La lumière au bout du tunnel

— Dites donc, vous n'auriez pas une lampe ? interroge Augustin au bout d'un moment.

Il fait très sombre, ici. Et froid, aussi. Il pense également être proche de l'eau, d'après le léger clapotis qu'il a l'impression d'entendre autour de lui. Autour d'eux, d'ailleurs, à la présence qu'il sent à ses côtés.

— J'ai bien une lanterne… marmonne son compagnon qu'il ne distingue pas.

— Et pourquoi vous ne l'avez pas allumée ? Vous avez peur d'attirer les moustiques ? On n'y voit rien, c'est angoissant !

— C'est normal de ne rien y voir : il n'y a justement rien à voir.

— Est-ce que vous auriez s'il vous plaît l'obligeance d'allumer votre lanterne ? insiste Augustin.

Le bruit d'une allumette qu'on frotte contre une surface rugueuse retentit, puis la lueur d'une toute petite flamme verte perce enfin l'obscurité. Malheureusement, elle n'éclaire pas beaucoup plus loin que les quatre faces vitrées de la lanterne qui l'abrite. Augustin est donc un peu déçu, en dépit de ce nouveau point de repère.

— Merci quand même.

— Pourquoi vous dites ça ? Qu'est-ce qui ne va pas avec ma lanterne ?

— Bah… Elle n'éclaire pas trop, en fait.

— Il faut me le dire ! Je suis censé faire comment, pour voir ça, sinon ?

En prononçant ces mots, l'inconnu approche son visage de la flamme verte. Augustin se pâme alors en découvrant qu'il s'agit d'un crâne, avec une bouche sans lèvres et des orbites sans yeux. Habitué à cette réaction, le Faucheur hausse les épaules puis, du bout des phalanges, il éteint à nouveau sa lanterne. Même s'il se réveille, son passager ne la réclamera sans doute plus.

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