Septième Jour - Par intraveineuse (7/7)
— Ow ! est tout ce que Josh semble être en mesure de prononcer.
Dwight m'a rapidement remise sur pied après que j'ai paniqué à la vue d'autant de sang hors du corps de Josh. LeX, sans se lever encore, s'est écartée du passage de Perry, allant s'adosser à l'autre mur du couloir, celui qui n'est pas fissuré. La grand brun a alors passé un bras sous Josh pour l'aider à se relever, puis l'a précautionneusement aidé à marcher jusqu'à son lit, sur lequel il l'a fait asseoir. Je ne suis pas une experte, mais je ne crois pas qu'il soit normal que Josh soit resté conscient durant cette manœuvre. Je ne crois pas qu'il soit normal qu'il ait été conscient à aucun moment à partir de celui où il a reçu sa blessure, en fait. Il crache du sang par intermittence et a visiblement beaucoup de mal à respirer. Par chance, sa plaie se situe sur son flanc droit, donc il est peu probable que le cœur soit atteint, mais il doit quand même se trouver pas mal d'organes vitaux dans cette région. L'espace d'un instant, Perry, un genou à terre près du lit, écarte la main qui fait pression sur la blessure, pour mieux voir, mais Josh la remet très vite là où elle était.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? interroge l'homme masqué.
— Gardes, parvient à lui répondre l'autre entre ses dents.
— Tu pensais vraiment qu'il n'y en aurait pas ? s'étonne Perry, tout en continuant à l'inspecter sous tous les angles, à la recherche d'une solution.
— Si. Eux, je m'en suis occupé. Ce qui m'a surpris c'est le Chaman avec son sceptre.
Parler ne lui fait pas du bien ; il a tout juste le temps de terminer sa phrase, une grimace de douleur mordant déjà sur le mot "sceptre".
— Tu t' fait avoir p'r un sceptre ? intervient Dwight.
Je trouve que tout le monde ici est beaucoup trop tranquille face à cette situation. Qu'est-ce qu'on s'en fout de ce qui s'est passé ! C'est franchement pas le moment !
— Un sceptre en bois avec une lame en bois. Ow !
Perry vient de poser sa main sur la sienne, pour prendre le relais, qui lui est volontiers offert malgré la sensitivité de la manœuvre.
— Étant donné la situation, je me demande si l'utilisation du bois doit être considéré comme primitive ou très avancée, commente l'homme masqué, alors que sa main est déjà complètement rouge.
— Pas moi. Aouch !
Là, je ne saurais pas dire ce qui lui a fait mal exactement.
— Faites un truc ! j'interviens, Dwight me tenant toujours fermement.
— Pourquoi tu ne cicatrises pas ? interroge Perry.
C'est vrai qu'il s'est bien vite remis d'une épaule déplacée, mais quand même…
— Oh si, ça je peux te le dire, je cicatrise.
Il serre les dents pour ne pas gémir à nouveau. Je ne comprends plus rien.
— La lame est dedans, explique LeX, arrivant derrière Dwight et moi, une main sur l'encadrement de la porte pour rester debout, toujours trempée, le visage toujours ensanglanté.
— Si seulement tu ne m'avais pas taclé…
Je n'arrive toujours pas à visualiser ce qui a bien pu se passer exactement, mais bon.
— "Merci, LeX, d'avoir sauvé ma peau." Mais de rien…
Elle lui lance un regard mauvais, puis tourne les talons et se rassoit par terre en se laissant glisser le long du mur lézardé.
— Bon, Josh, arrête de bouger, je vais voir ce que je peux faire.
L'autre prend une inspiration aussi grande que possible, qu'il retient, puis hoche la tête pour marquer son accord.
Perry écarte un à un ses doigts, et une douce lueur rouge se met à englober sa main. Déjà, première étape, le sang dont était imbibé le T-shirt disparaît. Ce serait mieux que le pressing si parallèlement la déchirure dans le tissu ne s'élargissait pas. Deuxième étape, sans laquelle la première serait pour le moins futile, l'hémorragie semble s'arrêter. Mais aux mimiques de Josh, tout ça n'a rien d'une solution, Perry ne doit faire que retenir le sang à l'intérieur, ce qui n'est pas forcément une bonne idée, à ma connaissance. (Ouais, j'ai des connaissances bizarres.) Délicatement, avec son autre main, du bout des doigts, l'homme masqué essuie tant bien que mal les contours de la plaie. C'est très moche. Josh se mord la joue pour ne pas hurler. Ensuite, je ne sais pas exactement ce qui se passe, mais l'objet intrus ayant transpercé le flanc de Josh a l'air de ressortir un peu. Cette fois, il bondit, incapable de se retenir.
— Je ne peux rien faire si tu n'arrêtes pas de bouger ! s'exclame Perry, la lueur rouge de sa main s'éteignant et l'hémorragie reprenant de plus belle.
— Tu sais dans quoi c'est logé, au moins ? interroge le blessé.
