Bienvenue au club

Rien dans les yeux, rien dans le cœur, rien dans la cervelle. Juste des corps qui s'agitent. On n'observe ici aucun rythme, ni aucune chorégraphie, juste une horde mouvante de zombies. Tête en arrière, les paupières la plupart du temps closes, ils secouent leurs mains en l'air, donnant à leurs bras levés l'apparence d'algues dans une mer houleuse. Pourtant, la sueur qui recouvre leur peau est la seule trace d'eau aux alentours. Aussi perdus semblent-ils, et malgré les petits sauts auxquels certains s'évertuent de temps à autre, c'est bel et bien sur terre qu'ils évoluent.

Ils ne vont nulle part, ou en tous cas pas vraiment où que ce soit. Ils ne se déplacent qu'au sein du groupe qu'ils forment déjà, et encore, au hasard, presque sans s'en rendre compte. Serrés comme des hareng-saures, ils se frottent les uns contre les autres, jouent des coudes, se poussent et même se bousculent, mais jamais ne s'en formalisent, jamais n'interagissent réellement. La musique, qui empêcherait de toute manière toute conversation s'ils étaient seulement capables d'en avoir une, ne paraît pas parvenir à leurs oreilles. Avec une exposition aussi longue à un tel volume, ils sont probablement déjà sourds. Quant aux lumières clignotantes qu'on leur inflige, elles les laissent tout autant indifférents. Ils ne sont pas plongés dans le noir que parce qu'il fait nuit.

Heureusement, leur condition n'est pas contagieuse. C'est plutôt une maladie orpheline, qui se déclare au hasard. Il n'y a hélas pas de remède, uniquement le répit offert par le lever du Soleil. Car le jour venu, ils paraissent revivre, revenir au monde des vivants. Mais chaque nuit, ils redeviennent des zombies.

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