2x11 - Sables mouvants (17/18) - Après l'effort
Debout devant la porte de chez Sam, adossée au mur du couloir, Iz attend son retour. Bien qu'il n'ait pas donné d'heure précise, il ne devrait plus tarder, maintenant. Ils n'étaient pas supposés se retrouver avant le lendemain matin, à la fois parce qu'ils n'ont plus 16 ans et aussi pour lui laisser le temps de revenir à la civilisation, mais elle s'est résignée au fait qu'il est exactement le soutien dont elle a besoin en cette fin de journée, voire carrément cette fin de semaine. Elle a voulu être adulte et lui laisser un message lui demandant si elle pourrait passer, ou même lui annonçant qu'elle allait le faire, avant de s'agacer elle-même de penser qu'elle est faible d'avoir besoin de quelqu'un. Qu'est-ce qu'elle cherche ? Qu'il refuse, la poussant à être indépendante et gérer ses malaises toute seule ? On est plus fort quand on s'ouvre, pas quand on se renferme.
Bientôt, l'inspecteur apparaît au bout du couloir, annoncé par le bruit de ses pas ainsi que ceux de son chien dans les escaliers. Il marque un temps d'arrêt en apercevant la visiteuse qui l'attend. Un large sourire étire ses lèvres alors qu'il la toise un instant en silence, ajustant son barda à son épaule. Il doit se sentir irrésistible qu'elle soit déjà là ce soir, comme si elle n'avait pas pu attendre le lendemain pour le retrouver. Aussi agacée soit-elle qu'il puisse penser ça, elle doit momentanément se détourner pour ne pas être trop déstabilisée par son expression. Peut-être qu'elle a toujours quelque part un peu 16 ans, après tout.
— Tu sais, quand tu as dit que tu avais hâte que je rentre à la maison, je pensais quand même que tu pourrais attendre que j'aie posé mon sac et pris une douche, il l'accueille avec son ton joueur le plus charmeur.
Sa voix et son expression lui feraient presque oublier les raisons de sa venue, si elles ne confirmaient pas ses présomptions sur ce qui lui est passé par la tête en la voyant là. D'ailleurs, elle ne se souvient pas d'avoir utilisé l'exacte même tournure de phrase que celle qu'il cite, à son départ.
— C'était bien ? elle choisit de commencer par demander, refusant de se laisser atteindre d'une manière comme de l'autre.
— C'était bien. Merci de m'avoir poussé à y aller, il répond avec un hochement de tête à la fois satisfait et reconnaissant, avant de reprendre son avancée à pas lents.
Il est parti à reculons. Les choses venaient à peine de se stabiliser, de surcroît sur un équilibre précaire. Mae n'était que sur le point d'accepter que ses amis lui rendent visite, et Patrick et Fred se tournaient encore un peu autour comme deux fauves qu'on aurait introduits dans la même cage. Quant à Al, Markus, et Caesar, ils donnaient plus l'impression de se maintenir occupés que d'être réellement dans leur élément. L'oncle voulait rester. Il aurait pu. Mais à quoi bon ? Qu'est-ce qu'il aurait été en position de faire quoi que ce soit pour aider ? Au milieu de la nature avec son chien, il avait pu se ressourcer, prendre du recul, et se rendre compte qu'il en avait besoin pour être pleinement opérationnel si son intervention venait à être à nouveau nécessaire. Il a pris la route presque à regret, et revient serein.
— Vous avez vu des ours ? poursuit Iz, sans perdre le ton des trivialités.
Elle se détache du mur auquel elle était adossée, pour l'attendre en se tenant droite. Elle se sent bête de poser cette question, mais elle ne peut pas s'en empêcher. Malgré elle, les multiples boutades de Randers et Insley sur ce sujet toute cette semaine n'ont fait qu'attiser ses craintes initiales, aussi irrationnelles elle les sache, et donc son besoin de les voir apaiser maintenant.
— Non. Mais on a vu des traces d'ours, pas vrai ? Et on est partis dans la direction opposée, comme demandé.
Sam prend Sing Sing à témoin pour la rassurer, alors qu'ils s'arrêtent enfin à sa hauteur, juste avant leur porte d'entrée. Le molosse laisse pendre sa langue rose et gluante dans ce qui est son équivalent d'un sourire, comme s'il comprenait de quoi il lui parlait.
