1x01 - Capitaine Nemo (17/17) - C'est cadeau
Assis sur le bord de son lit, Caesar regarde le cadeau que lui a fait Jack.
La chambre du grand brun présente une structure similaire à celle de sa petite sœur, et lui fait d'ailleurs face dans le couloir du premier étage de leur maison, comme on peut l'entrevoir par la porte ouverte. La différence majeure, en dehors peut-être de la localisation du dressing — derrière le mur opposé au lit et non derrière sa tête —, réside dans l'aspect rangé de l'endroit. Autant sa frangine a couvert les murs de photos et d'images, et entrepose un nombre incalculable de petites peluches et de babioles variées sur ses étagères, autant chez lui tout est organisé avec soin, et la qualité semble primer sur la quantité. Tout est à sa place, et les couleurs presque froides choisies pour habiller l'endroit parachèvent la création d'une atmosphère de tranquillité.
Le calme est bientôt brisé par la benjamine, visiblement en provenance de l'étage inférieur, qui surgit à la porte, même si elle n'ose pas entrer sans permission. Agrippée d'une main à l'encadrement, l'autre passée derrière sa nuque, sous sa queue de cheval, Mae sourit doucement à son plus jeune aîné, qui l'invite du menton à entrer.
Sans plus d'hésitation, la petite blonde bondit dans la pièce et vient rejoindre Caesar sur son lit, s'asseyant elle en tailleur, pratiquement en plein milieu des couvertures. L'autre la regarde par-dessus son épaule, amusé, puis referme discrètement l'objet qu'il tient dans sa main avant de prendre la parole.
— Alors, ce nouveau prof de Maths ? J'ai vu le mot sur le tableau d'affichage, il s'enquiert, souriant à son tour.
Il lui a aussi été donné de suivre les cours de Mrs. Hemmerson, comme leur aîné à tous les deux d'ailleurs, et il est curieux d'en entendre plus sur la chance dont bénéficie sa sœur d'en être épargnée.
— Bah… Il est différent de ce à quoi on s'attendait, commence la blondinette en hochant la tête et plissant les yeux, cherchant ses mots, triturant la couture inférieure de son pull.
— C'est-à-dire ?
— Il est… mignon. Très mignon, même, elle finit par avouer avant d'éclater de rire et rougir légèrement.
— Mignon ?
Caes n'en revient pas vraiment. Prof de Maths et mignon ne devraient jamais se retrouver dans une même phrase sans un nombre impair de tournures négatives.
— Il porte un costume, elle annonce d'un air entendu.
— Ouh, dur, compatit Caesar à la difficulté pourtant relative de la situation de sa petite sœur.
Le caractère seyant d'un costume sur un homme n'est plus à prouver. Et puisqu'aucun autre enseignant de l'établissement ne s'astreint à ce degré d'élégance, ce n'est pas comme si cette qualité pouvait passer inaperçue. Et personne n'a besoin d'être distrait par l'apparence de son prof en cours, tout particulièrement de Mathématiques.
— Bizarrement, pas tant que ça. Il est hyper fort. Genre, plus qu'Hemmerson. Il avait même pas de support. Et j'ai jamais vu que tout le monde comprenne aussi bien,expose cependant Mae à grand renfort de gestes et d'expressions faciales abstraites.
Mrs. Hemmerson a beau avoir une réputation de mégère, et la mériter amplement pour sa sévérité, il est vrai qu'elle a conservé sa position dans l'établissement grâce à la qualité de son enseignement. Si quelqu'un la surpasse, c'est effectivement impressionnant.
— Mais il a quel âge ? demande l'adolescent.
— J'en sais rien. La trentaine, grand max.
— Impressionnant.
Il a d'abord pensé que faire cours à des Premières sans support n'était pas exactement un exploit. Mais ce serait tout de même plus convainquant si l'enseignant en question avait au moins une petite décennie de plus.
— Ouais ! confirme la jeune fille, hochant vivement la tête.
C'est à ce moment-là qu'elle remarque que Caesar tient quelque chose. Très curieuse, pour ne pas dire trop, elle se penche par-dessus l'épaule de son frère et s'empresse de l'interroger.
— C'est quoi, ça ?
— Jack m'a fait un cadeau.
Il déplie ses phalanges pour dévoiler la montre, posée sur sa paume. Les yeux et la bouche de Mae s'arrondissent.
— Sérieux ? Je peux voir ?
Il lève un peu sa main pour laisser Mae prendre l'objet, ce qu'elle fait avec précaution.
— C'est vachement beau, elle finit par conclure après l'avoir examiné pendant un instant, le retournant précautionneusement entre ses doigts.
— Je trouve aussi, confirme l'adolescent avec un hochement de tête.
Jack est plein de surprises. Ce qui, paradoxalement, ne devrait plus surprendre personne.
— Pourquoi "The Day" ? C'est parce que c'est une montre ? demande ensuite Mae, ayant accidentellement appuyé sur le bouton d'ouverture, et découvert l'inscription intérieure.
— Non. Enfin, pas que, je pense. C'est une de ses stupides blagues avec mon prénom. Entre autres, explique Caes, non sans un haussement de sourcil, atterré aussi bien par l'humour que l'ingéniosité de son ami.
— Quel rapport ? ne comprend pas Mae, fronçant alors les sourcils.
— Seize The Day[1]… il prononce, l'homophonie s'expliquant d'elle-même.
L'invitation est d'autant plus appropriée quand on connaît son aigreur vis-à-vis de son anniversaire.
— Ah ! Malin, apprécie l'adolescente en souriant, avant de rendre son cadeau à son frère.
— M'en parle pas, il en a d'autres.
Il récupère la montre et la replace dans sa boîte qu'il avait posée à côté de lui, avant de se lever pour aller remettre l'ensemble sur sa table de chevet.
— Hey, t'as pas faim ? lui demande alors subitement sa cadette.
Un éclat de rire échappe au jeune homme.
— On a connu plus subtil pour attirer quelqu'un jusqu'à sa fête d'anniversaire 'surprise', Mae.
Il se retourne vers elle en croisant les bras et penchant la tête sur le côté. Elle se lève à son tour et se dirige vers la sortie.
— Je vois vraiment pas de quoi tu parles.
Sur ces mots, bonne actrice, elle disparaît dans le couloir, et Caesar l'entend dévaler les escaliers jusqu'à la salle à manger, où il sait que son père et son frère ont déjà tout préparé. C'est bien pour ça qu'il a pris un soin particulier à rester dans sa chambre depuis son retour du lycée, d'ailleurs. Même si célébrer les anniversaires en famille n'était pas une tradition, son oncle aurait de toute façon vendu la mèche en lui disant à plus tard en les déposant ce matin. L'inspecteur ne devrait d'ailleurs plus tarder, ce qui est sans doute la raison pour laquelle Mae est venue le chercher maintenant.
Secouant la tête, l'adolescent accroche un sourire à sa face, puis descend à son tour les marches, rejoignant sa famille réunie en bas, pour souffler 18 bougies et manger un gâteau à la noix de coco.
[1] Seize the day = carpe diem. (Caes est homophone de Seize.)
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