1x02 - Deux temps, trois mouvements (13/15) - Proposition

Sam est en pleine discussion avec un autre inspecteur lorsqu'Elizabeth, la coffee girl qu'il est toujours convaincu n'en est pas une, passe derrière lui. Alors qu'elle ne lui accorde pas un regard, occupée à récupérer les tasses qu'elle a distribuées plus tôt dans l'après-midi, il ne manque pour sa part pas de la repérer du coin de l'œil. Remerciant rapidement son interlocuteur d'une main sur l'épaule, il rattrape la jeune femme :

— Hey ! Iz ! il l'interpelle, la faisant faire volte-face.

— Quanto ! Que puis-je faire pour vous aujourd'hui ? elle le salue et lui demande, interrompant son avancée et changeant son plateau de main.

Elle n'a pas oublié ce qui s'est passé la semaine dernière, mais puisqu'il ne lui avait pas adressé la parole depuis, elle avait bêtement osé espérer que lui, si. Refusant de briser cet espoir ridicule, elle se comporte donc comme si de rien n'était même maintenant qu'il vient vers elle.

— J'ai quelque chose pour toi, si tu me donnes… une minute, il annonce, signifiant d'un geste de la main que la durée déclarée n'est qu'une estimation.

— Je vais sans doute le regretter, mais vous avez mon attention, elle lui accorde, indulgente.

— Si vous voulez bien me suivre.

Il ouvre la voie d'un geste exagérément cérémonieux pour lui, même si d'une galanterie la plus basique, et Iz fait rouler ses yeux dans leur orbite. Elle n'a néanmoins qu'une parole et pose son chargement sur le meuble le plus proche, suivant la direction indiquée par l'inspecteur.

Il la guide jusqu'à la salle où il l'a confrontée la semaine précédente, dans laquelle se trouve le panneau d'accès au serveur central. Il allume l'interface d'un mouvement survolant, et commence à y faire défiler les affaires en cours, en regroupant certaines soigneusement choisies.

— Qu'est-ce que c'est ? demande Elizabeth en s'approchant, ne comprenant pas sa démarche.

— J'aimerais que tu me dises ce que tu trouves à ces affaires, il explique, avec un demi-sourire qui demande toute sa concentration à la brunette pour ne pas lui renvoyer.

— Pourquoi ? elle interroge à la place, jetant un œil aux homicides qu'il a rassemblés.

— Tu m'as dit de faire appel aux compétences que je pensais que tu possédais. Je peux être obéissant, quand je veux.

Il croise les bras, sûr de lui, comme souvent. Joueur, aussi. Elle le maudit intérieurement.

— En admettant que j'entre dans votre jeu, pourquoi ces affaires en particulier ? elle l'interroge, lui accordant un bref regard plissé avant de revenir à la surface devant eux.

— À toi de me le dire.

Son sourire devrait définitivement être interdit par la loi. Comme beaucoup de choses chez lui, elle commence à le découvrir. Elle se concentre une fois de plus sur l'écran afin d'échapper au charisme de l'inspecteur.

— Alors… tu es partante ? il s'enquiert, ne sachant pas trop comment interpréter son silence.

Elle sourit, contente de le tenir lui en expectative, pour une fois, puis se redresse pour lui faire convenablement face.

— Je n'ai pas vraiment le choix, si ?

Il fronce brièvement les sourcils à cette réponse avant de revenir à son sourire, mutin.

— T'exagères, c'est pas comme si j'étais irrésistible à ce point !

Sans lui laisser le temps de rétorquer, il sort ensuite de la pièce, avec un clin d'œil espiègle. Elle reste bouche bée, soufflée par un tel culot. Il ne fait aucun doute qu'il a très bien compris ce qu'elle voulait dire. Il a sans doute simplement voulu avoir le dernier mot à son tour, comme elle l'a brillamment fait le Lundi passé.

Après l'avoir regardé retourner jusqu'à son bureau, elle secoue la tête et revient aux affaires qu'il vient de lui suggérer d'examiner. Malgré son insupportable ego, elle ne peut pas nier qu'elle est reconnaissante à l'inspecteur d'être venu vers elle. Elle ne cherche pas la renommée, et ce qu'elle fait depuis son arrivée rentre également dans la description de son poste — qui, il a raison, ne se limite pas à coffee girl, mais ça il est déjà suffisamment arrogant pour qu'elle s'abstienne de le lui dire —, mais un peu de reconnaissance ne fait pas de mal. Ça fait même très plaisir. Malgré la façon dont elle lui a un peu sauté à la gorge la semaine précédente, elle doit bien admettre que c'est toujours sympa de savoir que tout le monde n'a pas oublié que distribuer le café n'est pas votre seule compétence valable.

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