pour Caesar.

— Bonjour, Caesar. Quanto… Tu es le neveu de l'inspecteur Quanto, c'est ça ? elle commence, jetant comme à chaque début de séance un coup d'œil au dossier affiché sur la tablette qu'elle tient sur ses genoux croisés.

Dans toute évaluation, mettre en place un bon rapport avec son interlocuteur est la première chose à faire. À toujours utiliser la même réplique, on finit cependant par adopter un ton machinal qui ternit la relation de confiance qu'on veut justement établir, et on obtient ainsi l'effet inverse de celui désiré. En l'occurrence, le lien spécifique entre la jeune femme et l'adolescent n'est cependant pas difficile à trouver.

— Vous le connaissez ? relève le grand brun, surpris.

— On peut difficilement le rater, Iz diminue la réalité, par souci de professionnalisme.

Depuis leurs premiers cafés partagés, elle l'appelle par son prénom, lorsqu'ils sont seuls, mais bien qu'elle s'arrête là, sa relation personnelle avec l'oncle n'a rien à faire ici.

— Vous travaillez au commissariat ? comprend immédiatement Caesar, de plus en plus surpris.

— Oui, elle confirme tout simplement, hochant la tête.

— Mais vous êtes psy ? il vérifie ensuite.

— Tout à fait, elle valide avec toujours autant de simplicité.

— D'accord… lui accorde son patient, assimilant encore l'étrangeté de ce statut.

Il ne devrait en fin de compte pas être si étonné que sa conseillère travaille avec la police, puisqu'il sait que ce sont eux qui ont mis en place cette cellule de crise. À partir de là, que la jeune femme connaisse son oncle n'est effectivement pas un grand pas à faire. Comme elle l'a dit, on peut difficilement le manquer.

— De ce que j'ai compris, tu t'es fait passer pour Jack, auprès des kidnappeurs, Iz entre tout de suite dans le vif du sujet, sachant que l'adolescent a vécu une expérience un peu différente de celle de ses camarades.

— Oui, il assume sans gêne, ce à quoi elle sourit.

Si elle aborde la question de son imposture en premier, c'est parce que c'est indéniablement le comportement le plus inquiétant qu'il a eu durant cette terrible expérience. Qu'il n'essaye pas d'éviter le sujet semble être un bon début.

— Pourquoi ? elle s'enquiert, cherchant à connaître la logique et la raisonnement de son patient.

— Parce que c'est mon ami. Je ne voulais pas qu'ils l'emmènent, il explique avec désinvolture, toujours aussi à l'aise.

— Et tu crois que lui il voulait que tu te fasses emmener ? elle essaye de lui faire voir la situation sous un autre angle.

— Non. Bien sûr que non. Mais il fallait que quelqu'un fasse quelque chose, il s'empresse de justifier son acte.

La thérapeute tique à l'utilisation d'un verbe d'obligation. Une chose très importante après un choc pareil est de redonner le contrôle aux victimes. Souvent, elles ont l'impression d'avoir été forcées à faire des choses qu'elles ne voulaient pas faire, et essayent de se les expliquer de manière parfois maladroite, ce qui ne fait alors qu'aggraver le traumatisme.

— Qu'est-ce que tu aurais fait, si Jack s'était rendu avant que tu aies cette idée ? elle continue à explorer l'état d'esprit de l'adolescent.

— Je ne sais pas. J'aurais eu peur, il répond le plus honnêtement qu'il peut, haussant les épaules mais ne détournant pas le regard.

Malgré la sérénité qu'il semble ressentir à cet instant précis, la jeune femme a eu accès à quelques images extraites des vidéos prises par les caméras intégrées aux tenues de l'équipe d'intervention. Elle l'a vu, tout éclaboussé de sang, figé dans le couloir, debout parmi ses kidnappeurs inconscients. Elle l'a vu, trop perturbé pour parler ou réagir vraiment, se faire accompagner vers la sortie par l'un des agents.