— Par moi ? suppose la jeune femme, haussant un sourcil à la potentielle moquerie.
— Par les gardes forestiers, tous les panneaux qu'on a vus, et aussi le bon sens. Mais oui, aussi et surtout par toi, énumère le maître-chien, parvenant par miracle à la fois à railler ses peurs et les lui faire passer.
— Tu m'as manqué, elle avoue en toute sincérité à cette incroyable démonstration de sa répartie, même si elle lui fait lever les yeux au ciel.
Elle n'a pas envie de cacher ses vulnérabilités ce soir. Encore moins que d'habitude. Elle est venue pour du réconfort, et elle commence déjà à le trouver sans même l'avoir réclamé, alors elle n'a pas l'intention de l'arrêter en si bon chemin. La personnalité fanfaronne de Sam peut être quelque peu exaspérante, mais elle est aussi ce qui lui confère cette aura de sécurité. Et c'est bien ce sentiment dont elle est en quête à cet instant.
Attendri par cette honnête déclaration, Sam laisse glisser son sac de son bras jusqu'au sol, avec juste assez d'adresse pour qu'il n'atterrisse pas sur son chien, qui a d'ailleurs tellement confiance en sa technique qu'il ne bronche pas d'un millimètre. Puis, il attrape Iz par une hanche pour l'attirer à lui. Il pose son autre main sur sa joue pendant que leurs lèvres se rencontrent. Il sent les épines de pin et la terre, et lui, absolument et redoutablement lui. C'est exactement ce dont elle avait besoin. Ils s'oublient ensemble dans cette étreinte un petit moment avant de revenir à la réalité.
— Tu m'as manqué aussi. Et en parlant de ça, tu es au courant que tu as une clé et que tu n'avais pas besoin d'attendre devant ma porte comme un journaliste poisseux, n'est-ce pas ? il reprend ensuite sur le même ton taquin qu'au tout début de la conversation.
Il s'est écarté d'elle juste assez pour distinguer ses traits, mais sans retirer ses mains d'où elles sont, le bout de ses doigts caressant distraitement sa nuque. Elle sent son souffle contre le sien à chacun de ses mots, et doit lutter pour ne pas se laisser distraire. Elle baisse les yeux sur ses propres mains, posées sur son torse.
— Je suis inquiète à propos de Randers, elle arriver tout de même à confesser la raison première de sa venue.
Si elle l'avait attendu à l'intérieur, elle aurait eu plus de mal à engager la conversation. Or, elle préfère que le sujet soit abordé avant leurs retrouvailles qu'après. Attendre ici était stratégique de sa part.
— Inquiète comment ?
Sam redevient immédiatement sérieux à cette mention, bien que toujours sans se détacher d'elle. Il peut sentir la tension dans ses épaules se dissiper à ses mots. Elle est soulagée de ne pas l'avoir vexé en n'étant pas là uniquement pour lui, mais il ne se demande même pas pourquoi elle est rassurée ; tout ce qui compte, c'est qu'elle le soit. Peu importent les raisons de ses angoisses, il est toujours heureux de pouvoir participer à les chasser, même s'il ne sait pas ce qu'il a fait pour y parvenir. Et en dehors du fait que c'est son instinct premier, il lui doit bien ça, avec le roc qu'elle a été pour lui depuis le début. Elle l'a non seulement soutenu lorsqu'Alek a été blessé, Caesar s'est ouvert le bras, Randers s'est fait tirer dessus, et Mae s'est fait enlever, et sur ce dernier point y compris quand elle a commencé à comprendre qu'il ne lui disait sans doute pas tout, mais même avant tout ça, elle a toujours été d'une indulgence de reine avec lui. Il a hautement conscience de ne pas la mériter, et s'efforce chaque jour de combler cette lacune.
— Il est allé voir O'Michaels, elle annonce sans entrer dans les détails, certaine que ça suffira à faire comprendre son malaise.
— Quand ? enchaîne Sam, de plus en plus sombre.
