1x04 - Haut les mains (9/15) - Branle-bas de combat
Après avoir passé la matinée à donner de grands coups d'épée dans l'eau, Patrick et Sam avaient tous les deux perdu l'appétit et eu besoin de se changer les idées. Le premier, pas encore remis de son accès de frustration, a alors informé son coéquipier qu'il allait passer ses nerfs sur un sac de sable, avant de ne plus pouvoir se retenir de le faire sur la prochaine personne à lui faire quelque remarque que ce soit. L'y encourageant, le second avait de son côté décidé qu'il allait se rendre au stand de tir. L'entraînement régulier, physique comme de manipulation des armes, est de toute manière obligatoire pour tout membre des forces de l'ordre, quel que soit son grade, pour conserver son permis de port d'arme, et surtout sa plaque.
Lorsque Sam quitte le sous-sol, après avoir scanné ses cibles pour son dossier et entretenu son pistolet de service, il croise plusieurs officiers dans le couloir. La petite troupe le dépasse en trottinant, des casques sous le bras. L'inspecteur tique à leur attirail, et rejoint le chef d'équipe, dans le hall au pied des escaliers, signalé par un galon discret à l'épaule de son pull.
— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi les tenues d'intervention ? il interroge le SWAT leader.
L'homme, à l'instar de ses confrères, arbore en effet sa combinaison complète, d'un bleu marine profond, à l'exception du mot "POLICE" sur son torse et dans son dos, en grandes lettres blanches.
— On a reçu un tuyau comme quoi il y avait une prise d'otages en cours dans un lycée. Et l'inspection préliminaire vient de vérifier l'info, lui apprend l'interrogé, après avoir repéré le badge de l'inspecteur à sa ceinture.
— Quel lycée ? demande immédiatement Sam, pris de peur.
— Er… Walter Payton High, l'informe le responsable, vérifiant sur son carnet électronique, dans sa main gantée de mitaines de tir.
— C'est le lycée de ma nièce et mon neveu, remarque Sam tout haut, ses traits se décomposant à vue d'œil.
— Oh. Eh bien, vous êtes le bienvenu pour nous rejoindre là-bas. Tout le monde est sur le pont, lui suggère l'agent d'intervention, trop concentré sur ce qu'il s'apprête à faire pour pouvoir montrer plus de considération qu'un sourire vaguement désolé.
— Il faut que j'appelle mon frère, Sam raisonne encore une fois tout haut.
— Pourquoi ? se permet de lui demander son interlocuteur.
— Parce que ce sont ses enfants ! il lui répond en montant d'un ton, se retenant tout juste de l'admonester pour de bon.
Se détournant, Sam grimpe les marches le ramenant à son bureau sans regarder où il va, les yeux rivés sur son carnet numérique, pour envoyer un message d'urgence à son frère et son premier neveu. Il a parlé d'appeler, mais d'une part il n'en a pas le temps s'il veut accompagner l'équipe jusqu'au lycée, et d'autre part, son frère n'est jamais joignable directement lorsqu'il est dans son bunker top secret.
Lorsqu'il arrive à son bureau, Sing Sing se réveille immédiatement, sentant l'agitation de son maître. Sam attrape sa veste de cuir qu'il avait laissée sur le dossier de son siège, et repart dans l'autre sens. Il tombe cependant nez à nez avec Patrick, qui revient de sa séance de boxe, une serviette éponge autour du cou.
— Où tu vas ? il lui demande, ne comprenant pas sa précipitation.
— Mes neveux sont… retenus en otages, explique sommairement Sam, avec des saccades correspondant aux parties les plus incroyables de son annonce.
— Quoi ?! s'exclame son coéquipier, affichant une grimace d'incompréhension assortie.
— J'en sais pas plus. L'équipe d'intervention est en train de s'équiper. Il faut que j'y aille, Sam essaye d'écourter l'échange, pressé.
— Je viens, déclare Patrick avant qu'il n'ait le temps de tout à fait le contourner.
— T'es pas obligé, lui dit l'oncle, par-dessus son épaule.
Patrick va attraper sa propre veste sur le dossier de sa chaise, la remplaçant par le linge autour de son cou. Enfilant le vêtement, il vient ensuite se placer à côté de son partenaire.
— Je vais pas te laisser sans surveillance quand ils attraperont les coupables, il se contente de déclarer, estimant que c'est une justification suffisante.
Sam aimerait pouvoir plaider qu'il a plus de self-control que ça, mais d'une part si son ami colérique s'en inquiète c'est qu'il y a une bonne raison, et d'autre part il est suffisamment lucide pour la connaître. Si quelqu'un faisait un jour du mal à ces enfants, il est possible qu'il le tue.
Il avait quinze ans lorsque Markus est né. Quand est venu le tour de Maena, il était dans sa dernière année à l'Académie. Ils font partie intégrante de sa vie, et quand leur mère est morte, il n'a eu qu'une place encore plus importante dans la leur. Il les a vus grandir sans avoir la pression d'être leur parent, les connaît sur certains plans peut-être même mieux que leur propre père.
Sans plus discuter, les deux inspecteurs s'engouffrent dans les escaliers pour aller rejoindre l'équipe du SWAT sur le départ. Ils passent sous le nez d'Elizabeth sans la voir, manquant dans leur précipitation de lui faire échapper son chargement liquide. Elle les regarde partir en fronçant les sourcils, inquiétée par leur comportement atypique, mais va bien devoir en obtenir les raisons par quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes.
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