— Tu n'as pas eu peur, en prenant sa place ? elle rebondit sur le sujet du ressenti.

— Si, bien sûr, admet Caesar, une fois de plus sans complexe.

— Mais tu l'as fait quand même, elle essaye de souligner la gravité de cette émotion.

— Oui, il valide, toujours aussi peu effusif.

À la façon dont il plisse légèrement les yeux, il ne semble à vrai dire pas voir le lien entre avoir peur de quelque chose et accomplir cette même chose. Mais c'est simplement là la définition du courage, après tout.

— Est-ce que tu le regrettes ? Non, laisse-moi reformuler : est-ce que si tu te trouvais dans une situation similaire, tu agirais de la même manière ? Iz change d'angle d'attaque, voyant qu'elle n'arrivera pas à le faire remettre en cause sa décision aussi facilement.

D'une certaine manière, c'est plutôt bien qu'il soit en paix avec ce qu'il a fait. Mais être courageux, ne pas laisser la peur nous empêcher d'agir, est une chose, tandis que prendre des risques inconsidérés, ou en tous cas rationnaliser une prise de risques à l'extrême, en est une toute autre.

— Personne n'a été blessé. On s'en est sortis. Ces types ont été arrêtés, Caesar esquive la question, comme pressentant là où veut en venir son interrogatrice et n'ayant pas envie de lui donner une réponse qu'il sait insatisfaisante.

Irrationnellement, il se dit que peut-être que les résultats de sa décision la rende excusable. On ne sait jamais.

— Ce n'est pas ce que je t'ai demandé, la jeune femme insiste cependant, changeant le croisement de ses jambes qui commencent à s'engourdir.

— Probablement, confesse enfin l'adolescent, dans un soupir résigné.

De toute évidence, il a conscience que ce n'est pas la réponse qu'il devrait donner, mais il ne veut pas mentir, et la donne donc quand même. D'abord courageux, et maintenant honnête. Iz ne peut pas s'empêcher d'être un peu impressionnée par le jeune homme qu'elle a en face d'elle. Elle s'en voudrait presque de devoir tempérer son inclination au sacrifice et à l'abnégation.

Malgré elle, elle reconnaît un peu son oncle en lui. À discuter avec Sam, et aussi pour avoir lu son dossier, elle sait qu'il partage ce tempérament protecteur, et qu'il peut également en devenir une véritable tête brûlée. Bien sûr, l'inspecteur est indéniablement plus sûr de lui que ne l'est son neveu, et sans doute à plus forte raison de par son âge et son entraînement, mais il bénéficierait peut-être des mêmes conseils qu'elle s'apprête à prodiguer au lycéen.

— Tu as été retrouvé avant qu'on puisse t'emmener. Mais tu ignorais que la police était en route. Qu'est-ce que tu as pensé qu'il allait t'arriver, pendant qu'on t'escortait dans ce couloir ? elle essaye de faire comprendre à Caesar le danger qu'il a encouru, réel malgré la résolution heureuse des évènements.

— Aucune idée, il répond avec un sourire contrit.

Elle pense qu'il parle autant de son opinion d'alors que de son avis actuel. Il ne voulait pas y penser alors que c'était imminent, et a refusé d'y réfléchir même après les faits.

— Ils voulaient parler à l'ambassadeur. Selon toute probabilité, ils avaient un moyen de le contacter. Si ça avait été le cas, tu aurais été découvert. Qu'est-ce que tu crois qu'il se serait passé, alors ? elle essaye de préciser le scénario, pour pousser l'adolescent à se confronter à la réalité de sa prise de risques.

— Je n'ai pas envie d'y penser, il finit par déclarer ouvertement, après un instant de réflexion.

Il commence seulement à montrer des signes d'inconfort, en se tortillant légèrement sur sa chaise. Ses mains, jusqu'ici posées sur ses cuisses, se sont rejointes, et il trace du pouce de l'une d'elles les contours d'une cicatrice sur la paume de l'autre. Il arrive néanmoins à maintenir son regard sur son interlocutrice.

