Écharpée belle
Opportunité. C'est tout ce que j'ai pensé lorsque j'ai commencé à utiliser mon écharpe pour me défendre de mon agresseur. J'ai fait avec ce que j'avais. Je ne sais même pas ce qu'il me voulait. La bourse ou la vie, voire pire. Je n'ai pas cherché à savoir. Non pas que j'en aurais eu le temps. Pas sans justement lui céder ce qu'il mettait si peu de manières à essayer de me prendre, alors, j'ai fait avec les moyens du bord. Et en cette saison, c'est tombé sur mon écharpe.
C'est drôle qu'un objet qui m'apporte tant de douceur et de chaleur, que je ne prêterais instinctivement qu'à une connaissance intime, ne serait-ce que parce qu'il porte mon odeur, peut soudain devenir une arme redoutable. Plus que le choc de l'agression, la désacralisation de ce que je ne pensais jamais considérer comme autre chose qu'une source de réconfort me restera, amère. Quelqu'un s'est donné du mal pour la confectionner, cette écharpe. Et ensuite, quelqu'un qui m'est cher l'a choisie parmi d'autres. Et depuis que je l'ai reçue, il m'est souvent arrivé d'en caresser l'étoffe lorsqu'elle était à portée de main, pour m'imprégner de toutes ces ondes positives qu'elle renferme.
Mais c'est fini, maintenant. Maintenant, cette écharpe est à tout jamais une arme du crime, scellée dans un sac en plastique dans un local de la Police. Personne n'en tirera plus jamais aucune consolation. Ce n'est sans doute pas mon appréciation pour les bandes de tissu isolantes que feu ce malfrat voulait m'ôter, et pourtant, c'est tout ce qu'il a accompli. Ça, et faire de moi une tueuse.
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