À sa place, j'aurais répondu un truc du genre "plus facile à dire qu'à faire". Il est bon patient.
— À vue de nez : foie… et peut-être poumon droit. Mais je ne suis pas médecin.
Poumon ? Dwight ne me lâche toujours pas, malgré mes efforts.
— Oui, bon, ben j'ai du mal à ne pas bouger quand tu tires sur un machin qui est dans mon foie et peut-être dans mon poumon. Tu m'excuses ?
Pas si bon patient que ça, finalement…
— Pfff. Vous êtes franchement nuls.
Je me débats une fois de plus, toujours sans succès.
— Une meilleure idée, peut-être ?
Perry tourne la tête vers moi, imité par Josh avec un certain décalage sûrement dû à l'exsanguination.
— Oui, si on veut bien me lâcher.
J'appuie ostensiblement sur le bras de Dwight. Très honnêtement, j'aurais probablement pu m'en défaire par l'usage de la force, mais je n'avais pas envie de lui faire mal.
— Pourquoi tu la tiens, Dwight ? demande l'homme au masque, fronçant certainement les sourcils.
— J'sais pas. Réflexe. 'scuse.
Il ouvre son bras et je fais ostensiblement un pas en avant.
— Merci.
Et ça vaut aussi pour m'avoir évité de m'étaler par terre deux fois de suites, pour deux raisons différentes.
— Alors, qu'est-ce que tu fais, toi, dans une situation comme celle-ci ?
Perry savoure la situation. Il sait des trucs que personne d'autre ne sait dans cette pièce.
— Er… Non pas que je me sois déjà trouvée dans une situation semblable mais… Josh, regarde-moi.
Je m'avance jusqu'à l'intéressé et m'accroupis devant lui. Il me suit d'abord des yeux puis baisse la tête, pas convaincu.
— Une distraction ? Vraiment ? C'est gentil, mais je ne pense pas que ça va fonctionner.
Ce garçon est trop intelligent pour son bien. Mais, sans vouloir me vanter, je suis plus maligne. De la main, je rappelle son regard à moi.
— Ah ouais ? Regarde-moi comme tu m'as regardée ce matin.
Et là, il plante total.
— Hein ?
N'importe qui pourrait croire qu'il ne voit pas du tout où je veux en venir. Pendant une fraction de seconde, je le crois presque aussi. Mais non, je n'ai pas rêvé ce matin. Ça s'est peut-être passé à un moment un peu flou, juste entre le moment où je ne me souvenais de rien et celui où je me souvenais à nouveau de tout et même plus, mais je n'ai pas rêvé. Josh ne change pas la couleur de ses yeux juste comme ça, il lui faut un truc, quelque chose qui le déclenche. Et si je n'ai aucune idée de ce qui a fait déclic ce matin, je crois pouvoir affirmer que c'était quelque chose d'assez particulier, pour le faire sourire comme un niais et lui faire oublier son épaule. Je le laisse retrouver ce quelque chose, regardant ses yeux virer progressivement du marron au gris, me contentant pour ma part de rester impassible. Au moment où je réagirai, sa concentration sera brisée, et la distraction ne marchera plus. Au moment où je réagirai, ou alors au moment que choisira Perry pour tirer d'un coup sec sur la lame de bois brisée entre les côtes de Josh.
— OW !
Je me relève en grimaçant. J'ai l'impression d'avoir été complice d'une terrible trahison.
— Elle est douée… commente Dwight tout bas, toujours près de la porte.
Josh vomit un flot de sang sur la moquette, entre ses jambes. Perry balance la lame de bois par-dessus son épaule et s'empresse d'appliquer sa lumière rouge sur la plaie. À ce que j'ai compris, Josh ne devrait pas mettre très longtemps à cicatriser. Mais ce que je sais aussi, c'est qu'avec une blessure comme celle-là, l'objet est mieux dedans que dehors, parce qu'il enraye une partie de l'hémorragie. Il ne faut l'enlever que si une aide chirurgicale est à portée. (Et, non, je n'ai pas appris ça que dans les films.) Josh bascule sur le côté, haletant comme un poisson hors de l'eau. Son poumon a définitivement été touché. Je plaque une main sur ma bouche, pour le moins terrorisée. À part Perry qui n'interrompt pas son manège de lumière, personne ne fait rien, mais je crois que Dwight est au moins aussi tendu que moi, et que même LeX a tourné la tête. Après un – trop – long moment, et avec un ultime soubresaut, Josh parvient enfin à se calmer suffisamment pour placer sa propre main sur la plaie. Ce doit être bon signe.
— Merci.
Sa voix est encore faible, mais il parle. Je ne sais s'il s'adresse à Perry ou à moi. Peut-être les deux. Ni lui ni moi ne répondons quoi que ce soit de toute façon. Tout le monde se contente juste de l'observer se remettre assis.
— Vieux, t'risques trop souvent ta vie c'derniers temps, fait remarquer Dwight en s'avançant un peu dans la pièce, bras croisés, se voulant certainement sévère.
