1x03 - L'air de rien (15/16) - "On m'a appelé bien pire."
Sam était prêt à relever le défi d'Elizabeth, lorsqu'elle le lui a lancé. En la surveillant de loin voire s'arrangeant pour pouvoir le faire d'un peu plus près, au cours de cette dernière semaine, il ne voulait surtout pas l'empêcher de travailler, bien au contraire. Donc qu'elle lui annonce que c'était exactement l'effet qu'il avait sur elle, il avait trouvé ça honnête, et l'aurait même laissée tranquille sans qu'elle ne lui propose de contrepartie.
Cependant, la remarque de Patrick l'a dérangé. Il se trompe en disant que son intérêt pour la jeune femme est physique. Oui, c'est une belle fille, ce serait bête de le nier, mais ce n'est pour une fois absolument pas ce qui a amené Sam à lui parler. Il a même à sa plus grande surprise plutôt passé outre ce détail de sa personne. Il est allé la voir parce qu'il ne comprenait pas qu'elle puisse vouloir garder ses compétences plus ou moins secrètes, et surtout se laisse traiter comme moins que ce qu'elle est. C'est ça qui l'embête, avec elle. C'est pour ça qu'il est un peu tout le temps après elle.
Sauf que voilà, maintenant que son coéquipier lui a fait remarquer à quel point son comportement était borderline niais, l'inspecteur commence à également se demander pourquoi il n'agit pas selon ses habitudes. Beaucoup de gens autour de lui ont des attitudes qu'il estime quelque part incohérentes, et il ne les poursuit pas tous pour les remettre sur le droit chemin. Pourquoi Iz serait-elle différente ?
Ainsi, l'inspecteur a donc pris la décision de retourner son défi contre la jeune femme. Il ne lui a pas fallu longtemps pour mettre au point le contournement. Il a même presque été étonné que ce soit aussi facile. Lorsqu'il voit la brunette se préparer à rentrer chez elle, il l'intercepte :
— Hey, Iz.
La jeune femme le dévisage un instant, interloquée, n'en croyant pas ses yeux.
— Déjà ? Vous allez vraiment me laisser gagner aussi facilement ? elle s'assure, ne comprenant pas sa démarche, lui d'ordinaire si compétent à garder le dessus de toute situation.
— Attends… Est-ce que les conditions du pari m'empêchent de boire avec toi ? Parce que si c'est le cas, je repars, et on fait comme si tu ne m'avais pas vu, il raisonne faussement tout haut, désignant son bureau de son pouce par-dessus son épaule.
Elle comprend soudain ce qui est en train de se passer, et ses lèvres s'étirent lentement d'un O surpris à un sourire de bonne perdante.
— Vous m'avez eue, elle cède la victoire, hochant la tête.
— Techniquement, tu t'es eue toute seule, il enfonce le clou, pas peu fier de lui, sous le regard un brin agacé de la jeune femme.
— Je ne sais pas… elle commence sa réponse à son invitation.
— Aller. Je te dois quelque chose comme un millier de cafés. Est-ce que c'est si pénible que ça si je reste dans les parages pendant que tu les bois ? il insiste.
— Ce n'est pas tellement ça le problème.
— Alors quoi ? il l'interroge, candide, en croisant les bras par-dessus son holster, comme souvent, impressionnant sans le faire exprès.
— Je n'ai rien de pertinent sur ce que vous m'avez donné, elle avoue.
— D'accord. Donc peut-être que tu as besoin d'une pause. On peut parler d'autre chose, il propose tout naturellement.
— Vous êtes… machiavélique, elle l'insulte vaguement, choisissant l'adjectif avec soin.
— On m'a appelé bien pire. En fait, même l'étymologie de mon prénom est pire que ça, il réplique sans se démonter, ni mentir d'ailleurs.
— Vous savez quoi ? Je me demandais bien quel genre de prénom était Samael, elle ne peut qu'avouer, maintenant qu'il aborde le sujet de lui-même.
— Prends un café avec moi, et je te le dirai, il saute sur l'occasion.
Cette fois elle va jusqu'à rire doucement, de plus en plus déstabilisée par son aplomb à toute épreuve. Ce n'était vraiment pas le résultat qu'elle avait anticipé en lui lançant ce défi, le matin-même. Elle avait mal jugé en estimant que sa compétitivité aurait le dessus de son tempérament rebelle. Elle voulait se débarrasser de lui, et voilà que maintenant ils avaient plus ou moins rendez-vous. Et le plus dur à accepter, c'est qu'elle n'arrive pas à réellement se plaindre de cette tournure des évènements.
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