Malédiction
Elle a choisi un sort. La voisine du numéro 4 a choisi un sort. Enfin, quelqu'un a choisi un sort ! Elle n'avait plus de friandises, alors elle a répondu ça en riant. Mais c'est pas grave, ça compte quand même.
Aussitôt cette réponse obtenue, la petite bande d'apprentis sorciers s'est précipitée dans les bois au Nord de leur quartier. Après les avoir regardés partir en souriant, leur voisine éteint sa citrouille illuminée, mais c'est trop tard, les dés sont jetés.
Leur récolte de sucreries à l'épaule, le reste de leur tournée complètement oubliée, les enfants arrivent vite à leur clairière habituelle. Là-bas, tandis que certains se débarrassent des accessoires de leur costume les plus encombrants, les autres commencent déjà à discuter du tour qu'ils vont jouer à cette pauvre dame. Les idées fusent, nourries par l'innocence et la créativité de leur tranche d'âge. Une pluie de crapauds ? Une boucle infinie entre sa porte de devant et sa porte de derrière ? La disparition de son reflet dans les miroirs ? Quoi qu'ils choisissent, ça ne pourra durer qu'une journée, alors autant que ce soit mémorable.
Bientôt, un consensus est atteint, et la ronde approximative qu'ils avaient naturellement formée se mue peu à peu en un cercle d'incantation à proprement parler. Les murmures cessent, et à leur place, les petites voix s'élèvent haut et fort, dans un unisson parfait. Ce chant ne vient pas d'un grimoire ou d'un ancêtre. Personne ne le leur a appris. C'est leur volonté pure, la voie ouverte par le consentement de leur victime, qui porte la mélodie. Et lorsqu'ils ont fini, le sort de la voisine du numéro 4 est scellé : demain, elle devra faire sans gravité.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Alors ? Ça vous a plu ?