— Désolé.
Je crois qu'il a envie de rire, mais il n'est pas tellement en état pour, et se retrouve juste à retenir une nouvelle exclamation de douleur.
— LeX, ça va, toi ? demande Perry plus haut, son interlocutrice toujours assise au pied du mur, en dehors de la pièce.
— Quoi ? répond-t-elle, comme si la question n'avait aucun sens, tournant à peine la tête sur la droite, vers nous.
— T'as du sang plein la tête… lui dit Dwight.
Elle se détourne de lui.
— C'est pas le mien.
En voilà un gros mensonge. On ne pleure pas le sang des autres. Bon, après, on n'est pas censé pleurer son propre sang non plus, mais… !
— Tu nous explique ce qui s'est passé, exactement ?
L'attention de Perry retourne à Josh.
— Je l'ai dit. Je me suis occupé des gardes, et juste quand je croyais avoir fini, le Chaman s'est relevé et m'a lancé son sceptre. Je l'ai perçu trop tard. J'ai eu le temps de l'envoyer valser, mais je me suis quand même fait avoir par son projectile. Et c'est là que LeX a surgi. La lame s'est brisée quand elle m'a sauté dessus.
Bon, okay, dans le but de faire avancer les choses, on va dire que j'ai compris.
— Timing pourri, fait observer Dwight tout haut.
— Sans commentaire.
LeX accompagne sa défense d'un grondement sourd.
— Mais… tu as eu le temps de faire ce que tu avais à faire ? Perry cherche confirmation.
— Oui… Oui, j'ai fait ce qu'il fallait.
J'ai comme l'impression que s'ils ne disent pas ce qu'il a eu à faire, exactement, c'est juste pour mon bénéfice. Je n'arrive pas à décider si ça m'arrange ou non.
— Alors… c'est fini ? Je suis… sauvée ? je demande maladroitement.
— Pas si vite, Mademoiselle.
Je n'ai pas entendu la porte du placard coulisser derrière moi.
Je fais volte-face et tous les autres, hormis LeX, tournent la tête vers le nouveau venu, à savoir Hannibal. Et autant dire qu'il n'a pas l'air en meilleur état que tout à l'heure. Il n'a pas menti et s'est effectivement pourvu d'une paire de gants en cuir. En revanche, le circuit imprimé qui s'illumine régulièrement sous sa peau, par endroits, il n'a pas l'air de le faire exprès. Ça a même l'air de plus le gêner qu'autre chose, à la façon dont il retient une grimace à chaque fois. Du coin de l'œil, je vois Dwight regarder ses pieds, comme si c'était sa faute. Derrière moi, j'entends Josh essayer de se lever, mais il se fait modérer par Perry. Quelque part, ça me rassure qu'il y ait toujours des limites, même quand on est un impressionnant miraculé. Plus effrayée que je ne veux le laisser paraître par la dégaine de l'ange blond, je m'écarte légèrement de devant Josh, le laissant parler, même si c'est à moi que l'autre s'est adressé.
— H ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
Je remarque que Josh a de nouveau porté sa main à son flanc. Ça lui apprendra à forcer sur une blessure récente…
— Rien de grave. Mais attends le lever du soleil avant de libérer la miss. S'il ne s'est rien passé à ce moment-là, je pense qu'elle pourra partir sans risques.
Personne ne relève, mais je ne suis pourtant pas la seule à tiquer lorsqu'il prétend que tout va bien.
— Tu sais des choses qu'on ignore ? s'enquiert Josh, se concentrant sur le reste de la prise de parole.
Il retient lui aussi une grimace, respirer n'étant pas encore tout à fait redevenu indolore.
— J'ai participé à bien plus de missions magnétiques qu'aucun d'entre vous. J'aurais pensé mon point de vue apprécié, se défend le grand blond, détournant néanmoins son regard.
Enfin, je crois qu'il le détourne, c'est difficile à dire.
— Il l'est, l'assure Josh, hochant gravement la tête mais fronçant toujours les sourcils.
C'est clair qu'on a vu plus crédible, comme façon de se justifier.
— Super. Maintenant, si ça ne vous dérange pas… Peace, out.
Et aussitôt dit aussitôt fait, avec un semblant de salut militaire, d'un simple pas en arrière, il disparaît dans l'ombre de l'intérieur du placard.
— Requiert permission de l'accompagner.
C'est Perry qui rompt le silence qui suit le départ de l'ange, sans regarder personne en particulier.
— Même pas besoin de demander, répond Josh, baissant la tête, apparemment tiraillé entre sa propre douleur et son inquiétude pour Hannibal.
— Bonne soirée, dit l'homme masqué avant de s'engouffrer à son tour dans le placard.
Il n'y a décidément que l'idée que ça va peut-être tellement me choquer que je pourrais tomber dans les pommes pour me retenir de demander à nouveau ce qui se passe dans ce placard.
— LeX a disparu, fait tout à coup remarquer Dwight.