— Donc, tu es conscient que ça n'aurait sans doute pas été plaisant, voire périlleux ? elle reste cette fois dans l'approximation, jugeant qu'elle a atteint son but sans avoir à entrer dans des détails sordides.

— Oui, Caesar confirme avec concision.

— Mais tu recommencerais quand même ? elle revient sur sa question antérieure, avant qu'elle ne le confronte au danger qu'il a encouru.

— J'espère ne pas avoir à le faire, mais oui, il persiste dans son opinion, ce qui commence à inquiéter sa thérapeute.

Comme avant et même plus, il sait que ce n'est pas ce qu'il devrait penser, ou en tous cas pas ce que la jeune femme en face de lui voudrait qu'il pense. Le problème est donc situé plus en profondeur qu'une simple inconscience due à sa jeunesse.

— Pourquoi ? Je n'essaye pas de te faire changer d'avis, je veux juste que tu essayes de m'expliquer, elle le déculpabilise.

On croit toujours qu'on sait ce que l'autre voudrait entendre. En le cas présent, Caesar n'a pas tort, et Iz aurait apprécié qu'il prenne conscience des risques inconsidérés qu'il a pris et sache qu'il ne doit jamais refaire une chose pareille. Elle préfère cependant largement qu'il lui dise la vérité, même si c'est peut-être un peu moins arrangeant. Si tout le monde pouvait en arriver aux bonnes conclusions tout seul, l'humanité n'aurait plus besoin de psychothérapeutes.

— Parce que l'idée qu'on fasse du mal à Jack, ou n'importe qui d'autre d'ailleurs, me fait plus peur que celle qu'on me fasse du mal à moi, révèle l'adolescent, avec toujours autant de candeur.

— C'est pour ça que tu t'es annoncé lorsqu'ils ont menacé Margery, la jeune femme fait le lien avec tout ce qui s'est passé, le temps de déterminer comment poursuivre l'entretien à partir de là.

Margery est l'adolescente que leur tortionnaire a tirée du lot pour pousser Jack à se déclarer. Elle a déjà été évaluée la veille, et en est ressortie en bonne voie d'être convaincue qu'elle a été plus chanceuse de s'en tirer indemne qu'elle n'a été malchanceuse d'être choisie au hasard parmi les jeunes filles de sa classe.

— Oui, confirme Caesar, en hochant lentement la tête.

Iz soupire doucement et hésite encore un instant avant de reprendre. À son air de chien battu, comme s'il attendait qu'on le réprimande pour son comportement, l'adolescent assis en face d'elle ne se prend pas pour un héros. Il n'essaye même pas d'en être un. Il est simplement incroyablement altruiste et désintéressé. Encore une fois, c'est très noble, mais il faudrait tout de même qu'il prenne conscience du péril dans lequel il peut se placer tout seul, en voulant bien faire.

— Tu es un garçon très courageux, Caesar, commence sa thérapeute, voulant tout d'abord lui faire passer l'idée qu'il a fait quelque chose de mal.

— Merci ? il accepte le compliment, avec autant d'humilité qu'elle s'y attendait, et une certaine dose d'incompréhension.

— Ceci étant dit, je crois qu'il faut que tu comprennes une chose : tu comptes tout autant que n'importe qui d'autre. Tu n'as pas à tout prendre sur toi, elle poursuit dans un second temps.

— Je sais. Ce n'est pas ce que j'essaye de faire ! il se défend immédiatement, modeste et surtout de plus en plus perdu.

— Ce n'est pas l'impression que ça donne, elle lui fait remarquer.

— Je me suis porté volontaire seulement parce que j'ai vu que personne d'autre n'allait le faire. Pas même Jack. Et si personne n'était intervenu… il laisse sa phrase en suspens, lui comme elle ayant une assez bonne idée de ce qu'aurait pu faire un fusil d'assaut sur le corps d'une adolescente.

