Peur du Vide
À quelques lieues de ma colonie, il y a un canyon. On m'a toujours dit de ne pas m'en approcher. J'ai souvent trouvé ça étrange de nous en parler si on ne voulait pas qu'on s'y rende. Ce n'est pas sur le chemin de quoi que ce soit, on ne pourrait pas s'y retrouver par hasard. D'autant qu'on vit probablement sur un plateau, donc il pourrait y en avoir dans toutes les directions, de ce genre de précipice. Au début, j'ai obéi. Et puis un jour, j'en ai eu marre d'écouter, alors j'y suis allé.
Je n'avais rien de mieux à faire, alors j'ai galopé tout droit dans la direction déconseillée. Le vent dans les yeux, le bruit de mes sabots sur la terre ; je ne connais pas un centaure qui n'apprécie pas ces sensations. Et je ne fais pas exception.
Soudain, je freine des quatre fers. Le gouffre est là, devant moi. On n'avait pas menti sur son caractère un peu traître, car rien dans le paysage ne m'avait indiqué son arrivée. Avec précaution, je m'approche du bord, et constate que si j'avais glissé, c'était la mort assurée. Je ne distingue même pas le fond en contrebas. Quelque chose m'échappe néanmoins, car aussi surprenant ce relief soit-il, on aurait tout à fait pu y construire un solide garde-fou, et ainsi éviter toute chute malencontreuse sans avoir à semer la terreur dans le cœur des enfants.
C'est à ce moment-là que je remarque une silhouette, au bord de la falaise d'en face, de l'autre côté de la large gorge. Une silhouette avec deux jambes seulement…
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Alors ? Ça vous a plu ?