Corrida

Lorsqu'elle ouvre la porte, son mari surgit juste derrière, lui barrant la route.

— Hey ! Bon retour à la maison, chérie ! Tu veux entendre une histoire drôle ?

— Er… Si tu veux.

Il se tient ostensiblement devant elle, comme pour conserver son attention.

— Tu connais ce tour avec une nappe ?

— Quel tour ?

— Celui avec une table, toute décorée, avec de la vaisselle et tout, et un type se la joue toréador et tire un grand coup dessus pour s'en servir comme du genre de grand drapeau qu'ils ont pour attirer le taureau ?

— Tu sais que je ne cautionne pas la tauromachie.

— Moi non plus, évidemment, mais là c'est pour l'image ; aucun animal n'est mis en danger. Pense plutôt à un numéro de tango effréné dans un grand restaurant, si tu préfères.

— D'accord. En admettant que je voies de quoi tu parles, pourquoi est-ce que tu m'en parles, justement ?

Elle le toise avec un sourcil haussé, tandis qu'il semble toujours chercher à lui faire obstacle de son corps.

— Parce que je crois qu'il est important d'en apprendre un peu plus chaque jour.

— Je te rappelle que tu étais parti sur une histoire drôle, à la base.

— Oui, absolument ! Parce que je suis convaincu que savoir rire de tout est l'une de tes grandes qualités. Et je pense aussi qu'il vaut mieux rire que pleurer. Je ne sais plus dans quel magazine j'ai lu ça, mais c'était un truc sérieux, pas une feuille de chou.

— Qu'est-ce que tu as fait ? elle lui demande enfin.

— Bah… J'ai appris que je ne pourrai pas t'impressionner ce soir avec ce fameux tour avec une nappe.

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