Je préfère ne pas savoir s'il s'en rend seulement compte ou si elle s'est volatilisée sous ses yeux.
— Ça ne m'étonne pas, commente Josh, juste avant d'essayer de se lever une nouvelle fois.
— Assis !
Je m'avance et appuie fermement sur ses épaules. Il n'est pas en état de m'opposer une résistance digne de ce nom.
— Il faut que je me lève, il plaide, levant les yeux vers moi.
S'il n'avait pas l'air aussi exsangue, j'aurais certainement cédé.
— C'est pas un peu tôt pour la rééduc' ?
Je croise les bras et plisse les yeux, sévère.
— Il faut que je laisse Dwighty me frapper.
Je ne suis pas certaine d'avoir bien entendu.
— Pardon ?
Je penche la tête sur le côté. C'est peut-être le choc de sa blessure qui le fait délirer…
— J'vais pas t'frapper, vieux ! intervient l'intéressé, à mon grand soulagement, se rapprochant de nous.
— C'est ça, comme si tu n'en avais pas envie.
Et Josh sourit comme s'il ne venait pas de proposer que son meilleur ami le frappe alors qu'on vient de lui retirer une lame de bois d'une bonne vingtaine de centimètre d'entre les côtes.
— J'vois pas c'qui t'fait penser ça…
Dwight regarde ses pieds. Y aurait-il un sens caché à frapper les gens ?
— Je n'avais pas l'intention de le dire devant Oscar mais… tu as jumpé sans rien casser.
Et… il est supposé tout défoncer sur son passage ? Et puis même, quel rapport, pour commencer ?
— C'pas pour ça qu'j'ai envie d'te taper. T'as passé trop d'temps a'c Vik.
C'est vrai qu'elle semble apprécier faire souffrir certaines personnes ; ce qui ne m'aide pas à comprendre cette conversation.
— Et toi pas assez, de toute évidence.
Ah ! Là, je crois que ça aborde un sujet que je saisis.
— Ouais, p't-êt'e, mais c'pas ta faute, vieux.
Dwight hausse les épaules et fait semblant de donner un coup dans le bras de Josh. Il se retient à l'ultime seconde de le faire pour de bon, un léger sursaut de ma part lui rappelant juste à temps l'état de son ami.
— Alors… c'est pas un secret ? je propose, contente d'avoir au moins suivi une partie de la discussion.
— De quoi ?
Dwight fronce les sourcils. J'aurais mieux fait de me taire.
— … Rien.
Je secoue la tête, prenant un air innocent. Josh se retient de rire, et je m'applique à regarder partout sauf dans leur direction globale.
— T'pas la dalle ? demande Dwight, sans rapport aucun avec ce qui précède.
— Ben… LeX m'a fait manger des fruits qui sur Terre auraient certainement été considérés comme transgéniques de par leur couleur, mais, même si ça me coûte de l'admettre parce qu'en plus ils avaient un goût atroce, ils étaient apparemment très nourrissants.
Pour compenser la perte de plus d'un litre de sang, ça devait être quelque chose, ouais…
— Ew, compatis Dwight.
Peut-être qu'il a une idée un peu plus précise que moi sur la nature des fruits en question.
— Très juste. Mais assez parlé de moi.
Cette fois, il m'empêche de le maintenir assis.
Sauf que je n'apprécie pas du tout la manœuvre. Dwight voit venir ma réaction à un kilomètre, à peine Josh a-t-il levé la main. Prudent, il fait un pas en arrière. Je plisse les yeux et croise les bras. Josh n'est pas aussi rapide que son ami. Majoritairement parce qu'il est assez occupé à ne pas trop forcer sur sa plaie. Je pense que le reste vient simplement du fait que pour lui c'est un réflexe de juste "gérer" les gens qui l'entourent. Mais il lève tout de même assez vite les yeux vers moi, comme s'il se rendait compte de son erreur quelques secondes trop tard seulement. Pas de chance, trop tard, c'est toujours trop tard. Je hausse un sourcil et il ouvre la bouche sans laisser échapper un son. Dwight regarde ailleurs, comme s'il ne voulait pas voir ça. Josh finit par reprendre une contenance et refermer la bouche.
— Il fallait vraiment que je me lève, et je suis déjà blessé, se justifie-t-il, posé.
Genre, j'aurais eu besoin de lui disloquer l'épaule pour le maintenir assis, dans l'état où il est.
— Il y a une minute tu étais prêt à laisser Dwight te frapper, je rétorque, sans décroiser les bras.
— Exact, mais ça n'a rien à voir. Je pensais qu'il en avait besoin.
C'est honnête.
— V'là pour qui j'passe, quoi, relève tout de même Dwight.
— T'inquiètes, tu as refusé, ton honneur est sauf.
Je lui accorde un sourire, imitée par Josh, en décalé.
— Merci.
Il hoche la tête, satisfait. Je retourne à Josh.
— Ce qui n'explique pas ta grande nécessité de te lever.
Juste en disant ça je songe que, si ça se trouve, il veut juste aller aux toilettes.