Cette nouvelle a encore moins de raisons de lui faire plaisir qu'à elle. Elle est en deçà de la vérité en ce qui concerne la complexité du conflit entre son ancien équipier et le tueur en série. Patrick ne voulait vraiment rien avoir à faire avec Kayle après avoir donné son aval pour son retour, et n'avait qu'une hâte, c'est qu'il soit remis dans sa boîte. Obtenir de l'envoyer en prison au lieu qu'il simule sa mort n'a été qu'une maigre consolation pour lui, et ça n'a pas suffi à lui apporter la tranquillité d'esprit nécessaire pour qu'il soit suffisamment à l'aise pour aller lui rendre visite. En tous cas, c'est l'impression que l'oncle avait à l'issue de l'exécution de leur subterfuge, et ça n'avait pas changé ni l'air en voie de le faire avant qu'il parte camper, 4 jours plus tard. Qu'est-ce qui s'était donc passé en son absence ?
— Ce Lundi, Iz répond à sa question, factuelle.
— J'étais même pas parti depuis trois jours… grommelle le maître-chien après un court calcul mental, basculant la tête en arrière dans son exaspération.
Ne peut-on réellement jamais laisser personne sans surveillance, en ce bas monde ?
— À sa décharge, il y est allé dans le cadre de son enquête. Il avait une bonne raison, et ça va peut-être même mener quelque part, justifie la profileuse, relevant les yeux vers son interlocuteur.
Ce n'est pas son intention de planter l'inspecteur. Si quoi que ce soit, elle est fière de lui, pas en colère. Son explication pour son passage à Crest Hill tout comme son comportement pendant et ensuite ont été exemplaires. Ce qui la dérange, c'est justement qu'ils l'ont peut-être été un peu trop.
— Mais tu t'inquiètes, se permet de souligner Sam, pour qui ce qu'elle est en train de lui raconter devient contradictoire.
— En fait… Je ne sais pas si c'est pour lui que je m'inquiète, ou pour moi-même, elle revient sur sa déclaration première.
Son expression se crispe dans un mélange d'embarras et d'indécision, ce qui pousse Sam encore un peu plus loin dans sa perplexité.
— Comment ça ? il l'incite à élaborer.
Il fronce les sourcils d'incompréhension, sans le moindre jugement ni dans sa voix ni dans son expression. Elle et Patrick comptent tous les deux pour lui, et clairement, ils sont tous les deux affectés par l'affaire Eugène. Il traitera le cas de Randers en temps voulu, dans l'immédiat, c'est elle, qu'il a en face de lui.
— Il est bien. Il va bien, vraiment. J'ai vu avec lui. Et je l'ai assuré que j'aurais pu l'accompagner s'il en avait eu besoin, ou même y aller à sa place s'il avait fallu. Sauf qu'après coup, je me suis rendue compte que je n'en aurais sans doute pas été capable, la psycho-psychiatre raconte la prise de conscience qui a fini par la pousser à venir ici ce soir.
C'est idiot. C'est égoïste, même. Elle veut s'occuper d'un de ses inspecteurs, et elle finit par être plus affolée par son propre cas. Lamentable. Elle n'est même pas fichue de ne pas tout ramener à elle.
— Alors quoi ? Tu ne te sens pas prête pour faire à nouveau face à un cinglé. Ça arrive. Il n'y a pas de honte, tranche Sam avec trop de spontanéité pour ne pas être sincère, sapant l'exigence qu'elle a envers elle-même.
Il a de nombreux exemples en tête d'officiers s'étant retirés d'affaires à cause d'un ressentiment trop grand envers le coupable. Au contraire, c'est une preuve de maturité que de savoir quand se mettre en retrait.
— Randers m'a littéralement dit en avoir assez vu d'O'Michaels pour toute sa vie, et il est quand même allé le voir, sans broncher, Iz insiste sur le caractère incohérent du comportement de Patrick.
Il l'a prise au dépourvu, et elle a donc du mal à l'accepter. Elle est d'ordinaire plus perceptive que ça. Ou en tous cas, elle arrive mieux à anticiper l'évolution de l'état d'esprit de ses patients. Elle ne s'attendait vraiment pas à ce que l'inspecteur soit capable de faire ce qu'il a fait, après tout ce qui lui est arrivé dans cette affaire et les réactions qu'il y a eues. Ça n'est pas logique, à ses yeux. Elle n'arrive pas à emboîter les pièces du puzzle, et ça la met mal à l'aise.
