1x04 - Haut les mains (5/15) - Interrogation surprise
Le cours de Mathématiques de Mae, Ellen, et Nelson, leur première heure du Mardi matin, va bientôt toucher à sa fin. Les élèves ne sont cependant pour une fois pas pressés, préférant à la limite avoir quelques minutes supplémentaires pour terminer l'interrogation sur laquelle ils s'escriment. Leur professeur, assis sur le coin de son bureau, les surveille en silence, survolant la salle de ses yeux sombres.
Soudain, l'enseignant se lève et se tourne vers la porte, sans faire de bruit, mais penchant la tête sur le côté comme s'il avait entendu quelque chose.
Une poignée de secondes plus tard, tout s'éteint. Tableau, tables intelligentes, même les tablettes desquelles certains adolescents préfèrent se servir de brouillon se coupent. Toute la classe lève le menton, les expressions rejoignant celle de Strauss dans la perplexité. Quel genre de maintenance d'urgence nécessite de couper le courant sans prévenir qui que ce soit ? Et comment une coupure de courant pourrait-elle affecter les appareils qui ne sont pas branchés sur le secteur, de toute façon ?
L'instant suivant, dans un craquement sonore, la porte de sa salle s'ouvre violemment sous un coup de pied botté, et un homme encagoulé fait son apparition, armé d'un fusil d'assaut.
— Tout le monde à terre ! MAINTENANT ! il hurle à travers son masque intégral, tirant plusieurs balles dans le plafond pour asseoir son autorité.
Tacatacatac. Le bruit assourdissant est repris en écho dans tout l'établissement, alors que chaque salle est assaillie par un individu portant le même arsenal sur le dos, et rugissant sensiblement les mêmes instructions.
Plusieurs élèves laissent échapper des cris de surprise et de frayeur, les autres restent sans voix, mais tous obéissent instantanément, alors que les douilles issues de la décharge rebondissent sur le sol, dans un tintement clair malgré l'horreur duquel il découle.
L'intrus fait quelques pas dans la salle, le son de ses bottes sur le sol angoissant, et toise ses innocentes victimes à quatre pattes à travers ses lunettes tactiques aux verres teintés. Aucune partie de son corps n'est visible, pas même ses mains, entièrement gantées malgré la nécessité de devoir manipuler une arme.
— Okay, qu'une chose soit bien claire : pas de héros aujourd'hui. N'essayez pas de contacter l'extérieur, les communications sont brouillées dans tout le bâtiment. N'essayez pas non plus de nous arrêter, parce que ça terminerait très mal pour vous et vos petits camarades. Faites ce qu'on vous dit, et tout devrait bien se passer, annonce le mercenaire, comme s'il avait répété son discours avant de venir.
Continuant son tour d'horizon, l'envahisseur remarque ensuite que le seul autre adulte de la pièce est encore debout. Strauss n'a en effet fait que reculer d'un pas à l'entrée du militaire, sans même faire mine de se baisser malgré l'injonction. Il n'a pas pris la peine de lever les bras, non plus. Avec un ricanement entre l'incrédule et l'impressionné, le soldat s'approche alors du mathématicien immobile.
— Qu'est-ce qui va pas, M'sieur ? Jamais vu une arme avant ? il lui demande, convaincu de son effet.
L'enseignant est effectivement en train de détailler le nouveau venu et son arsenal de ses yeux presque noirs. Il ne semble cependant pas effrayé, juste légèrement intrigué, mais ses expressions faciales sont toujours si discrètes qu'il n'est pas difficile de le croire pétrifié, sans le connaître un peu.
— Ce n'est pas exactement la formulation que j'aurais utilisée, il répond, d'un ton aussi calme que sa posture.
Comprenant que son otage le plus âgé n'est pas tétanisé mais en réalité tout à fait tranquille, le geôlier s'agace. Sans plus de cérémonie, il sort un zipper d'une des poches de sa veste de survie, et attrape les poignets du professeur pour les lier avec, le tout avec une seule main, et surtout sans ménagement. L'enseignant se laisse faire sans se débattre, mais continue à fixer son tortionnaire, d'un regard à présent parfaitement indescriptible.