— J'ai cru comprendre qu'être enfermée n'était pas franchement ton truc.
Et alors ? C'est pas comme si en se levant il pouvait tout à coup m'autoriser à sortir.
— Vrai, mais je n'étais pas vraiment enfermée.
De toute façon…
— Tu as passé la journée dans un endroit inconnu sans avoir le droit d'en sortir.
Dit comme ça. Je rappelle que je n'ai toujours pas décroisé les bras.
— Pour ma propre sécurité, je précise.
Oui, j'ai un fort esprit de contradiction.
— Je suis content que tu aies bien compris ça, mais ça ne change pas ton sentiment sur la question.
Il insiste, commençant à sourire devant mon obstination à lui donner tort. Ou du moins à ne pas lui donner raison. Je pose mes mains sur mes hanches.
— Et alors ? Qu'est-ce que tu comptes y faire ? je le défie.
— Quelle est ta position par rapport aux hauteurs ?
Je ne le suis pas.
— Neutre. Je n'ai pas le vertige, si c'est ce que tu cherches à savoir. On m'a souvent dit que je devais avoir du sang natif américain.
Histoire vraie.
— Cool… commente Dwight.
— Bien. Dans ce cas, que dirais-tu de m'accompagner sur le toit ? me propose Josh.
— Le toit ?
Je ne m'attendais pas à ça.
— Oui, le toit de l'immeuble, il confirme, serein.
— C'est dehors, non ? je suppose.
— Oui mais non. Disons qu'il y aura de la neige, mais ce n'est pas considéré comme étant hors du bâtiment.
Là, je vois où il veut en venir.
— J'aurais besoin de mes bottes. Et de ma veste.
Techniquement j'aurais besoin de me changer entièrement, mais l'idée d'aller au-dehors, là où il y a du vent et des intempéries, est trop irrésistible pour perdre tout ce temps.
— Er… Tes bottes sont là, mais ta veste…
Josh fait un geste en direction de derrière le fauteuil qu'il occupait ce matin, puis parcourt vainement la pièce des yeux.
— Prends la mienne.
Dwight disparaît à l'angle du couloir l'espace d'une seconde et, deux "pouf" plus tard, revient avec le hoodie qu'il portait plus tôt dans la journée, quoique taché en assortiment avec ses jeans.
— C'est le seul que tu savais où trouver ? lui demande Josh, avec l'air de celui qui ne s'étonne plus du côté bordélique de son coloc'.
— Ouep. Et puis comme ça vous s'rez assortis.
Il hausse les épaules et me tend sa veste. Sauf que la boue sur les vêtements de Josh a légèrement bavé à cause de l'eau. Il a dû se retrouver sous une pluie d'enfer pour être trempé à ce point.
— Merci.
J'accepte ce que me tend Dwight. C'est vraiment trop grand pour moi, mais en l'occurrence ce sera l'opposé d'un problème.
Pendant que j'attrape mes bottes et les enfilent, je ne manque pas de remarquer du coin de l'œil un échange de regards entre les deux garçons. À grands renforts de haussements et de froncements de sourcils, ils semblent partager certaines inquiétudes, d'autres beaucoup moins. Je deviendrais presque douée pour déchiffrer ce genre de discussions. Ou pas, d'ailleurs. Finalement, lorsque je me redresse, ils s'interrompent sur-le-champ, Josh beaucoup plus naturellement que Dwight, qui doit juste être né un piètre menteur. Je plisse les yeux et les regarde tour à tour, mais décide de laisser passer. Je suis qui, après tout ? Une fille qui cause plein de problèmes dans un environnement déjà pas si exempt de son taux de soucis. Et je ne sais même pas si je vais m'éterniser dans les parages, alors je ne vois pas pourquoi ils partageraient tout avec moi. Surtout quand je ne partage pas tout avec eux non plus…
— Après toi.
Josh fait un geste en direction du couloir et Dwight s'écarte, faisant déjà un pas vers le placard, avec un dernier regard à son ami.
Je m'avance dans le couloir jusqu'à l'entrée, mais je n'arrive pas à m'amener à poser la main sur la poignée. Josh, sur mes talons, me laisse hésiter un peu, puis passe le bras par-dessus mon épaule et entrouvre, me laissant le privilège d'ouvrir la porte moi-même. Il récolte un regard en biais lorsqu'il amène sa tête à côté de la mienne, mais son air tranquille me fait sortir de mon excès de fierté et lui rendre son sourire. J'ouvre la porte comme il est attendu de moi, et franchis le seuil sans même retenir mon souffle. En revanche, je m'arrête de l'autre côté, d'une part parce que je me rends compte que j'aurais parfaitement pu aller voir ce qui se passait dans le couloir plus tôt dans la journée – merci de m'avoir tenue informée – et d'autre part parce que je ne sais pas du tout où se trouve l'accès au toit. Sans me passer devant, Josh m'indique du geste de prendre à droite. Alors que je pousse une porte marquée d'une pancarte "roof access" et qu'on commence à gravir l'escalier métallique se trouvant derrière, Josh reprend soudain la parole.
