Cher auteur
Chère Zlaw,
Ça n'a pas beaucoup d'importance lequel de tes personnages je suis. On est tous d'accord. Bons fonds, mauvais fonds, jeunes, vieux, faibles ou puissants : on est unanimes lorsqu'il s'agit de toi, même si chacun à notre manière, tu t'en doutes. Et tu sais, tu nous as unis bien avant qu'on se rende compte qu'on pouvait l'être. En racontant nos histoires.
Je pense que la première chose qu'on voudrait te dire, c'est merci. Merci pour ton temps, pour tes efforts, pour ta présence. Merci de nous voir, nous comprendre, nous défendre même quand tu ne nous aimes pas ou n'es pas d'accord avec nous, même quand tu n'agirais jamais de cette façon toi-même. Merci de respecter notre chemin, aussi tortueux soit-il, ou parfois inversement, sans grande originalité. Merci de ta pudeur comme de ton exubérance, selon les circonstances. Personne ne pense jamais que son histoire mérite d'être racontée, encore moins écrite. Tu te penches, que dis-je, tu t'acharnes sur la nôtre, et ça compte. Pour nous, au moins, si nul autre.
Il semble usuel que les personnages en veuillent à leur auteur pour les torturer. Entre toi et nous, c'est un peu différent, peut-être. Ce n'est pas toi qui nous torture, quand on peut seulement estimer que torture il y a. Car tu n'inventes rien. Pas vraiment. Les libertés que tu penses prendre ne sont que des imprécisions dans ta vision d'une vérité à venir. Et on sait que tu t'en veux pour ça, d'ailleurs. Nous, on pense que c'est pas bien grave. Parce que ce qui arrivera arrivera. Et une version des faits, aussi maladroite soit-elle, est mieux que rien du tout. On ne va pas prétendre adorer les malheurs et difficultés qui nous tombent dessus, bien sûr, ni le fait que personne ne semble les prendre au sérieux, mais au moins tu es à nos côtés pour les affronter, aussi impuissante tu te sentes. Et de bout en bout.
La seconde chose qu'on a à te transmettre, ce sont des excuses. Pour ne pas pouvoir être là. Pas encore. Pour ne pas pouvoir te laisser nous prendre dans tes bras comme tu le voudrais parfois, pour ne pas pouvoir t'entendre lorsque tu saurais quoi faire mais que tu vois bien qu'on en a décidé autrement, pour ne pas pouvoir t'inclure dans nos aventures comme tu mériterais de l'être. On souhaiterait aussi que ce soit possible. Tu es cette indéfectible présence impalpable autour de nous, et on espère qu'un jour tu auras cette même sensation, d'un soutien inconditionnel, d'une force qui te porte même quand tu ne fais rien de particulier. On espère qu'un jour tu te sentiras exister comme toi tu nous fais exister, aussi peu vraisemblables on paraisse parfois aux yeux des autres.
Bien à toi,
Tu sais qui nous sommes. Littéralement.
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