— La ferme. Est-ce que t'as un Jack, dans cette classe ? enchaîne le mercenaire sur ce qui l'intéresse vraiment, sans remarquer que demander à quelqu'un de se taire juste avant de lui poser une question est incohérent.
Parmi les enfants toujours à terre, ceux qui ne connaissent personne de ce prénom sont un peu soulagés, tandis que ceux dont c'est le cas se crispent encore un peu plus qu'ils ne l'étaient déjà.
— Non, répond Strauss sans hésitation, toujours aussi posément, conservant l'attention du militaire sur lui.
— T'es sûr ? se permet d'insister le criminel.
— Oui. Je connais le nom de tous mes élèves, et aucun d'eux ne s'appelle Jack, Strauss élabore sa réponse, imperturbable.
— Pas même un second prénom ? pousse le preneur d'otages.
— Non, répète le mathématicien, toujours sans hésitation et surtout sans se tromper, bien qu'aucun de ses élèves ne pourrait le confirmer, n'ayant pour leur part pas connaissance des seconds prénoms de tous leurs collègues.
Frustré par ses réponses négatives, l'encagoulé pousse alors négligemment Strauss contre le mur du bout de son arme, lui faisant serrer les mâchoires si fort qu'on voit ses tendons saillir jusqu'à ses tempes. D'inexpressif, son regard passe à furibond. Il reste cependant tout de même collé au mur derrière lui, tandis que le soldat en noir se retourne vers sa classe.
— Okay les enfants, interrogation surprise : est-ce que Monsieur On-s'en-fout-de-son-nom ment ? il prend les ados à parti.
L'ironie de sa déclaration par rapport au fait qu'ils étaient déjà en pleine interrogation écrite lorsqu'il est apparu échappe bien évidemment à tout le monde.
Rien d'autre que le silence ne répond à la question posée à la volée, la plupart des élèves n'osant même pas regarder celui qui l'a émise, voire ayant carrément les yeux fermés.
L'homme attend encore quelques secondes dans l'expectative avant de s'avancer jusqu'au premier rang, où il vient donner un léger coup de pied dans l'avant-bras du premier élève qu'il rencontre.
— Toi, là. Tu t'appelles comment ? il demande sèchement.
— Nelson, répond l'interpellé.
Maena et Ellen sont juste derrière lui, et le surveillent avec de grands yeux alors que leur tortionnaire lui adresse la parole. Et surtout qu'il ose lui répondre. L'adolescent va même jusqu'à relever la tête vers lui.
— T'as pas une tête de Nelson, commente le mercenaire, tandis que son interrogé ne peut pas s'empêcher de fixer le canon de son fusil, pointé vers le bas, pratiquement vers ses camarades.
— On me le dit souvent, lui accorde cependant Nels, l'adrénaline invalidant sa retenue, bien malgré lui.
L'homme en tenue militaire semble sourire en coin derrière sa cagoule, puis se désintéresse de l'adolescent. Relevant son fusil, il réajuste son masque sur son visage, et énonce de nouvelles instructions :
— Okay, assez plaisanté. Je veux les garçons de ce côté de la pièce, et les filles de côté-là. MAINTENANT ! il ordonne en désignant d'abord le fond la classe, sous les fenêtres, puis le mur où se trouve la porte, de sa main armée.
Strauss va pour rejoindre ses élèves de sexe masculin, mais l'homme le stoppe dans son avancée, se plaçant sur son chemin, allant jusqu'à poser le canon de son fusil sur son torse une nouvelle fois.
— Huh huh. Vous, vous bougez pas, il émet une exception à ses instructions, comme si sa posture n'était pas suffisamment claire.
Strauss baisse momentanément les yeux sur l'objet qui lui est apposé, puis obtempère à nouveau sans rien dire, bien que sa mâchoire se contracte encore une fois lorsque son dos retrouve le mur duquel il s'était détaché.
Satisfait de son contrôle sur la seule personne à sa taille dans la pièce, le mercenaire se met à circuler entre les enfants, qui achèvent de se répartir comme il leur a été imposé. Un à un, le soldat leur fait ensuite subir le même traitement qu'à leur professeur un peu plus tôt, liant leurs poignets ensemble à l'aide d'un zipper tiré d'une des multiples poches de sa veste.
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