— Je me souviens du jour où Dwight m'a tout raconté, commence-t-il.
Ça sort littéralement de nulle part.
— Et tu me dis ça maintenant parce que… ?
Je ralentis ma montée des marches pour pouvoir me retourner lorsque je lui parle.
— Parce que je me souviens que je n'ai pas vraiment eu de mal à comprendre, mais j'ai eu de grosses difficultés à tout… emboîter.
Je regarde devant moi.
— Et ?
Je ne reprends pas pour autant un rythme d'ascension plus rapide, parce qu'en me retournant, je me suis rendu compte qu'il grimaçait en se tenant les côtes.
— Et Dwight m'a emmené manger une pizza à Little Italy un soir où j'avais cours le lendemain.
New York/Cambridge, d'expérience, en bus, ça fait bien quatre heures de trajet. En avion, aucune idée, mais ça n'empêche qu'y aller pour la soirée et être revenu pour avoir une bonne nuit de sommeil, c'est certainement impossible. Du moins sans le petit raccourci que représente Dwight.
— Et ?
Je ne vois pas le rapport avec moi.
— Et alors il a tout emboîté. Je savais comment fonctionnait le monde réel, j'avais compris comment fonctionnait le monde irréel, mais je n'arrivais pas à allier les deux. Et puis Dwight m'a fait faire quelque chose d'à la fois ordinaire et extraordinaire.
C'est joliment dit, en tout cas.
— Je sais toujours pas pourquoi tu me racontes tout ça.
Ce n'est pas comme si je n'avais eu aucune expérience extraordinaire ou ordinaire aujourd'hui.
— Tu as passé la journée enfermée dans mon appartement. Tu as été témoin de pas mal de choses… ben…
S'il insiste pour toujours récapituler ce que je me dis dans ma tête avec ses propres mots, je vais finir par croire qu'il me prend pour une attardée.
— Bizarres, je complète pour lui, impatiente de savoir où il veut en venir, au final.
— Voilà. Mais, à part tes vêtements que Hannibal t'a ramenés (je lui ai dit que ce n'était pas correct, d'ailleurs) tu n'as pas été en contact avec quoi que ce soit dont tu as l'habitude.
Je fais la moue.
— Un appartement est assez habituel. Et tu as des fenêtres.
Je l'entends souffler, comme si je passais à côté de ce qu'il essayait d'expliquer. Je SUIS une relou de nature.
— Ce que je veux dire, c'est que tu n'as pas eu de véritable lien entre l'avant et l'après.
Je souris. Il ne pouvait pas commencer par ça ?
— Okay, et tu comptes en créer un comment ? Tu vas encore changer tes yeux de couleurs pendant qu'on sera sous la neige ? je propose, pas très convaincue par son idée.
Et moi qui pensais qu'il voulait juste me faire plaisir en m'emmenant dehors.
— Je peux mieux faire. Enfin… je crois.
Je me retourne une dernière fois vers lui, un sourcil arqué.
Nous sommes arrivés à la seconde porte encadrant les escaliers menant au toit. Du menton, Josh m'incite à l'ouvrir, sans rien ajouter à sa dernière réplique. Avec un plissement des yeux et un haussement d'épaules, je pousse la porte et par la même me retrouve dans le froid glacial d'un 8 Novembre dans le Massachusetts. En fait, on pourrait être n'importe où dans le Nord-Est des États-Unis, il y a des chances qu'on subisse exactement la même température, mais autant être précis quand on peut. Je resserre l'immense hoodie de Dwight autour de moi, rabattant même la capuche sur ma tête. Peut-être que j'aurais dû me changer, après tout. Coup de bol, il ne neige plus, et le vent est tombé. Le sol du toit est juste tapissé d'une épaisse couche de poudreuse immaculée, et le ciel est d'un blanc laiteux sombre.
Josh, qui m'a laissée prendre les devants, arrive enfin à ma hauteur. Stupidement, ça m'agace qu'il ne tremble même pas alors qu'il ne porte rien de plus que son T-shirt, même s'il doit probablement cet avantage à sa nature bizarroïde. Alors qu'il a le nez en l'air, comme moi à mon arrivée sur le toit, je m'étonne de penser ça de lui maintenant. Je veux dire, depuis le matin je sais qu'il est un Magnet ou peu importe comment ça s'appelle, pourtant c'est seulement à cet instant précis que ça me frappe. Il a l'air totalement normal. Quelque part, il est plutôt normal. Sauf que non. Il a raison, je ne dois pas faire le lien entre l'avant et l'après correctement. Comme s'il lisait dans mes pensées, il tourne la tête vers moi et me sourit. Je fais rouler mes yeux dans leur orbite et me détourne.
— Prête ?
Il rappelle mon attention à lui et je note qu'il me tend la main.
— Tu vas me pousser et me rattraper, c'est ça ?
Je fais quand même un pas vers lui. Il ne baisse pas le bras.
