1x01 - Capitaine Nemo (13/17) - Souvenirs, souvenirs…
Rob et Markus cheminent tranquillement dans la rue, côte à côte. Les allées et venues de la matinée ont déjà suffi à tracer une tranchée dans la couche de neige, et se déplacer est devenu plus aisé qu'à l'aube, bien que la tâche n'était déjà pas initialement insurmontable.
En chemin vers leur faculté après le déjeuner, les deux amis sont visiblement au beau milieu d'une conversation animée, du côté de Markus du moins, qui lève les mains à intervalles presque réguliers, alors que son ami hausse les épaules, l'air à moitié désolé et à moitié indifférent.
— J'arrive pas à croire que tu te souviens pas d'elle ! s'exclame l'aîné des Quanto, certainement pas pour la première fois.
— Jena, Jena…
À la façon dont Robert secoue lentement la tête de gauche à droite en répétant le prénom, il n'a pas la moindre idée de qui on lui parle, même s'il cherche intensément.
— Jena Miller, insiste l'autre, incrédule devant le manque de mémoire de son ami, pourtant plus doué que lui lorsqu'il s'agit de se souvenir de listes médicales sans queue ni tête.
— Miller… Tu veux dire la fille qui a disparu quand on était en Seconde ?
Mark lève les bras au ciel, en signe de victoire. Enfin, une lueur dans l'obscurité !
— C'est ça ! Sauf qu'elle n'avait pas disparu, elle avait fugué, le corrige Mark.
— Et n'a jamais été retrouvée ? se permet de faire remarquer Rob, haussant un sourcil en signe de doute à cette déclaration.
— C'était pas comme ça ! Elle avait laissé un mot, et elle envoyait des nouvelles à sa sœur. Elle ne voulait pas être retrouvée, c'est tout. Je crois pas que ses parents ont seulement rempli un rapport de personne disparue, relate Markus, tenant à n'en pas douter ses informations de son oncle.
— Parce que ça ne sonne pas du tout comme un enlèvement, tout ça, ne peut pas s'empêcher de dramatiser Rob.
— Écoute, elle avait l'air d'aller bien. Tu vas me faire flipper, avec ton esprit tordu ! accuse Mark, esquissant un coup d'épaule vers son compagnon sans aller au bout de son geste, conscient des risques, étant donné la surface glissante sur laquelle ils se déplacent actuellement.
— Ouais, au moins elle est en vie, se tempère l'autre.
— Et pas qu'un peu, ajoute Markus, haussant les sourcils dans un sous-entendu peu clair.
— C'est-à-dire ? cherche à comprendre l'autre.
— Bah er… Rien. Elle va bien, et elle est de retour à Chicago, c'est tout, reformule maladroitement Markus.
Trop tard pour revenir sur ses mots, Robert le connaît trop bien et plisse les yeux.
— T'avais pas un gros béguin pour elle, maintenant que j'y pense ?
Ah, ça, il s'en souvient vite, tiens ! Les épaules de Markus s'affaissent.
— N'importe quoi, il réplique, affichant pourtant une mimique qui se veut sans doute de déni mais a malheureusement pour lui l'effet exactement inverse.
— Je suis sûr que moi je l'aurais pas reconnue, fait remarquer Rob, narquois.
— Tu ne te reconnaîtrais pas dans un miroir !
Cette fois, l'aîné des Quanto va jusqu'au bout de son coup d'épaule à son compagnon de route, qui manque alors de déraper dans la neige. Le coupable s'excuse immédiatement d'une grimace et se précipite pour empêcher sa victime de choir. Bon joueur, ce dernier se met cependant à rire, au plus grand soulagement de son tortionnaire involontaire.
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