1x03 - L'air de rien (16/16) - Présentations
Lorsque Markus rentre de la bibliothèque, où il a donc passé l'après-midi à travailler avec Rob, quelqu'un l'attend sur le perron. Il ne peut pas retenir un sourire en découvrant Jena, assise sur les marches de l'entrée, son sac de voyage à côté de ses pieds. La jeune femme a les yeux baissés sur ses mains, qu'elle frotte l'une contre l'autre, autant pour combattre le froid que l'attente. En lui donnant ses coordonnées, il s'attendait plutôt à ce qu'elle lui écrive, voire l'appelle. Mais cette visite lui est bien plus agréable.
— Tu es là, il la salue depuis le trottoir, luttant toujours sans succès contre son sourire niais.
Elle relève brusquement la tête en entendant sa voix, et se mord la lèvre inférieure, comme souvent, il commence à le remarquer.
— De toute évidence, elle confirme son constat, se relevant et glissant ses mains dans ses poches de jeans taille basse.
— Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? il l'interroge, tout en suivant la petite allée pour la rejoindre.
— Je me suis juste dit que je devais apprendre à accepter de l'aide quand on m'en offre, elle explique, avec un haussement d'épaules et un début de sourire.
— Très bonne résolution, il approuve en hochant la tête.
C'est un peu lui qui lui a donné ce conseil, donc il se sent vaguement fier.
— Tu vas peut-être le regretter, elle tient tout de même à le mettre en garde.
— J'en doute, il lui répond cependant, secouant la tête de gauche à droite, confiant.
Les deux jeunes gens se dirigent ensuite vers la porte d'entrée de la maison, Markus le premier, pour ouvrir. Il appose son RFSD à la zone où on trouve sur d'autres portes la poignée, puis cède le passage à son invitée. Timidement, remettant une mèche brune derrière son oreille, elle se faufile à l'intérieur, et reste dans un coin, n'osant pas faire un pas de plus. Il sourit, puis la dépasse.
— Hey, Papa, il interpelle son père en le trouvant dans le premier endroit où il regarde, à savoir la cuisine, comme la plupart des soirs.
— Markus. Qui est ton amie ? le salue et l'interroge le quadragénaire, n'ayant pas manqué Jena, malgré sa discrétion.
Comme tous les soirs, il attend le retour de ses enfants en réfléchissant à ce qu'il va bien pouvoir concocter pour le dîner.
— C'est Jena. Je me demandais si… elle pouvait rester, quelques nuits, demande le fils aîné, avec des pincettes.
— C'est comme ça que tu me présentes ta nouvelle petite amie ? s'étonne calmement le père, mésinterprétant la situation sans pour autant s'alarmer.
Par chance, l'intéressée n'écoute pas, et se balance d'un pied sur l'autre, concentrée sur le plafond.
— Non non non ! C'est pas comme ça. Non. Er… On était au lycée ensemble, et elle a… déménagé. Elle vient de revenir en ville, et elle n'a nulle part où aller. Parce que c'est une Alternative. J'ai proposé, elle n'a pas demandé, Mark recentre les faits aussi rapidement qu'efficacement.
Alek garde ses yeux sombres sur son fils. Il le connaît bien. Il l'a élevé, après tout, mais il a aussi conscience qu'il a naturellement bon cœur. C'est d'ailleurs la raison principale de sa vocation pour la médecine. En ayant toujours encouragé son fils dans ce sens, comment l'ingénieur pourrait-il le brider aujourd'hui, quand vient le moment de mettre en pratique ses principes ?
Tandis que le père de famille délibère en silence, sous le regard expectatif de son aîné, ses deux plus jeunes enfants rentrent à leur tour de leurs cours. Et évidemment, après avoir franchi le seuil, les deux adolescents tombent nez à nez avec Jena, dans le couloir. Elle ouvre de grands yeux, tout aussi pétrifiée qu'eux.
— Salut. T'es qui ? interroge immédiatement Mae, penchant la tête sur le côté, cherchant ce qu'elle a raté.
— Je suis Jena. Je suis une amie de Markus, explique l'interpellée, avec un sourire gêné, mains toujours dans les poches avant de ses jeans.
— Waw. Donc Rob n'a pas le monopole, raille Caesar avec amusement, récoltant immédiatement un coup de coude de sa petite sœur.
— La ferme, Caes. Je suis Mae, c'est Caesar, la benjamine fait les présentations, désignant qui de droit d'un geste rapide de la main.
— Sympa de faire votre connaissance, répond Jena, se détendant un rien, associant enfin un visage en trois dimensions aux personnes dont lui a parlé Mark au matin.
— Pareil. Qu'est-ce qui t'amène ? enchaîne la blondinette, engageante.
— Je suis… à la rue, et votre frère s'est proposé de m'aider, confesse la jolie brune, non sans baisser les yeux, à nouveau embarrassée.
— D'accord, commente simplement Caes.
Il hausse les épaules, ne voyant pas ce dont elle a à avoir honte, et la contourne pour accéder aux escaliers derrière elle. Mark est un bon samaritain. Il l'a toujours été. Rien de surprenant donc à ce qu'il ramène quelqu'un à la maison pour la sortir d'une galère, même si aucun d'eux ne la connaissent. Ils lui font tous confiance. Et puis Maena peut encore moins juger, étant donné son historique avec Nelson, rencontré dans un commissariat de police, et qui a déjà passé de nombreuses vacances avec les Quanto.
Alors que la petite blonde emboîte le pas à son frère vers l'étage, quoiqu'accordant elle un clin d'œil à la nouvelle venue, cherchant à la rassurer de son embarras évident, Markus revient enfin de la cuisine, accompagné de son père. La cohabitation confirmée, avec moins de négociations qu'il ne l'aurait cru, l'étudiant s'empresse de faire les présentations en bonne et due forme. L'ingénieur sourit à la jeune femme, puis l'invite à venir l'aider à faire la cuisine, pendant que son fils pourra s'occuper de son bagage. Elle est un peu prise au dépourvu par un accueil aussi chaleureux et sans heurt, mais en bien, et accepte avec un grand sourire. Ce n'est définitivement pas l'expérience qu'elle avait eue de la vie de famille, jusqu'à présent.
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