1x03 - L'air de rien (9/16) - Cybersécurité
Incapable, sans plus de données, de déterminer qui était l'auteur de l'attaque informatique de la semaine passée – que ce soit effectivement ses nouveaux partenaires, un de leurs voisins, ou même un tiers parti – Alek a rapidement écarté la recherche de son esprit.
L'intrusion en question n'a de toute manière, d'après son analyse détaillée, laissé aucune trace ou séquelle dans son système, alors pourquoi s'en inquiéter plus longtemps ? L'ingénieur a déjà augmenté ses mesures préventives plus qu'il ne l'aurait voulu suite à l'incident. Et il ne compte pas perdre plus de temps sur ce qui aurait en fin de compte tout simplement pu être une anomalie due à son propre transfert de vieux fichiers vers son archive.
Son étude des travaux de ses nouveaux collègues encore inachevée, Aleksander ajoute maintes annotations dans les marges des rapports fournis, aussi bien quand un passage lui donne une idée ou au contraire lui pose problème. S'il a du mal à discerner l'objectif final du projet, il peut sans peine constater la nécessité de son intervention.
Alors qu'il s'apprête à griffonner une équation à côté d'une hypothèse, une nouvelle fenêtre vient se superposer à celle en cours. On y voit le visage d'une jeune femme aux yeux clairs et aux cheveux orange, les larmes aux yeux, en gros plan. La vidéo n'a pas de bande son, et montre juste le mouvement de ses lèvres et ses larmes qui coulent, encore et encore. Alek lève son stylet un peu plus au-dessus de la surface qu'il ne l'était déjà, comme s'il avait peur de toucher l'étrange pop-up, et s'adresse à son système :
— TOBIAS ? il appelle.
— OuI, pRoFeSsEuR ? répond le fidèle valet numérique.
— C'est quoi, ça ? l'interroge son concepteur.
— SoYeZ pLuS sPéCiFiQuE, s'Il-VoUs PlAîT, requiert l'intelligence artificielle.
— Ce fragment de vidéo, au beau milieu de mon plan de travail, qui tourne en boucle. Ça.
Avec le dernier mot, le scientifique tapote le contenu concerné de sa main libre, espérant faire mieux comprendre sa question à son IA.
— Il N'y A aUcUn FiChIeR vIdÉo Ou D'aNiMaTiOn SuR vOtRe PlAn De TrAvAiL, pRoFeSsEuR, annonce cependant la voix de synthèse.
Alek hausse un sourcil, passant d'agacé de l'interruption à intrigué par sa nature.
— Decrypt, il demande, curieux de savoir quel type de fichier peut avoir ce rendu sans être identifié comme tel par son système.
TOBIAS ne devrait pas avoir besoin de repérer l'objet pour cette analyse, qui consiste à passer au crible l'entièreté du signal reçu, de manière indiscriminée. Alors que l'IA est en train d'exécuter la commande, l'image se désintègre cependant soudain sous les yeux du quadragénaire, et disparaît de son écran presque aussi vite qu'elle y est apparue.
— FiChIeR mAnQuAnT, conclut alors TOBIAS, avec autant de dépit que sa voix de synthèse le lui permet.
Après un soupir presque vexé, Alek fait alors afficher les mêmes fenêtres que la semaine précédente, essayant de chercher à la main où le problème a pu se situer pour provoquer un résultat aussi étrange. Ça l'étonnerait beaucoup qu'une simple ligne de code déplacée par erreur puisse produire ce genre de perturbation. Faire clignoter les lumières, copier et effacer d'autres lignes de codes, à la rigueur, mais créer de toute pièce un fichier au format non identifié, avec une telle précision, cela requiert une intention particulière. Et surtout, ça indique l'intervention d'un tiers parti. Ce qui n'est pas pour plaire à l'ingénieur, qui s'était tout à fait contenté de penser que personne ne le prenait pour cible, même de manière inoffensive.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Alors ? Ça vous a plu ?