Huitième Jour - Credo (1/7)

Les métaux sont des matériaux conducteurs thermiques et électriques, parfois magnétisables, solides, mais façonnables à certaines températures - à l'exception du Mercure, le plus souvent trouvé liquide. Les métaux sont, à mon humble avis, l'une des grandes conquêtes de l'espèce humaine. On peut en trouver aussi bien à l'état natif qu'en extraire de certains minéraux, et on fabrique des millions de choses avec, des structures de bâtiments aux micropuces électroniques, en passant par la joaillerie. On peut les peindre, les graver, les rendre mats ou brillants, les débiter en feuilles ou en plaques épaisses, en fils ou en barres, et j'en passe. On peut pratiquement tout faire, avec des métaux. Et pour ne rien gâcher, d'un point de vue un peu moins réaliste, tous les métaux sont Magnétiques, et sont par conséquent de grands amis des Magnets. Nous pouvons très difficilement, pour ne pas dire pas du tout, les déformer, mais avec un peu de pratique nous pouvons les faire vibrer et les déplacer, avec une précision toute relative. À dire vrai, que la plupart des objets de tous les jours soient au moins en partie métalliques a du bon ; quand nous ne sommes pas en colère, ça nous facilite grandement la vie.

Pourtant, malgré tous ces avantages, tout ce que je peux penser à cet instant précis, c'est que le métal est un matériau dur, froid, brillant, coupant, douloureux, et mortel. Ça a peut-être à voir avec la lame à double tranchant de trente centimètres qui pointe vers ma gorge. Je ne sais pas, je ne suis plus vraiment sûr de rien. Je ne sais même pas où je suis exactement. Je ne sais pas où est Dwight, et je ne sais pas où sont LeX, H, Vik, Perry, ou June non plus. Je ne sais même pas où sont mes propres parents. J'ignore même où est Oscar. J'espère qu'elle ne va rien faire qu'elle ne devrait pas faire. J'espère que je ne vais pas tout gâcher. On dit toujours que notre vie défile devant nos yeux lorsqu'on est sur le point de mourir de façon violente, mais pour m'être déjà trouvé dans ce type de situation, je sais que ce n'est pas tout à fait vrai. On pense à plein de choses, je vous l'accorde, parfois pas franchement logiques, mais on n'a certainement pas le temps de penser à tout ce qui a bien pu nous arriver depuis aussi loin qu'on s'en souvienne. On n'a même pas le temps de ne penser qu'aux points forts ou aux regrets. Ou pas à tous, en tous cas. Pour tout vous dire, je crois qu'il y a un court-circuit qui doit se faire quelque part dans nos méninges lorsqu'on est face à une mort imminente.

Je suis couché par terre, à peine en appui sur mes coudes, et je ne peux pas détacher mes yeux de l'objet qui va m'ôter la vie dans moins d'une minute. J'en aurais presque l'image gravée dans la rétine. J'ai beau ramper en arrière, poussé par un instinct de survie primaire et stupide, je sais pertinemment que je n'ai aucune chance. Et je n'en veux pas, de toute façon. Ce qui est fait est fait, j'assume pleinement les décisions qui m'ont conduit jusqu'ici. Mon assassin me suit, sans se presser, l'imperceptible bruit de ses bottes de cuir sur le carrelage résonnant dans la grande véranda dans laquelle nous nous trouvons. Enfin, mes épaules rencontrent une surface dure, ce qui a pour effet d'arrêter là ma fuite incontrôlée. Oudamou ne sourit pas. Il lève le bras un peu plus haut encore, prenant son élan. Je ferme les yeux. Il frappe vers ma gorge au moment où je tourne la tête.

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