— C'est pas une compétition, se permet de lui rappeler l'oncle.
Et même si ça l'était, elle et Pat ne seraient de toute manière pas dans la même catégorie. Il a plus d'expérience qu'elle, notamment du terrain. Contrairement à elle, lorsqu'il doit faire face à des monstres qu'il hait pour ce qu'ils ont fait, ça se passe le plus souvent en dehors d'une salle d'interrogatoire ou d'un parloir de prison. Il a aussi l'avantage d'être entraîné à gérer une confrontation physique éventuelle. Alors forcément, qu'il est plus téméraire qu'elle sur ce plan.
— Je sais ! Le problème n'est pas là. Et si je ratais un truc ? S'il n'allait pas bien du tout et que je ne le voyais pas parce que je n'arrive déjà pas à analyser mon propre ressenti ? elle le détrompe sur sa compréhension de ce qui l'embête, même si celle-ci était plutôt partielle qu'entièrement fausse.
C'est un raisonnement un peu circulaire, qu'il faut avoir, pour la suivre. Que Patrick s'en sorte aussi bien lui a fait se rendre compte à quel point elle ne s'en tire pas à aussi bon compte, ce qui dans un second temps lui rend l'état de l'inspecteur suspect, ce qui l'amène finalement à penser que peut-être elle n'a pas tout compris de ce qui s'est passé, potentiellement parce que justement elle n'est pas dans son assiette. C'est à en avoir le tournis !
— Respire, Sam conseille presque instantanément, écarquillant les yeux à l'énervement qu'il voit monter chez la jeune femme entre ses bras.
— Très drôle… elle grogne, ne se sentant pas prise au sérieux.
— Je ne plaisante pas. Respire. Tout va bien se passer. Si tu remets en doute ton jugement, alors demande à quelqu'un d'autre d'en donner un. Ce n'est pas sorcier.
Il reste absolument maître de la situation, tranquille. Elle plisse les yeux à cet élan de sagacité inhabituel de sa part.
— Vraiment ? Je t'envoie dans les bois pendant une semaine et tu reviens maître zen ? elle grommelle de plus belle.
Son calme est à la fois rassurant et frustrant. Elle tourne en boucle depuis des heures, à monter dans les tours sans arriver à en redescendre, et lui, il débarque avec son chien et son sourire, et tout va tout à coup beaucoup mieux. C'est horripilant de facilité.
— Oh, je suis désolé, je pensais avoir compris que tu avais besoin de soutien. Je peux te faire paniquer plus, si tu veux, il raille devant ce rejet de son aide.
— Non, ce ne sera pas nécessaire, je n'ai pas besoin d'aide pour ça. Mais c'est gentil de proposer, elle répond sur le même ton du sarcasme, pouffant, à la fois à son trait d'humour et à sa propre irritabilité.
— Si ça peut te rassurer, je verrai avec Pat, pour confirmer qu'il est bel et bien solide, il reprend plus sérieusement.
Elle ne réagirait pas de cette façon si elle n'avait pas été vraiment perturbée. Elle ne serait pas venue là ce soir, en fait. Elle ne met pas un point d'honneur particulier à feindre le détachement, elle n'a jamais honte de montrer son affection, mais elle n'est pas collante du tout pour autant. Elle n'abuse jamais de sa présence pour combler un quelconque besoin de validation. S'ils n'avaient pas prévu de se voir avant demain c'était justement pour chacun avoir un peu de temps pour soi, comme il en faut parfois. Elle n'aurait pas empiété sur ce moment d'isolement sans raison valable.
— Merci. Tu es sans doute celui qui le connaît le mieux, après tout, elle accepte sa suggestion avec la gratitude qui lui est due.
Patrick est son coéquipier de longue date et en plus de ça son ami depuis à peu près aussi longtemps, il est donc normal qu'il se soucie de son sort. Mais il pourrait aussi vouloir rester encore un peu sur son petit nuage de retour de congé. Il n'était pas obligé de se porter volontaire sur-le-champ.
— J'ai aussi un peu d'expérience sur cette affaire, ça ne devrait pas faire de mal, il ajoute comme argument logique à sa démarche.