— Tu as souvent des idées de ce genre ?
Il secoue légèrement la tête, amusé, ses yeux parcourant discrètement mon visage.
— Oui.
Je rappelle ses yeux aux miens et, acceptant finalement son offre, je viens placer ma main dans la sienne.
Il referme ses doigts autour des miens, m'apportant un peu de chaleur bienvenue, sourit, puis ferme les yeux. Ensuite, il se met à respirer lentement et profondément. Si je ne savais pas mieux que ça, je penserais qu'il médite. Un petit pli sur son front confirme ma théorie. Près d'une minute passe, et je me sens un peu bête à ne pas bouger, mais en même temps je n'ose pas le déranger, quoi qu'il soit en train de faire. Je ne retourne même pas à mon observation du ciel. Il a l'air drôlement concentré. L'idée qu'il est en train de me faire quelque chose à moi m'effleure mais ne reste pas. Déjà, je crois que je le sentirais, d'une manière ou d'une autre. Et puis il ne ferait jamais ça. C'est une stupide certitude que je n'ai jamais eu à propos de plus de deux personnes. Il y a juste cette image de lui dans ma tête, penché au-dessus de moi, me demandant de lui faire confiance, me disant qu'il ne me laissera jamais mourir.
Alors que je baisse enfin les yeux, les autres souvenirs liés à ceux-ci, moins confortables, se frayant un chemin dans mon esprit, je sens Josh resserrer son emprise sur ma main. Je relève la tête pour le voir enfin rouvrir les paupières, un grand sourire aux lèvres. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre ce qui le rend si content. Ma mâchoire se décroche alors que je découvre un paysage que je n'ai jamais vu de ma vie. À vrai dire, je ne crois pas que qui que ce soit ait déjà observé ça avant nous deux. Pas à cette latitude. Un genre de grand rideau aux teintes verdâtres ondule dans le ciel, comme un serpent mystique démesuré, sans queue ni tête. Si je ne m'abuse, c'est ce qu'on appelle une aurore boréale. Sauf que ce sont des phénomènes qui ne se produisent normalement que vers les pôles, autant que je sache. Et même là-bas, ça reste assez rare, il me semble. J'ai le souffle coupé.
— Alors ? me demande Josh.
— Comment tu as fait ça ?
Je n'arrive pas à détacher mon regard de l'aurore, complètement bluffée.
— Les aurores polaires sont liées au champ magnétique terrestre, à la magnétosphère, tout ça. C'est mon rayon.
Son petit sourire fier s'entend dans sa voix.
— Rien que ça, je commente, n'arrivant pas à me sortir de ma stupéfaction.
— Le plus difficile a été de ne rien dérégler de grave.
Oui, bon, ça va, tu es super fort, on a compris.
— Évidemment !
Je parviens enfin à me tourner vers lui, pour un instant au moins.
— Content que ça te plaise. Je…
Il ne termine pas sa phrase.
— Quoi ? je l'encourage, yeux rivés sur le ciel.
— Non, rien.
Ma fascination commence à pouvoir être contenue.
Vraiment ? Il m'offre un panorama pareil et il ne va pas me dire ce qu'il a derrière la tête ? Ma main est toujours dans la sienne. J'ai passé la journée à être terrifiée. On ne dirait pas comme ça, parce que j'ai l'habitude de ne pas laisser transparaître ma peur, mais c'est la vérité. J'ai d'abord été terrorisée par l'idée d'avoir été inséminée par un alien sans pitié par simple contact, n'importe quand dans ces quelques derniers jours. Ensuite j'ai été transcendée par la proximité à laquelle je me suis trouvée de mourir. Puis j'ai été complètement épouvantée par la menace planante d'un univers entier à mes trousses pour avoir survécu. Et j'ai aussi successivement été tourmentée de diverses manières par deux tarées, chacune s'étant trouvée à ça près de littéralement m'éliminer, à sa propre façon. Et la seule chose qui m'a rassurée pendant tout ce temps, c'était Josh. Alors il n'a pas le droit de ne pas être à la hauteur, sur ce coup-là. Il ne me faut pas plus d'une seconde pour décider de l'embêter gentiment.
— Tu sais que je me souviens de tout ? je commence, sachant parfaitement où je vais.
— C'était là tout l'intérêt de te laisser me casser le bras, il me répond, pragmatique.
— L'épaule, je le corrige.
— Ou l'épaule, peu importe.
Sa désinvolture à propos de sa propre santé m'arrache un sourire.
— Ce que je veux dire, c'est que je me souviens vraiment bien, j'insiste.
— Désolé.
Il regarde ses pieds. Il ne pense pas à la même chose que moi.
— Pas moi.
Enfin, d'un côté, si, mais je n'ai pas commencé cette conversation dans l'optique de me plaindre. J'ai autre chose en tête.
— Ce n'était pourtant pas une promenade de santé.
Il l'a dit.
— Non, mais c'est pas à ça que je pensais.