— Prendre la place de Jack a permis de protéger Margery. Et Jack aussi, évidemment. Mais en faisant ça, tu t'es mis en plus de danger que tu n'y étais auparavant. Pourquoi toi ? Iz interroge alors Caesar plus directement, mettant en évidence qu'il a effectivement pris la responsabilité de la situation, même si peut-être sans s'en rendre compte.

— Je vous l'ai dit : parce que personne d'autre n'allait le faire, il répète, ayant du mal à comprendre comment elle peut ne pas voir la logique de sa décision.

Elle aurait préféré obtenir une raison un peu plus personnelle, afin d'arrêter de tourner en rond, mais à la façon dont elle a posé sa question, elle ne peut pas le blâmer de sa réponse.

— Pourquoi pas ? elle retourne alors le problème dans l'autre sens.

— Pardon ? il ne voit pas où elle veut en venir, et le pli formé sur son front par ses sourcils froncés s'accentue peu à peu.

— Pourquoi est-ce que tu crois que personne d'autre ne s'est dévoué ? Iz reformule, se faisant légèrement pressante.

— Je sais pas, le grand brun répond en haussant les épaules.

— Essaye de deviner, elle le met au défi, cherchant une coopération un peu plus active de la part de son jeune patient.

— Er… Je sais pas ! l'adolescent reste coincé, réitérant son geste d'ignorance.

Elle le soupçonne soudain d'avoir une réponse mais de ne pas vouloir la partager.

— Est-ce que c'est parce qu'ils sont moins malins ? Moins courageux ? Qu'ils avaient plus à perdre ? elle énumère des suggestions volontairement insultantes, autant pour ses petits camarades que pour lui, pour le faire réagir.

— C'est parce qu'aucun d'eux ne connaît Jack ! il s'empresse alors de l'interrompre, avouant enfin à son interlocutrice et à lui-même en quoi il était, même sans chercher à l'être, effectivement le seul à pouvoir faire ce qu'il a fait, car le seul à savoir qu'il fallait le faire.

Iz sourit. Comme quoi, quand il veut, il peut. Elle n'aime pas pousser les gens comme elle vient de le faire avec lui, mais c'est souvent une méthode très efficace pour leur faire admettre les réponses qu'ils ne veulent pas donner, sciemment ou non.

— Tu pourrais élaborer ? elle demande, retrouvant un ton un peu plus calme, penchant la tête dans une tentative d'attirer son regard à nouveau au sien.

— Tout le monde attendait qu'il se dénonce tout seul, explique Caesar, les yeux toujours baissés sur sa cicatrice à la main, sous-entendant qu'il était le seul à savoir que ce n'était pas près d'arriver.

— Vous êtes restés captifs plusieurs heures. Pourquoi ne pas le dénoncer ? Si pas dès le début, ne serait-ce qu'au moment où Margery a été empoignée ? lui oppose sa thérapeute, logique.

Si vraiment ils s'attendaient à ce que le blondinet se rende pour leur bénéfice, les élèves ont bien dû se rendre à l'évidence que ce n'était pas dans ses intentions, au bout d'un moment. Et justement, la jeune femme s'était déjà fait la remarque impressionnée de la solidarité des lycéens, qui n'ont à aucun moment dénoncé leur collègue.

— Jack est… la personne la plus intelligente de la pièce. Quelle que soit la pièce dans laquelle il se trouve. Il est indestructible. Ils s'imaginaient probablement qu'il avait la solution au problème et attendaient simplement qu'il sauve tout le monde, le grand brun ajoute des arguments à sa précédente déclaration, après un soupir coupable.

À ses mâchoires serrées, il n'apprécie visiblement pas de dénigrer son ami de la sorte. Ni le reste de ses camarades. Iz s'en voudrait presque de lui faire dire tout ça, si elle n'estimait pas que c'était important.