— Je pensais en avoir aussi ! On a beaucoup parlé, après la fusillade. Je pensais qu'on avait fait des progrès ensemble, elle s'exclame, ce point la ramenant malheureusement à se sentir inadéquate à son job.
— Ça a été le cas ! Et il se souvient forcément de ça. S'il est effectivement pas bien, ce dont rappelons-le on n'est pas encore sûrs, alors il saura venir te voir. Il sait que tu es de bon conseil, son amant revient à la charge pour lui faire passer ses insécurités.
Il sait pourquoi rien ne paraît avoir de sens, pour elle, dans cette histoire. C'est normal, puisqu'il lui manque des éléments. Il avait osé espérer que rien n'éveillerait ses soupçons, mais il ne devrait pas être surpris que ses déformations professionnelles la rattrapent. Même s'il n'a pas à s'inquiéter qu'elle découvre le pot aux roses véritable, puisque son seul indice est un comportement légèrement contre-intuitif de la part d'un inspecteur somme toute traumatisé et auquel on peut donc faire grâce de certaines incohérences, Sam n'est pas ravi qu'elle soit dérangée malgré tout. Il déteste que sa tranquillité d'esprit fasse partie des dommages collatéraux de son succès dans sa protection de sa famille.
— Tu as probablement raison, elle cède, fermant les yeux et s'ébrouant, pour achever de chasser ses doutes de son esprit.
— Et tu es supposée aller voir qui, toi, quand c'est ton tour de ne pas aller bien ? il se permet de demander, curieux et cherchant à détendre l'atmosphère.
— Oh, je pensais que c'était évident… elle répond après avoir rouvert les paupières, le toisant d'un air mutin, s'accordant rapidement à son humeur.
— T'entends ça, Sing ? Je suis réduit à un vulgaire outil thérapeutique, il prend le Rottweiler à leurs pieds à témoin pour la seconde fois.
L'avoir eu pour seule véritable compagnie pendant des jours a renforcé cette habitude. Cette fois, la langue pendante du molosse donne cependant l'impression qu'il se moque de lui plutôt qu'il prend son parti.
— Si tu te sens objectifié, je peux m'en aller, propose Iz en commençant à esquisser un mouvement pour se détacher de lui.
— N'essaye même pas…
Il la retient aussi bien par la parole que par le geste, amenant ses deux mains autour de sa taille pour l'empêcher de se débiner. Elle se laisse attirer à lui sans résistance, ayant obtenu l'effet escompté par cette menace en l'air. Elle vient croiser ses poignets derrière sa nuque tout en pinçant les lèvres pour ne pas éclater de rire. Elle aime comment il la fait se sentir. Elle apprécie que, même après avoir réussi à se construire et s'accepter seule, se définir et fonctionner en autosuffisance, en passant outre le regard des autres et se détachant du besoin infantile de leur approbation, il la fasse justement se sentir vue, acceptée, et désirée. Il lui apporte quelque chose dont elle n'a pas besoin et qu'elle ne cherche même pas. Ce n'est que du bonus, et quelque part peut-être une partie du bonheur.
Sam, quant à lui, n'a plus vraiment eu personne qui l'attende quand il rentre depuis qu'il a quitté le domicile parental. Il n'est que très exceptionnellement sans son chien, et pour le reste, il est toujours celui qui se déplace. L'accord généralement établi est qu'il passe quand il veut. S'il donne signe de vie, c'est bien, s'il ne le fait pas, ce n'est pas plus grave. Et cette forme d'indépendance lui a toujours très bien convenu. Il ne s'est jamais lamenté de sa situation, jamais senti seul ou même seulement délaissé. Au contraire, il se sait entouré sans se sentir étouffé. C'est parfait pour lui. Et tout aurait pu laisser présager une certaine claustrophobie de sa part à l'idée qu'on se repose sur lui aussi explicitement, au-delà d'apprécier d'avoir de ses nouvelles, d'espérer en recevoir. Pourtant, non. Certes, Iz aurait pu attendre jusqu'au lendemain, et elle n'est pas venue expressément pour ça, mais elle se soucie activement de lui quand même. Et c'est agréable.
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