1x03 - L'air de rien (13/16) - Cicatrices
Une salle de Biologie est reconnaissable à ses tables à moitié intelligentes seulement, avec des éviers en bouts de rangées, ainsi qu'à ses nombreux placards vitrés, remplis de microscopes et de petits spécimens divers, certains empaillés et d'autres dans des solutions de conservation.
Sur le tableau, derrière la paillasse du professeur, a été affiché le cahier des charges pour une présentation sur laquelle les élèves de Terminales en présence vont devoir travailler pour le mois prochain. Il s'agira d'un dossier complet, accompagné d'un exposé oral, sur une fonction du corps humain de leur choix. Les adolescents, répartis par groupes de deux ou trois, débattent entre eux du sujet qu'ils vont choisir, qu'ils devront révéler à leur enseignante avant la fin de l'heure afin qu'elle l'approuve. La femme d'âge mûr les surveille avec vigilance, ne voulant pas que les conversations ne digressent ou dégénèrent.
Jack, assis sur le tabouret à côté de Caesar, fixe intensément le tableau, comme s'il cherchait l'inspiration dans l'énoncé. Son voisin regarde quant à lui vers le sol, tout aussi songeur mais plus abstrait dans sa réflexion. Alors qu'il frotte machinalement ses mains l'une contre l'autre, il a relève soudain le menton.
— On pourrait prendre la cicatrisation, propose soudain le grand brun au petit blond.
Le talon de l'autre s'arrête de tapoter frénétiquement sur la barre d'appui en bas de son siège, et l'adolescent se retourne vers son camarade.
— C'est une bonne idée ! il s'exclame, les sourcils haussés par la surprise.
Caesar lève les yeux au ciel à sa réaction.
— N'aies pas l'air si étonné, se vexe un peu le grand brun.
Jack rit gentiment et vient poser sa main sur l'épaule de son collègue :
— Je suis pas surpris que ton idée soit bonne, je suis surpris que tu la partages, il le corrige, avec un nouveau haussement de sourcils et un sourire.
— Peut-être parce qu'à chaque fois que je le fais tu me regardes comme ça, lui rétorque l'autre, n'appréciant pas le sous-entendu.
— Est-ce que ce n'est pas une bonne chose que de surprendre les gens ? C'est toujours mieux que de les décevoir, raisonne Jack avec une grimace d'incompréhension.
Il n'a pas l'habitude qu'on résiste autant à sa logique. Pas sans avoir tort. Encore une raison pour laquelle la compagnie de Caesar lui est si intéressante : il le pousse dans ses retranchements. C'est usuellement assez rare, étant donné qu'il en a très peu pour commencer.
— Est-ce que ce sont mes deux seules options ? relève Caes, désabusé par la réflexion tenue par le blond.
Jack retrouve le sourire, amusé par la perspective de son ami. Il peut parfois être d'un pessimisme.
— Je suppose que non. Comment va ta main ? enchaîne le petit génie, avec un geste du menton dans la direction de ce dont il parle.
— Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? interroge Caesar, sur un ton qui laisse présager qu'il connaît la réponse à sa propre question.
Il prend également soin de mettre sa main fraîchement balafrée de côté.
— Parce que tu étais en train de masser ta nouvelle cicatrice, et que tu viens de proposer ça comme sujet, explique l'autre de façon expéditive.
— Ça t'arrive, de laisser passer des trucs ? s'enquiert alors Caes, encore une fois presque sûr du retour qu'il va obtenir.
— Non, répond le blondinet d'un air grave, comme l'avait anticipé l'autre.
Avec un soupir blasé à l'arrogance de son ami, Caesar lève alors le bras pour appeler leur professeur, et lui faire part de leur idée de sujet. À quoi bon lutter, lorsque ce n'est même pas de la vantardise ? Il est parfois difficile de croire que le jeune héritier n'a pas été conçu dans une éprouvette, et était même au contraire carrément imprévu par ses parents. C'est une histoire qu'il aime bien raconter, et qu'il n'a jamais de mal à placer, la question étant soulevée par la plupart des gens.
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