1x02 - Deux temps, trois mouvements (6/15) - Manque de discrétion
Ailleurs dans l'établissement, c'est l'heure du sport pour la classe de Première de Mae, Ellen, et Nelson. Étant donné la période de l'année, les cours prennent place en intérieur. Et aux filets qu'on peut voir le professeur installer, c'est le volleyball qui est à l'ordre du jour. Mais avant de les faire pratiquer, l'enseignant a mis ses élèves à l'échauffement, les faisant courir en cercle autour du terrain multifonction, qui devrait comprendre quatre zones de jeu une fois entièrement converti.
Chacun court à son rythme. De grande taille, Nelson distance ses amies sans difficulté. Mae étant un peu plus athlétique qu'Ellen, elle prend également une certaine avance sur elle.
Le gymnase de Walter Payton High a la particularité d'être entièrement vitré. Ainsi, depuis la grande salle dans laquelle les adolescents trottinent, pas la seule mais la plus vaste du bâtiment, on a une vue sur le terrain extérieur d'un côté, et par la paroi perpendiculaire, sur le train suspendu qui longe l'établissement à l'Ouest. De manière générale, il n'y a pas beaucoup d'activité, dans une direction comme dans l'autre, surtout en cette saison. Et pourtant, Ellen remarque quelque chose qui retient suffisamment son attention pour la faire s'arrêter net.
— Wow ! T'arrête pas comme ça ! s'exclame l'élève derrière elle, manquant de lui renter dedans.
— Désolée, point de côté, elle s'excuse avec un sourire, portant sa main à son flanc.
L'autre ne fait que secouer la tête et continuer sa course. Nelson passe devant Ellen avec un air suspicieux mais sans s'arrêter, ce qui n'est pas le cas de Maena lorsqu'elle la rattrape à son tour. Sa pause est bien trop longue pour avoir été réellement causée par un point de côté, et elle s'inquiète.
— Ell' ? Qu'est-ce que tu fais ? lui demande la blondinette, faisant du surplace, sa queue de cheval haute spécialement pour ce cours virevoltant de l'une de ses épaules à l'autre.
— J'ai un truc à te montrer.
Sur ces mots, Ellen attrape la blonde par le bras, interrompant son échauffement pour de bon cette fois, et l'entraîne vers la paroi vitrée du bâtiment.
— Je suis censée voir quoi ? demande Mae, ne comprenant pas le comportement de son amie.
D'aussi loin qu'elle se souvienne, le train suspendu est toujours passé par là. Et il y a toujours eu des voitures garées en-dessous. Elle ne remarque vraiment rien d'inhabituel à ce décor.
— C'est le type que j'arrête pas de voir les matins, à la sortie du bus, précise Ellen.
D'un doigt sur la vitre, elle désigne un homme sous la voie ferrée aérienne. Il a échappé à Mae car il est en grande partie dissimulé derrière la moto qu'il est visiblement occupé à essayer de réparer.
— Et ?
Maena ne comprend toujours pas. Ce n'est peut-être pas l'endroit idéal pour s'arrêter et s'occuper de problèmes mécaniques, mais ce n'est pas non plus inconcevable que, dans l'urgence, un motard l'ait choisi. Et si son amie le voit tous les matins, c'est sans doute qu'il travaille dans les environs, tout simplement.
— Il est super canon ! Ellen commente avec une intonation qui suggère qu'elle ne pensait pas qu'elle aurait besoin de le faire.
La blonde prend un air sceptique à la remarque, mais comme pour appuyer les dires de l'autre adolescente, l'homme se relève de derrière son deux-roues, dévoilant effectivement une silhouette puissante et très bien dessinée.
D'un geste nonchalant, le motard jette le chiffon qu'il a à la main sur son épaule, et se penche par-dessus sa bécane, prenant appui sur le réservoir avec sa main libre. Son débardeur blanc est maculé de taches de cambouis, à l'instar de ses jeans, délavés et déchirés. Il en a même sur son visage, au niveau de la pommette, ce qui fait rappel au noir de ses cheveux, sa barbiche, et surtout de ses yeux, comme deux obsidiennes.
— Il doit surtout crever de froid ! s'exclame Mae, faisant évidemment référence à la tenue de l'inconnu, difficilement adaptée aux températures de mi-Janvier à Chicago.
L'intéressé lève soudain les yeux vers les deux adolescentes, les faisant sursauter, bien qu'elles sachent qu'il est impossible qu'il les ait entendues au travers du double vitrage. Il ne peut en revanche que constater qu'elles sont en train de le fixer, ce qui les pousse à précipitamment reprendre leur exercice, dans une bousculade peu discrète.
Jusqu'ici impassible, l'inconnu esquisse finalement un sourire, avant de reporter son attention sur son engin à moteur. Il attrape le chiffon à son épaule, sur lequel il essuie ses doigts du mieux qu'il peut, avant de le fourrer dans la poche arrière de ses jeans. Il frotte ensuite ses mains l'une contre l'autre, avant de poser à nouveau l'une d'elles sur le réservoir, tandis que l'autre attrape l'embrayage. Quoi qu'il ait bricolé, l'engin démarre à présent, dans un vrombissement caractéristique.
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