— Mais toi, tu savais que ça n'arriverait pas, elle annonce à haute voix ce qui n'est qu'implicite dans le discours de l'adolescent.

— Je l'ai su quand ce type a saisi Margery. Je l'ai vu sur son visage. C'est un égoïste. Et ça n'est pas près de changer, il répond avec un certain cynisme.

La jeune femme aimerait bien lui faire part de ce qui a transpiré de son entretien avec le petit blond, au matin, mais d'une part ses sessions sont tenues au secret, et d'autre part elle ne pense pas que ce serait sa place quoi qu'il en soit.

— Est-ce que tu en as discuté avec lui ? elle s'enquiert.

À les voir tous les deux, ils semblent être en bons termes. Et elle sait déjà que Jack a fait part de ses impressions à Caesar. L'idéal serait que l'échange ait été réciproque, sans quoi leur entente pourrait n'être qu'artificielle.

— Ce n'est vraiment pas la peine, lui répond le grand brun.

— C'est ton ami, elle lui rappelle.

— Oui. Et je sais comment il est. Je sais ce qui est susceptible de changer chez lui, et ce qui est fondamental à son identité. Je ne lui en veux pas. Ce serait comme de lui en vouloir de sa couleur de cheveux, persiste Caesar.

Il s'est suffisamment battu avec le caractère sauvageon de Jack pour savoir quels combats en valent le coup, avec lui. Et il se doute bien qu'après une seule entrevue, même avec son entraînement professionnel, la jeune femme ne peut pas comprendre.

— Donc… c'est ta connaissance unique de ton ami qui t'a conduit à te mettre en danger comme tu l'as fait ? tente de résumer Iz.

— Si on veut, il valide malgré lui.

— En quoi est-ce que n'est pas prendre sur toi ? elle revient sur une remarque précédente, à laquelle Caesar avait vivement objecté.

— Je n'ai rien pris sur moi ! Si j'avais eu le choix, je ne serais pas allé avec ces types. Mais personne n'allait faire quoi que ce soit. Et je pouvais faire quelque chose. Donc je l'ai fait. Je sais que c'était risqué, mais je mesure le poids de mes actes. Je ne regrette rien, et si c'était à refaire je recommencerais. Je ne sais pas quoi vous dire d'autre, il reprend toutes les réponses qu'il lui a déjà données, avec véhémence, las qu'elle continue à essayer de le faire revenir dessus.

— Je voudrais que tu me dises que ta vie vaut autant que celle de quelqu'un d'autre, elle lui propose.

Elle ne cherche pas à le faire culpabiliser de sa bravoure, juste qu'il en mesure pleinement les implications.

— Pas si je dois sacrifier quelqu'un pour la vivre, il lui oppose, la prenant de court.

— Caesar. Rien de ce qui n'est arrivé n'est ta faute. Si cet homme s'en était pris à Margery, ça n'aurait pas été ta faute, elle l'assure, un pli compatissant se formant entre ses sourcils.

S'il ne s'était pas levé quand il l'a fait, l'adolescente serait effectivement sans doute morte, ou en tous cas grièvement blessée. Mais qu'il puisse penser que rester où il était aurait équivalu à lui faire du mal est un mauvais raisonnement.

— Non, ça aurait été celle de Jack, c'est ça ? suggère Caesar avec amertume.

— Non, ça aurait été la faute de cet homme, elle le corrige, toujours ce même air de compassion sur son visage.

Le lycéen la dévisage, ne sachant plus quoi répondre. Elle n'a pas la sensation d'avoir énormément avancé, avec lui, alors que leur temps imparti touche déjà à sa fin. La prise d'otage semble avoir simplement révélé un comportement sous-jacent, sans l'avoir vraiment traumatisé en elle-même. Tant qu'il ne se retrouve pas dans une situation qui nécessite une décision de vie ou de mort, l'adolescent devrait bien se porter, mais la jeune femme va tout de même conseiller à son collègue infirmier de garder un œil sur lui, par principe de précaution.

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