1x04 - Haut les mains (11/15) - Agneau sacrificiel
Parallèlement, Caesar n'a pas la chance de sa sœur. Sa classe est dans la bonne tranche d'âge pour contenir Jack. Sans compter qu'elle le contient vraiment. Au lieu d'une attente sous garde armée, les élèves ont ainsi subi un interrogatoire de plus en plus éprouvant. L'envahisseur a commencé par questionner tout le monde à la ronde, puis il a petit à petit commencé à prendre des élèves à part, espérant les faire céder.
Jusqu'ici, la simple menace de violence et la pression psychologique se sont avérées inefficaces ou en tous cas peu concluantes. Très peu des adolescents parviennent seulement à sortir un son, et les coups d'œil qui leur échappent ne sont pas suffisamment précis pour qu'on puisse en tirer quoi que ce soit.
Perdant patience, le tortionnaire saisit finalement une adolescente par le bras, de la même manière que son collègue a agrippé Ellen, et l'amène jusqu'à lui. Il place son fusil sur son flanc, la faisant redoubler de sanglots, et reprend son interrogatoire à la volée :
— Okay, on ne pensait pas en arriver là, mais si je n'ai pas Jack Nimbleton devant moi dans 30 secondes, je vais juste me voir obligé de tirer dans ce joli petit brin de jeune fille, il déclare.
Il n'a pas l'air de plaisanter. Ce qui semble extrême, vu qu'il y a presque dix classes de Terminales dans l'établissement, et que rien jusqu'ici n'a pu lui laisser deviner qu'il détenait la bonne.
— C'est moi, annonce tout à coup Caesar, en se levant brusquement.
Une vague de surprise parcourt l'assemblée, autant parce qu'il n'est pas la bonne personne que parce qu'il a tout simplement osé prendre la parole.
— Laissez-la tranquille, c'est moi que vous cherchez, reprend l'adolescent sur un ton un peu plus posé.
Il a attiré l'attention du mercenaire, qui tourne seulement la tête vers lui, sans lâcher la jeune fille qu'il agrippe toujours par le bras, ni baisser son arme pointée vers elle.
— Qu'est-ce que tu fous ? chuchote Jack entre ses dents à ses pieds, les yeux écarquillés.
Il est clairement partagé entre l'incrédulité, la peur, et la colère. Et il n'est pas le seul. Ils ne savent pas encore ce que ces mercenaires veulent à leur cible.
— C'est moi que vous voulez, vous pouvez les laisser partir, continue Caesar, ignorant le regard suppliant de son ami.
Le preneur d'otage se tourne cette fois entièrement vers celui qui lui parle, entraînant son otage privilégiée dans son mouvement.
— Hum. Tu ne ressembles pas à ce à quoi je m'attendais, il commente, en baissant enfin son arme.
— J'en ai rien à faire, de ce à quoi vous vous attendiez, rétorque Caesar, imitant le ton dédaigneux de son meilleur ami de manière étonnamment convaincante.
Amusé, le criminel sourit derrière son masque, et repousse l'adolescente contre le mur, où elle se précipite dans les bras des amies auxquelles il l'avait arrachée.
— Alors quoi ? Tu as un faible pour la demoiselle ? demande le psychopathe, curieux de savoir pourquoi, s'il est si insolent, l'adolescent ne se rend que maintenant.
— J'ai un faible pour toutes les demoiselles, continue Caesar dans son imposture.
Non pas que le preneur d'otages puisse savoir que l'imitation est de qualité, mais son rôle de composition donne du courage à l'acteur improvisé.
— Ouh ! Tombeur ! Tu me plais, gamin, s'exclame le soldat, son sourire s'entendant plus dans sa voix qu'il ne se distingue à travers sa cagoule.
— Qu'est-ce que vous voulez ? interroge Caes, effronté.
Il est clair que l'inconnu croit son mensonge sur son identité. Par conséquent, s'il voulait lui faire du mal, il serait déjà passé à l'acte. Cet état des choses ne suffit cependant pas à rassurer le véritable Jack, qui fulmine, toujours à genoux sur le sol.
— À ton avis ? rétorque le militaire, ponctuant sa prise de parole de petits mouvements de tête.
— J'ai demandé, non ? persiste le lycéen, ignorant toujours celui qu'il prétend être, à ses pieds, et qui a fini par fermer les yeux.
— On a envie d'une conversation avec tes paternels. Avec de quoi les faire écouter, s'explique le preneur d'otages, désignant son interlocuteur du menton.
Autant qu'il sache, d'ici à ce que quelqu'un se rende compte que quelque chose cloche dans cet établissement, lui et ses compagnons seront partis depuis bien longtemps, et en auront même sans doute fini avec les Nimbleton. Aucune raison de chercher à cacher ses intentions, donc.
— Vous êtes foutrement mal informés. Ils vont vous remercier de les débarrasser de moi, lui lance Caesar, se rappelant très bien l'expression exaspérée qu'affiche systématiquement son camarade à la simple mention de ses géniteurs.
— On va bien voir, pas vrai ? ne se démonte pas le mercenaire, rejoignant enfin celui qu'il croit être sa cible.
Tout ce que Caesar peut penser en le voyant arriver vers lui, c'est à quel point ils ont été stupides de neutraliser l'électronique dans le bâtiment. S'ils avaient pris le risque de ne pas maîtriser les communications, ils auraient pu collecter les cartes RFSD de tout le monde et savoir qui ils cherchaient avant même que la police n'arrive, quand bien même auraient-ils été alertés dans la seconde. Mieux, ils auraient carrément pu consulter les dossiers de l'établissement sur les élèves qui le fréquentent, et le tour aurait été joué. Interroger des adolescents et des enseignants semble une tactique très peu fiable. Et même encore moins que ce qu'on pourrait croire de prime abord, à la façon dont même certains élèves qui ne portent pourtant pas le petit génie dans leur cœur ne l'ont pas balancé, lorsqu'ils ont été questionnés. Par ailleurs, le grand brun est tout de même le seul à s'être porté volontaire pour le protéger, donc peut-être que l'opinion générale au sujet de Jack n'est pas si favorable que ça non plus, et que ne pas le dénoncer était simplement de l'instinct de conservation, en se disant qu'on devient sacrifiable à partir du moment où on n'est pas celui qui est recherché.
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