Il va gâcher mon effet, à ne pas voir où je veux en venir…
— Quoi d'autre ? il demande, sincère.
— Au début, certains détails étaient un peu flous, mais là je crois que j'ai tous les éléments. Y compris les plus récents avant que je me réveille ce matin.
On se rapproche.
— Où veux-tu en venir ?
Trop près.
— Je me souviens de comment tu as fait pour me sauver.
Je vais réussir à l'y amener.
— Quel moment ? il interroge encore.
— Pas celui où j'ai été réveillée par une lumière rouge. Après ça.
En espérant qu'il ne me manque rien dans la chronologie des évènements.
— Tu as rapidement perdu conscience à nouveau, après ça, me fait-il remarquer.
Je crois qu'il commence à comprendre.
— Pas exactement, je lui avoue.
— Oh.
À la façon dont il rougit, il a compris. Je détourne la tête, pour cacher mon sourire.
— Tu dois être un grand chef en excuses, toi, non ? je lui demande, espiègle.
— Étonnamment, non.
Je lui soutire quand même un éclat de rire.
— T'as raison, c'est étonnant, je confirme, riant avec lui.
— D'un autre côté, en le cas présent, ce serait justifié, il reprend, embarrassé.
— T'es mignon, je lui dis.
— Tu trouves ?
Là, même sans le faire exprès, tu pousses ta chance, mon grand.
— Je ne répondrai pas à cette question.
Je précise qu'on ne se regarde toujours pas.
On reste un long moment immobiles, tête en l'air, à admirer son œuvre. Je ne l'aurais pas tellement dit artiste. Après tout, je l'ai rencontré dans le bâtiment de la physique je-ne-sais-plus-quoi, au MIT, et quand j'étais dans sa chambre ce matin, je n'ai pas manqué de remarquer l'étalage de bouquins scientifiques sur son bureau. Tout ça, c'est du Chinois, pour moi, mais il doit tout comprendre puisqu'il est suffisamment calé pour reproduire les causes d'une occurrence comme celle-ci. Et après une seule tentative, s'il vous plaît. Mais ça n'empêche qu'il a quand même pensé à le faire en premier lieu, ce qui prouve que, dans le fond, il est plutôt fleur bleue, en fait.
— On devrait rentrer. Il fait vraiment sombre, et ça ne va pas rester dans le ciel éternellement de toute façon, il dit tout à coup, après s'être éclaircit la gorge.
— Dommage…
Il grimace.
— J'aimerais autant éviter que les journaux en parlent demain matin.
C'est malin…
— Alors pourquoi avoir pris le risque de le faire au départ ? je lui demande, un sourcil levé.
Il commence par ouvrir puis refermer la bouche, sans rien dire, avant de répondre.
— Je fais beaucoup de choses sans en mesurer les conséquences, ces temps-ci, il finit par sortir, sur un ton lourd de sous-entendus, dont la majorité doivent m'échapper.
— Mais tu arrives quand même à gérer, je le rassure, gentille mais pas menteuse pour autant.
— J'essaye.
Il me sourit vaguement, puis me tire doucement mais sûrement vers la porte du toit.
— Je ne crois pas que je vais réussir à dormir cette nuit, je lui avoue en le suivant.
— J'aimerais pouvoir te dire que je vais veiller avec toi, mais je crois que tu vas pouvoir me rendre la courtoisie de me regarder dormir.
Il étouffe un bâillement sur la fin, comme si parler de sommeil lui rappelait à quel point il est fatigué.
J'éclate de rire et donne un coup de pied dans la neige, dans sa direction, même si ça ne l'atteint pas. Il fait mine de se protéger de sa main libre, puis secoue la tête et me raccompagne à l'intérieur, jusqu'au salon. Comme depuis le moment où il m'a sauvée la première fois, il fait passer mon bien-être avant le sien ; on a passé la nuit dernière dans la chambre puisque je dormais, mais on va passer cette nuit dans le salon parce que je ne vais pas dormir, même si lui si. Je ne connais qu'une seule autre personne sur Terre qui ferait ça pour moi. Et même venant de Clay, ça me dérange, alors je ne sais pas trop comment réagir au comportement de Josh.
Pendant très longtemps, je rencontrais tellement de monde tout le temps que je n'avais pas tellement l'occasion d'établir de vraies relations durables. Depuis presque un an, je rencontre rarement des gens nouveaux, et en général on ne s'entend pas super. Et là, Josh me tombe sur le coin de la tête, et on a cette connexion instantanée. Et je ne parle pas juste du fait qu'il prend et a pris plein de risques pour moi alors qu'il me connaissait et me connaît toujours à peine, pour ne pas dire pas du tout. Si je suis honnête avec moi-même, c'était déjà vrai quand il m'a surprise dans cette salle vide. Maintenant, ce que j'aimerais bien savoir, c'est si ça a uniquement à voir avec ce qu'il est et ma situation passée et actuelle, ou s'il y a autre chose. Et moi qui pensais déjà avoir des problèmes avant de le rencontrer…
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